Le potentiel éolien de la Roumanie
Le potentiel éolien terrestre de la Roumanie équivaut à deux fois les besoins actuels en énergie du pays, nous assurent les spécialistes.
Eugen Coroianu, 29.12.2023, 12:31
Le potentiel éolien terrestre de
la Roumanie équivaut à deux fois les besoins actuels en énergie du pays, nous assurent
les spécialistes.
Cinq départements des 41 que comptent la Roumanie seraient en
mesure de fournir jusqu’à 123 TWh (terrawatt-heure), nous assure à son tour Ioana
Csatlos, directrice-générale d’EfdeN, une ONG spécialisée dans la régénération
urbaine et l’efficacité énergétique. D’ailleurs le mix énergétique qu’utilise
la Roumanie pour assurer ses besoins actuels fait état d’un rapport assez équilibré
entre les différentes sources d’énergie, l’hydro-électrique se taillant la part
du lion avec 32%, suivie du nucléaire qui occupe 20% du fromage des sources d’énergie,
les hydrocarbures 17%, le charbon 15%, l’éolien 13%, le solaire 2%, enfin la
biomasse 1%. Les données, fournies par la société Transelectrica, indiquent
néanmoins la part encore considérable qu’occupent les sources d’énergies
fossiles, à 32% du total.
Un objectif ambitieux pour 2023
Mais l’éolien a pour ainsi dire le vent en poupe, la
Roumanie poursuivant l’objectif d’en faire la première source d’énergie à l’horizon
2030, élevant sa part dans le mix global d’énergie nationale jusqu’à 54%. Objectif
ambitieux sans doute, dont la mise en œuvre appellera les spécialistes à devoir
prendre en considération non seulement l’identification des meilleurs sites
pour la mise sur pied de nouvelles fermes éoliennes, mais encore les
limitations imposées à ce type de projet par l’existence éventuelle des aires
naturelles protégées, l’emplacement des zones résidentielles et les plans actuels
d’aménagement du territoire, enfin la facilité d’accès au réseau existant. Une
récente étude publiée au mois d’octobre dernier par l’Institut autrichien de
technologie Austrian Institute of Technology avait évalué l’ensemble de ces
critères.
Ioana Csatlos : « L’idée de base consiste à pouvoir décider de l’emplacement
d’une ferme éolienne sans impacter le milieu naturel. Et pour cela, il nous
faut prendre en considération trois éléments : tout d’abord le cadre légal,
qui doit être prédictible et transparent, car les investisseurs potentiels, nationaux
ou internationaux, y ont droit. Il faut ensuite prendre soin de protéger la
biodiversité. Il faut donc impliquer des experts, dans la réalisation de l’étude
d’impact. Prendre, par exemple, soin de contourner les couloirs de migration
des oiseaux, leurs zones de nidification. Impliquer, enfin, les communautés
locales. Car c’est bien ces communautés qui peuvent évaluerau mieux l’impact potentiellement
nuisible de ces projets, leur empreinte sonore ou visuelle, mais aussi les
bénéfices, économiques ou sociaux potentiels. Et puis, en impliquant les
communautés locales, l’on s’assure que les gens comprennent mieux de quoi il
retourne. Il faut donc se mettre autour de la table pour identifier des solutions
durables, qui mettent à notre profit les prouesses technologiques actuelles,
sans porter préjudice de quelque nature que ce soit à l’avenir des générations futures ».
5 départements de Roumanie dotés d’un potentiel éolien particulièrement intéressant.
Lorsque l’on parle du
potentiel éolien, deux éléments sont à prendre en considération : la force
et surtout la régularité des vents qui ne doivent être ni trop forts, ni trop
faibles, ce dernier élément étant mesuré par le nombre d’heures de
fonctionnement à pleine charge du système par an. Aussi, en prenant en considération
ces éléments, tout comme les précautions d’usage relatives à la protection de
la biodiversité, les couloirs de migration, les aires naturelles protégées et les
contraintes en matière d’agriculture régénérative, l’étude réalisée par les
spécialistes autrichiens a identifié 5 départements de Roumanie dotés d’un
potentiel éolien particulièrement intéressant.
Ioana Csaltlos insiste sur le fait que les simulations réalisées mettent en
évidence une baisse conséquente du prix de l’énergie obtenue de l’éolien.
Par ailleurs, le potentiel de l’éolien marin dont dispose
la Roumanie en mer Noire est encore plus intéressant. Le gouvernement de
Bucarest a d’ailleurs récemment promu devant le parlement un projet de loi censée
règlementer l’exploitation de l’énergie éolienne marine.
« L’adoption d’un cadre législatif censé réglementer
l’exploitation des ressources éoliennes marines constitue un pas important afin
d’assurer l’indépendance et la résilience énergétique du pays, l’apparition de
cette législation étant d’ailleurs prévue par le plan national de relance et de
résilience », précise le ministère de l’Energie dans un communiqué.
Selon les données de la Banque mondiale, la Roumanie
disposerait d’un potentiel éolien marin de 76 GW. Aussi, en légiférant dans ce domaine, notre pays avance dans la
voie de la transition énergétique et raffermit son statut de leader régional
dans le domaine de l’énergie. Selon Sebastian Burduja, ministre de l’Energie, les
spécialistes de son ministère qui ont concocté le projet de cette loi se sont consultés
au préalable avec des spécialistes européens et américains, ces derniers par l’intermédiaire
du Département d’Etat des Etats-Unis, dans le contexte où l’exploitation de l’éolien
marin roumain appellera à des investissements qui vont s’élever à plusieurs
milliards d’euros.
(Trad. Ionut Jugureanu)