Le programme national de protection des oiseaux sauvages
La nature du continent européen est protégée par deux actes normatifs fondamentaux: la Directive Oiseaux et la Directive Habitats qui couvrent le réseau des aires protégées Natura 2000. Par le traité d’adhésion à l’UE, la Roumanie a assumé elle aussi des obligations relatives à la préservation de la biodiversité. Le pays dénombre actuellement 381 sites Natura 2000 qui s’étalent sur près de 42.000 km carrés.
România Internațional, 25.10.2013, 13:38
Quant aux oiseaux, la Roumanie recense plus de 400 espèces dont une trentaine vivant dans le Delta du Danube. Nombre d’entre elles présentent de l’intérêt à l’échelle européenne. Afin de savoir avec précision quelle est la situation de ces espèces, un projet de gestion et de suivi a récemment été lancé. Il servira de base à l’élaboration du premier rapport national qui prenne en compte la Directive Oiseaux.
Ce rapport devrait être soumis à la Commission européenne avant la fin de 2013. Il comportera des données sur les 270 espèces vivant dans les Etats de l’Europe communautaire, c’est-à-dire les espèces qui y nichent, celles qui y hivernent ou les oiseaux de passage. Tous les 6 ans, les pays fournissent les données relatives à ces oiseaux. En Roumanie, qui en est à son premier rapport de ce type, les oiseaux d’intérêt communautaire sont protégés grâce aux 148 sites aquatiques et faunistiques du réseau Natura 2000.
Ciprian Fântână, directeur de la conservation à la Société Ornithologique roumaine: « Nous devons rapporter des chiffres notamment pour chacune des 270 espèces et pour chaque étape de vie de l’espèce concernée. Il faut donc dresser des fiches très précises qui rendent compte du statut de chaque espèce, par exemple si c’est une espèce nicheuse ou si elle fait partie des populations venues du nord du continent rien que pour hiverner ici. Ensuite, nous sommes tenus d’indiquer la taille de la population respective. Seulement voilà, pour que les chiffres soient exacts, il faudrait procéder à des recensements, ce qui, à quelques exceptions près, est presque impossible dans le cas des volatiles. Il existe pourtant des méthodes très rigoureuses qui aident à faire ces estimations. Comme certains Etats n’ont pas encore mis en place ces méthodes, ils s’en tiennent aux chiffres préexistants. Enfin, ce n’est pas très grave si l’on ne détient pas les informations requises sur telle ou telle espèce. L’important c’est de faire quand même des pas en avant. Tous les pays de l’UE se trouvent justement à ce stade, y compris des Etats à riche tradition ornithologique, comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni, qui n’ont toujours pas réussi à fournir toutes les informations requises ».
Florian Udrea, directeur de la Direction pour la Protection de la nature au ministère de l’Environnement et des changements climatiques, soulignait que les études menées jusqu’ici avaient comporté des informations erronées, en ce sens que certaines espèces d’oiseaux ne se retrouvaient pas dans ces statistiques là où ils auraient dû figurer. Voilà pourquoi ce projet aidera à une meilleure connaissance de l’état des populations d’oiseaux sauvages et à l’amélioration des activités de gestion, de suivi et de conservation. Florian Udrea: « Les conclusions de certaines études relèvent que certaines espèces de faune et de flore figurent à des chapitres autres que ceux dans lesquels nous étions habitués à les retrouver et que, sur le terrain, la réalité est parfois loin des formulaires type. Il est de notre devoir de sortir de cette erreur. Notre direction s’efforce de rentrer dans la normalité. C’est justement ce que fait ce projet, en nous offrant une base de données accessible à tout le monde. Il n’est pas normal de ne pas retrouver une espèce sur un site, alors qu’elle est mentionnée dans le formulaire standard. Bref, la Commission européenne nous oblige à protéger une espèce qui n’est pas retrouvable là où elle devrait l’être ».
Selon le responsable du ministère roumain de l’Environnement, la biodiversité est en mouvement permanent, les facteurs qui exercent une influence positive ou négative étant générés par les gens. Le développement économique incontrôlé, les activités touristiques, la chasse, la sylviculture non réglementés ont déjà eu un impact négatif sur ces espèces. Ciprian Fântână: « Il y a les exemples classiques, tels la grande outarde qui a disparu. On recense encore quelques noyaux dans la Plaine de l’Ouest, en provenance de Hongrie, notamment pendant l’hiver, lorsqu’on peut les observer près de la frontière. Il y a ensuite l’aigle impérial qui était jadis une espèce qui nichait, ce qui n’est plus le cas de nos jours – aucun nid n’a été trouvé depuis une cinquantaine d’années; en plus, en Roumanie on remarque notamment des oiseaux jeunes et pas des adultes qui pourraient nicher. A noter toutefois les espèces qui étaient en déclin mais qui ont commencé petit à petit à se remettre. Parmi elles: le cormoran de vieillot dont le nombre est à la hausse, bien que ce soit une espèce menacée, puis, le fuligule nyroca. S’y ajoute l’aigle pomarin qui est en quelque sorte une espèce stable, ou encore le faucon sacré qui est en déclin ».
Le projet, financé par l’UE à travers le programme opérationnel sectoriel d’environnement, aboutira à la parution d’un Atlas des oiseaux de Roumanie, avec des informations sur les espèces et des cartes qui rendent compte de leur distribution, des couloirs de migration, des zones de nichage, des Aires de protection spéciale avifaunistique ou encore des aspects liés au suivi. Et c’est toujours dans le cadre de ce projet qu’on va créer une boîte à outils pour suivre des espèces d’oiseaux d’intérêt communautaire et organiser deux conférences nationales consacrées à la communauté scientifique, aux ONGs, et aux autorités publiques chargées de la protection de l’environnement. (trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop)