Le parc naturel « Les Monts du Maramureş »
Le voyageur de passage dans l’extrême nord de la Roumanie, plus exactement au Maramureş, reste impressionné par la beauté des parages et par l’hospitalité de leurs habitants. Les gens de la région sont d’excellents artisans du bois. Les églises entièrement en bois et les portails sculptés sont de véritables symboles de la contrée. Au-delà des villages s’étendent des montagnes, des forêts et des eaux, une nature sauvage que les gens savent protéger.
România Internațional, 27.12.2013, 11:43
Le Parc Naturel « Les Monts du Maramureş » a été créé en 2004 et son but est de protéger la biodiversité de la zone. Ce parc s’étend sur 133.354 hectares, dont les réserves occupent 19.000. Le Parc compte 11 types d’habitats. 24% des espèces de la flore spontanée de Roumanie se retrouvent ici. La faune y est également très riche. Les spécialistes de l’Union internationale pour la conservation de la nature ont récemment identifié 137 zones de 34 pays qui devraient bénéficier d’une attention spéciale, puisque ce sont des zones irremplaçables. Le Parc naturel « Les Monts du Maramureş » figure sur cette liste.
Ce site protégé est entre autres l’habitat du Microtus Tatricus. Cătălina Bogdan, directrice de l’administration du parc nous explique : « Microtus est un petit mammifère rongeur originaire des monts Tatra. Il habite les zones de montagne, préférant les endroits rocheux et humides et les forêts de conifères. C’est une espèce européenne très rare. Sur le continent, les populations isolées sont endémiques. Ce petit animal est à retrouver en Slovaquie, Pologne, Ukraine et Roumanie. Sur le territoire de notre pays ont été recensés quelque 500 exemplaires, répandus au Maramureş, plus exactement dans le Massif de Rodna, le long de la rivière Mara ainsi qu’en Moldavie, dans l’est du pays, dans les comtés de Suceava et de Botoşani.
Une autre espèce qui fait notre fierté est le huchon, aussi appelé saumon du Danube. C’est un salmonidé d’eau douce vivant dans les rivières profondes de montagne, dont le courant est très fort. Le huchon est spécifique du bassin du Danube, où il a été réintroduit, tout comme dans les bassins d’autres rivières d’Europe, au moment où les populations de cette espèce ont commencé à diminuer. Chez nous, des populations sauvages sont à rencontrer dans les eaux des rivières Tissa, Vişeu et Ruscova. C’est une espèce extrêmement précieuse, actuellement périclitée et c’est d’ailleurs une des espèces en fonction desquelles le parc a été délimité. Enfin, une autre espèce emblématique pour notre zone géographique est le Tétras lyre. En Roumanie, la population de Tétras lyre est estimée à 60-80 couples d’oiseaux. La présence de cette espèce a mené à la création de la réserve de faune de Cornu Nedeii — Ciungii Bălăsânii. »
Les villages à population ukrainienne ou roumaine répandus sur le territoire du Parc contribuent à la conservation aussi bien de la biodiversité de cette réserve que des arts traditionnels et des coutumes : « Nous avons des communautés qui ont bien conservé les arts traditionnels. Vişeul de Jos est une commune à population majoritaire roumaine où il existe encore des fermes traditionnelles et les personnes âgées portent toujours les beaux costumes traditionnels de la région. Là, on retrouve encore des moulins à eau et des installations traditionnelles pour produire la « horinca », une eau de vie à forte concentration d’alcool, spécifique de la région. De nombreux artisans qui travaillent le bois, des tisserands, des forgerons y font encore leur métier. Et c’est toujours là, dans la zone de Vişeul Ruscova que se trouve le principal centre de pelleterie de la région. On y travaille toujours des vestes traditionnelles en cuir, ornées de broderies polychromes. »
L’une des raisons qui expliquent l’excellente conservation du patrimoine naturel de la région est peut-être le nombre réduit de trajets touristiques. Le village de Repedea est connu pour sa clairière aux narcisses, qui fleurissent au mois de mai. La réserve se trouve à une certaine altitude, ce qui la rend plutôt difficile d’accès. Aussi, peu de touristes s’aventurent-ils sur ces hauteurs pour visiter cette clairière unique. L’edelweiss est lui aussi protégé par le fait d’être isolé du monde. Déclaré monument de la nature en 1933 déjà, cette fleur rare est protégée par la loi. Elle est d’ailleurs difficile de la cueillir, car elle s’est réfugiée sur les crêtes, sur les pans rocheux ou des crevasses inaccessibles.
Par contre, la vallée de la rivière Vaser, qui traverse les Monts du Maramureş et qui est une des plus belles des Carpates Orientales, est recherchée par de nombreux touristes. La rivière Vaser, dont le cours mesure 60 km, forme une vallée spectaculaire, pareille à un canyon, parsemée de pentes rocheuses et de forêts épaisses, de clairières et de sources d’eau minérale. L’infrastructure touristique de cette zone a été améliorée, ces derniers temps : 11 trajets touristiques ont été balisés et le nombre de pensions a augmenté, notamment dans la zone des localités de Borşa et de Vişeu.
Le Maramureş demeure donc une destination idéale pour tous ceux qui souhaitent passer les fêtes d’hiver dans un petit village tranquille, devant un poêle où brûle un feu de bois. Cătălina Bogdan: « J’ai maintes fois entendu les touristes affirmer que les vacances passées dans cette région sont comme un retour dans le temps. Les traditions et coutumes spécifiques des fêtes d’hivers y sont vivantes. Par exemple, à Poienile de sub Munte, qui est la plus grande commune à population majoritaire ukrainienne du comté, le cantique le plus connu compte près de 50 couplets et il raconte la vie de Jésus-Christ. Les hommes le chantent toujours, accompagnés au violon.
Dans la commune de Bistra, la veille de Noël, on prend le souper à la lumière des bougies. Ce sont des plats de carême. On prépare 12 plats différents, symbolisant les 12 apôtres et on jette des graines de haricot aux 4 coins de la chambre, pour que la moisson soit riche pendant la nouvelle année. Nous avons aussi d’autres coutumes, par exemple celle censée révéler qui se mariera pendant la nouvelle année. La nuit de la Saint Sylvestre, les jeunes hommes et les jeunes filles se réunissent dans une maison — établie d’avance — et préparent des boulettes de farine de blé, cuites à l’eau, qu’ils rangent sur une table. Ensuite, on fait entrer dans la chambre un chat affamé et on le laisse manger. La personne dont l’animal mangera la boulette va se marier pendant la nouvelle année. »
Chaque année, de nombreux touristes de Roumanie et de l’étranger choisissent de passer les fêtes d’hiver au Maramureş, une contrée qui enchante et éblouit par tout ce qu’elle offre à ses visiteurs. (trad. : Dominique)