Le prix pour le développement durable décerné au Géoparc du Pays de Haţeg
Le Géoparc du Pays de Haţeg, situé dans
la dépression homonyme, à l’ouest de la Roumanie, et né de l’initiative de
l’Université de Bucarest, s’est retrouvé mis à l’honneur, cette année, à
l’occasion du Gala pour le développement durable, organisé par le gouvernement
roumain. Dans sa motivation, le jury met en avant le fait que « la notion
d’équité dérive de l’idée que la justice est la vertu première d’une société,
ce qui se traduit par ce principe moral fondamental, qui veut que les droits de
tout un chacun soient respectés. Il s’agit d’une série de valeurs dont l’on
note l’égalité, la justice, l’humanisme, l’accès équitable aux ressources et
aux opportunités et, surtout, la coopération loyale. En ce sens, le projet du Géoparc
des dinosaures du Pays de Haţeg représente un modèle pour le vaste domaine régi
par le principe d’équité. » soulignaient-ils. C’est le Pr Alexandru
Andrășanu, de la Faculté de géologie et paléontologie de l’Université de
Bucarest, qui eut l’honneur de recevoir la prestigieuse distinction, au nom du
collectif d’initiative du géoparc. Mais le concept même de géoparc est la
traduction dans les faits du principe d’équité à travers le développement
durable, principe que le professeur Andrășanu, devenu directeur du parc, est le
premier à le défendre.
Eugen Coroianu, 25.12.2020, 11:44
Le Géoparc du Pays de Haţeg, situé dans
la dépression homonyme, à l’ouest de la Roumanie, et né de l’initiative de
l’Université de Bucarest, s’est retrouvé mis à l’honneur, cette année, à
l’occasion du Gala pour le développement durable, organisé par le gouvernement
roumain. Dans sa motivation, le jury met en avant le fait que « la notion
d’équité dérive de l’idée que la justice est la vertu première d’une société,
ce qui se traduit par ce principe moral fondamental, qui veut que les droits de
tout un chacun soient respectés. Il s’agit d’une série de valeurs dont l’on
note l’égalité, la justice, l’humanisme, l’accès équitable aux ressources et
aux opportunités et, surtout, la coopération loyale. En ce sens, le projet du Géoparc
des dinosaures du Pays de Haţeg représente un modèle pour le vaste domaine régi
par le principe d’équité. » soulignaient-ils. C’est le Pr Alexandru
Andrășanu, de la Faculté de géologie et paléontologie de l’Université de
Bucarest, qui eut l’honneur de recevoir la prestigieuse distinction, au nom du
collectif d’initiative du géoparc. Mais le concept même de géoparc est la
traduction dans les faits du principe d’équité à travers le développement
durable, principe que le professeur Andrășanu, devenu directeur du parc, est le
premier à le défendre.
Alexandru
Andrășanu : « Le géoparc reprend les éléments caractéristiques du
territoire sur lequel il a été établi, des éléments de nature géologique,
culturelle, naturelle. Et puis, en partenariat avec les communautés locales, il
vient de proposer une stratégie qui vise la conservation, le développement, la
promotion touristique et la construction de l’image de marque de ce territoire
de développement durable. De ce fait, alors que les Géoparcs suivent les mêmes
principes, chacun est unique, étant donné les éléments d’identité locale qu’il
met en avant, grâce à la vision de l’équipe, à ses initiatives, aux éléments de
créativité implicite à la création d’un géoparc. Pour ce qui est du géoparc du
Pays de Haţeg, nous sommes partis des résultats des recherches menées sur les
ossements des dinosaures découverts dans la région, qui ont souffert de ce que
l’on appelle le nanisme insulaire, soit une diminution importante de leur
taille, rendue possible par leur évolution en vase clos durant des millions
d’années. Cette caractéristique des ossements des dinosaures découverts au Pays
de Haţeg a rendu célèbre la région dans le monde entier. Mais la région peut se
targuer de compter bien d’autres éléments naturels exceptionnels, en sus d’une
communauté locale bien typée, aux traditions qui remontent à deux mille ans, au
moins ».
