Le Parc naturel de Comana
România Internațional, 26.04.2019, 19:40
Le Parc naturel de Comana est une aire
protégée d’intérêt national située à une quarantaine de kilomètres de la
capitale, Bucarest, dans le département de Giurgiu. Site Ramsar, occupant une
superficie de plus de 25.000
hectares et faisant partie du réseau européen Natura
2000, il abrite une biodiversité tout à fait remarquable. En effet, plus de 8
mille hectares sont recouverts de forêts de chêne, de tilleul, d’orme et
d’acacia, où foisonne une faune variée, dont faisans et biches, sangliers, lièvres
ou encore de sympathiques renards.
Trois aires protégées distinctes se
retrouvent dans le Parc naturel: la réserve du fragon, celle de la pivoine
voyageuse et, enfin, le delta du Neajlov, la rivière qui donne vie à toute la
région. Valentin Grigore, le directeur du Parc de Comana, nous apporte des
détails: « Ceux qui arriveront
cette année aux alentours du 1er mai trouveront les pivoines
voyageuses en pleine période de floraison. Habituellement cette période ne
débute que pendant la 2e semaine du mois de mai, mais cette année, à
cause d’un hiver un peu plus doux qu’à l’accoutumée et du printemps qui a
commencé plus tôt, nous sommes un peu en avance. La réserve du fragon est
encore autre chose. Il s’agit d’une plante méditerranéenne, avec de beaux
fruits rouges, et qui demeure verte toute l’année, y compris pendant la saison
froide. Et puis le parc naturel compte encore des champs recouverts de
marguerites communes et, surtout, de crocus moesiacus, une plante pérenne aux
fleurs jaunes ».
Le delta de Comana, qui s’étend sur 1.200 hectares,
compte pour la 3e étendue humide du pays en termes de richesse de la
biodiversité, après la Petite Ile de Brăila et le delta du Danube, selon le
même Valentin Grigore: « Nous avons identifié 141 espèces
d’oiseaux, dont 78 espèces protégées. Il s’agit donc d’un petit trésor situé
aux portes de Bucarest. Par ailleurs, le delta de Comana compte certaines
espèces endémiques de poissons, tels le petit tsigane de Comana et le chevaine
de Comana, que l’on ne trouve que dans cette zone. N’oublions pas les dix
espèces différentes de batraciens, les lézards, la tortue aquatique. Ou encore
la population de chacals qui, si elle n’est pas protégée à proprement parler,
est en train de s’étendre du fait de l’extinction du loup. Le printemps est
aussi la saison du retour des oiseaux migrateurs, dont les cigognes fascinent
énormément, les enfants en premier lieu. Les cigognes blanches bien connues,
mais encore les cigognes noires, plus rares, car plus sensibles. 20% de la
population européenne des cigognes noires, c’est à Comana que vous les
retrouverez. Car cette espèce est attachée à la présence des vieux arbres, de
vieux chênes situés autour des plans d’eau, des conditions naturelles qui se
font rares ailleurs. Et puis, dans les zones inondables, l’on rencontre le
grand et le petit cormoran, le fuligule milouin, le martin pêcheur d’Europe, le
cygne tuberculé, le fuligule nyroca, le bihoreau gris et le héron pourpré.
Certains viennent regarder une espèce dont ils ont rêvé toute une vie, d’autres
cherchent le point de vue rêvé. Quatre observatoires ornithologiques
surplombent le delta ».
C’est donc dans ce fameux Parc de Comana
que l’on trouve la célèbre cigogne noire, plus petite et plus farouche que sa
cousine, la cigogne blanche. Pour assurer la survie de l’espèce, la Société
ornithologique roumaine a récemment mené une action de reboisement du chêne pédonculé. Ecoutons Ovidiu Bufnilă, chargé de
communication de la Société : « Les cigognes noires viennent
nicher ici. Il s’agit d’une espèce à la fois rare et très farouche. Cela n’a
rien à voir avec les cigognes blanches, qui ne se privent pas de nicher au
milieu du village, autour de la cheminée ou en haut d’un poteau d’électricité.
Les cigognes noires se cachent au milieu de la forêt. Parfois, elles arrivent
même à ravir des nids d’aigles, mais toujours en hauteur, sur les cimes de
vieux arbres, bien solides, où elles nichent entre les branches. C’est pour
cette raison que nous avons décidé de leur donner un coup de pouce en reboisant
toute une zone de chêne pédonculé. Ce chêne, c’est une espèce originaire de
Roumanie, une espèce qui fait vivre toute une microfaune, sous toutes ses
formes. Et puis, les glands produits par ces chênes nourrissent les sangliers,
alors que le geai des chênes y établit son nid. Pour l’opération, nous avons
bénéficié de l’aide de 300 bénévoles, qui ont planté mille chênes en une seule
journée. C’est dire !».
Par ailleurs, le Parc de Comana offre
mille opportunités de détente, des promenades romantiques en barque de pêche à
l’équitation et au vélo. Tout près, à l’orée du village homonyme, se situe le
monastère de Comana, fondé en 1461 par Vlad l’Empaleur, le personnage
historique qui inspira Bram Stoker lorsqu’il conçut son très célèbre Dracula. (Trad.
Ionuţ Jugureanu)