Le plan énergétique et du changement climatique de la Roumanie critiqué par la Commission européenne
Récemment, la Commission européenne avait rendu à la Roumanie son analyse du plan à dix ans proposé par cette dernière en matière énergétique et de changement climatique, portant sur la décade 2021-2030. Sans surprise, la Commission identifie plusieurs points faibles du plan, et en fait des recommandations. Le document analysé est en effet censé détailler la manière dont la Roumanie compte agir dans le domaine énergétique, pendant la prochaine décade, dans le contexte du changement climatique. Bruxelles critique le manque d’ambition du plan roumain, dont les objectifs se retrouvent bien souvent en-dessous des recommandations européennes en la matière, tout cela en dépit de certaines avancées concédées par rapport à la période précédente.
Eugen Coroianu, 27.11.2020, 10:35
Récemment, la Commission européenne avait rendu à la Roumanie son analyse du plan à dix ans proposé par cette dernière en matière énergétique et de changement climatique, portant sur la décade 2021-2030. Sans surprise, la Commission identifie plusieurs points faibles du plan, et en fait des recommandations. Le document analysé est en effet censé détailler la manière dont la Roumanie compte agir dans le domaine énergétique, pendant la prochaine décade, dans le contexte du changement climatique. Bruxelles critique le manque d’ambition du plan roumain, dont les objectifs se retrouvent bien souvent en-dessous des recommandations européennes en la matière, tout cela en dépit de certaines avancées concédées par rapport à la période précédente.
Aussi, pour ce qui est de l’énergie renouvelable, la Commission accuse le manque d’ambitions du plan roumain, qui ne laisse qu’une part de 30,7% à ce type d’énergie dans le mix énergétique de la Roumanie de 2030, alors que, selon les calculs, notre pays pourrait monter jusqu’à 34% la part de cette ressource. Par ailleurs, le plan préparé par le gouvernement roumain semble manquer de clarté, car il omet de préciser la part de l’énergie verte dans les différents domaines, tels les transports, le chauffage ou la consommation d’électricité. Vlad Cătună, responsable des campagnes climat et énergie de Greenpeace Roumanie, explique : « La stratégie énergétique et climatique de la Roumanie fait encore la part belle aux combustibles fossiles et à l’énergie nucléaire plutôt qu’à l’énergie verte, et tout cela dans le contexte où l’Europe, et le monde dans son ensemble, sont confrontés aux effets du changement climatique. Et là je ne parle pas seulement de la fonte des glaciers et de l’augmentation du niveau des mers, mais aussi des effets que nous commençons à ressentir également chez nous, en Roumanie. Voyez l’asséchement soudain des lacs Nuntași et Iezer, voyez la désertification rampante du sud de la région d’Olténie, ou encore les tempêtes et les pluies diluviennes, suivies par de longues périodes de sécheresse. En 2020, la Roumanie a été confrontée à des périodes de sécheresse parmi les plus sévères de son histoire. Et dans ce contexte, en voyant justement tous ces effets, la Roumanie aurait dû mettre sur la table un plan ambitieux, qui fasse la part belle à l’énergie renouvelable. Or, que voit-on ? Au moment même où l’on parle, le mix énergétique de la Roumanie repose toujours principalement sur le charbon, et nos projets énergétiques d’avenir font de l’exploitation des réserves de gaz de la mer Noire la priorité numéro 1. Là, on a un problème. »
La transition énergétique, le passage à l’énergie verte n’est certes pas un processus aisé, cela demande de la volonté et des investissements conséquents. L’économie verte n’est pas donnée, cela on le savait déjà, ne serait-ce qu’en comparant le prix des produits bio avec le prix de leurs homologues, obtenus de manière industrielle. Mais le grand avantage de la Roumanie est que l’Union européenne est disposée à financer cette transition énergétique, et que le pays a un bon potentiel, grâce à sa position géographique. Vlad Cătună précise à cet égard: « Nous disposons d’un potentiel insoupçonné en termes d’énergie éolienne, y compris de ce que l’on appelle l’éolien en mer Noire, puis d’un potentiel énorme aussi pour ce qui est de l’énergie solaire dans la partie sud du pays. Certes, pour exploiter ce potentiel, il faut des investissements conséquents, mais la Commission, par l’intermédiaire du Pacte vert européen, met sur la table des fonds importants pour réaliser cette transition énergétique. Notre souhait c’est de pouvoir passer directement de l’énergie fossile à l’énergie verte. Parce que si l’on envisageait une période de transition, qui mette l’accent sur le gaz par exemple, cela serait bien plus laborieux et, au fond, plus coûteux. Nous avons encore le temps de réaliser cette transition énergétique vertueuse, nous disposons du potentiel nécessaire en matière d’énergies renouvelables, ainsi que des fonds de la Commission européenne. Ignorer ces atouts serait un gâchis. »
Quant au chapitre de l’efficience énergétique, la Commission européenne reconnaît et salue les efforts dernièrement consentis par la Roumanie, qui compte contribuer de manière bien plus substantielle aux efforts communautaires, pour atteindre l’objectif que l’Europe s’est donné pour 2030. Malgré tout, la Commission relève que les objectifs du plan roumain en termes de consommation d’énergie primaire et de consommation globale d’énergie demeurent plutôt modestes. Parmi les bons points relevés par la Commission notons toutefois les ambitions roumaines en matière d’accroissement de l’efficacité énergétique des bâtiments, avec un taux annoncé de 3 à 4% de réhabilitation thermique. La Commission salue également les plans de réhabilitation des centrales thermiques communautaires, ou encore la promotion annoncée de l’agriculture bio et la diminution de l’utilisation des phosphates, tous deux des éléments repris de l’Accord vert européen pour l’agriculture. Mais le plan roumain demeure déficitaire en matière de surveillance de la qualité de l’air, et il semble manquer de faire le lien entre les sources de pollution et l’évolution de la qualité de l’air. Pour conclure toutefois sur une note optimiste, Vlad Cătună pense que le plan proposé par les autorités roumaines devrait subir des améliorations, surtout dans le contexte où la nouvelle loi européenne sur le climat devrait imposer des objectifs encore plus ambitieux. Or, après l’entrée en vigueur de cette loi, les autorités roumaines n’auront d’autres choix que de s’y plier, en accélérant de la sorte la transition énergétique vers l’utilisation de l’énergie verte, et en délaissant du coup l’usage de l’énergie fossile. (Trad. Ionuţ Jugureanu)