Et, en effet, pour qu’un territoire
puisse obtenir le statut de géoparc international labellisé UNESCO, son modèle
de développement économique doit respecter et protéger l’environnement, offrant
par ailleurs des opportunités équitables à tous ses habitants. Le projet du
géoparc du Pays de Haţeg, partie du programme international de l’UNESCO pour
les géosciences et les géoparcs, réunissant 161 territoires de 44 pays,
s’enorgueillit d’avoir poursuivi, dès le départ, l’ensemble des objectifs de
développement durable inscrits dans la stratégie de la Roumanie, sous
l’appellation Agenda 2030. Installé dans une région riche d’un patrimoine
naturel et culturel hors du commun, le géoparc propose un voyage à travers 4,6
milliards d’années d’évolution, présentant un indéniable intérêt écologique,
archéologique, historique et culturel. Le géoparc du Pays de Haţeg nous fait
découvrir de nombreux types de roches, des minéraux, des variétés fossiles, alors
que des phénomènes géologiques sont présents, sans oublier la flore et la faune
sauvages, ou encore les sites historiques et culturels, les grottes naturelles
et l’architecture traditionnelle de la région. Mais le clou du projet demeure
ces dinosaures nains, uniques au monde, par leur évolution spécifique en vase
clos, ce qui a déterminé la réduction accentuée de leur taille. A l’importance
scientifique et à l’unicité de cette découverte s’ajoute la présence de sites
de ponte similaires à ceux observés dans le sud de la France, autour d’Aix – en Provence,
où l’on a découvert la présence d’ossements d’embryons et de juvénilesjuste éclos associés à ces nids. Le
géoparc est un espace à la fois éducatif et de découverte, qui se prête à
merveille au tourisme, mais également à l’éducation des jeunes générations,
celles qui devront reprendre le flambeau de la préservation des richesses
naturelles et culturelles de la région.
De quelle manière
met-on en valeur la dimension éducative du projet du géoparc ? Alexandru
Andrășanu :« Tout d’abord par des actions éducatives
censées promouvoir et conserver le patrimoine local. L’année précédente, nous
avons lancé un nouveau concept, intitulé « découvre ! aime !
respecte ! ». Nous convions les touristes, mais également les
habitants du pays à découvrir le patrimoine de la région, y compris son
patrimoine vivant. Car le géoparc est situé à son tour au milieu d’un parc
naturel, qui doit être conservé de la meilleure manière qu’il soit. Nous avons
développé le partenariat qui nous lie au Parc national Retezat et au Parc
naturel Grădiștea Muncelului Cioclovina, une destination bien connue des
amateurs de l’éco-tourisme. Nous avons donc à cœur de promouvoir le respect de
la nature ».
Les géoparcs visent une clientèle
friande de découvertes, à la recherche de la qualité, et soucieuse de ce que
les retombées engrangées par le tourisme qu’elle pratique profitent au
développement durable des communautés locales. Un voyage à travers le réseau
des géoparcs représente une aventure censée dévoiler des secrets enfouis depuis
des millions d’années, pour nous plonger dans un temps où le relief,
l’agencement des continents et des océans, était entièrement différent de ce
que l’on connaît de nos jours. Le réseau mondial des géoparcs est considéré par
beaucoup comme les territoires de l’UNESCO du 21e siècle, les Etats
étant, chacun, le dépositaire d’un petit fragment de l’extraordinaire histoire
de la terre. Ces géoparcs ont la vocation, selon l’organisation mondiale, de
transmettre aux générations futures ce qu’elle appelle la « mémoire de la
terre ». En nous plongeant dans le passé, les géoparcs nous offrent les
outils pour affronter l’avenir, au-dessus duquel plane la menace du changement
climatique. Ce sont eux qui ont vocation à nous faire prendre conscience de
l’importance de préserver cet inestimable patrimoine matériel et immatériel de
l’humanité. (Trad. : Ionuţ Jugureanu)