Le Parc national Buila Vânturarita
Il s’agit du parc Buila Vânturarita, situé dans le comté de Vâlcea, dans le sud du pays, dans le Massif Căpătânii des Carpates Méridionales. Cette aire protégée s’étale sur les 14 km de crête qui unit les sommets Buila (1849 m) et Vânturarita (1885 m).
România Internațional, 31.01.2014, 13:21
Au fil du temps, plusieurs rivières y ont creusé des gorges spectaculaires — dont celles de Bistrita, très étroites, s’étendent sur 1 km et peuvent être traversées en empruntant une route forestière qui a remplacé l’ancienne voie ferrée. Le paysage est fabuleux. Les pentes abruptes sont parsemées de grottes, dont certaines sont déjà des aires protégées — il s’agit, entre autres, de la grotte de Saint Grégoire le Décapolite — ou grotte des Chauves-souris. Le parc national Buila Vânturarita comptera bientôt parmi les sites naturels du Réseau européen Natura 2000. Qu’est-ce qui a déterminé la création, il y a 10 ans, de cette aire protégée ? Nous écoutons le directeur du parc, Cosmin Botez : «Au fil des années, les gens des parages ont remarqué les particularités de la végétation et de la faune de cette zone. Dans les années ’60 furent créées la réserve d’ifs des Gorges de Cheia et la réserve des Monts Stogu. La grotte Arnăutilor et la grotte des Chauve-souris ont été déclarés, à leur tour, zones protégées. On a pu remarquer une importante population de chamois, des exemplaires de lynx, de loup, d’ours, de chevreuil, pour ne plus parler des sangliers, des coqs de bruyère et j’en passe. Pour ce qui est de la flore de cette zone, parmi les espèces les plus précieuses figurent le Dianthus tenuifolius — sorte de petit œillet sauvage. Parmi les arbres et les arbustes, il convient de mentionner l’if, qui est une espèce protégée et le genévrier, qui pousse à plus de 1600 mètres d’altitude. Le Parc national Buila Vânturarita, compte 17 habitats reconnus et protégés. Mention spéciale pour les 6 espèces de chauve-souris, strictement protégées, ainsi que pour l’aigle royal et l’aigle pomarin. »
La création du Parc national, on la doit notamment aux membres de l’Association Kogayon — une ONG qui a mis en œuvre de nombreux projets visant à développer l’infrastructure, à aménager des espaces destinés au camping et des itinéraires de randonnée ainsi qu’à promouvoir l’éducation écologique.
Cosmin Botez: « Nous avons développé de nombreux projets, dont le plus important a coûté 100 mille euros, en 2008. Dans le cadre de nos projets d’éducation écologique, nous avons organisé des rencontres avec les communautés locales situées dans les deux vallées qui assurent l’accès au Parc. Nous souhaiterions lancer un projet — financé par LIFE Plus — en collaboration avec l’ONG « Batlife », qui est une association de protection des chauves-souris. Cette ONG siège dans l’ouest du pays, pourtant, ses membres, qui ont de l’expérience dans le domaine, souhaitent élargir leur activité à cette zone du Parc Buila Vânturarita, riche de plus de 150 grottes. »
Le Parc national Buila Vânturarita compte 500 hectares de forêts vierges d’une grande valeur, en raison de leur biodiversité : arbrisseaux de différentes espèces qui poussent parmi des arbres séculaires, clairières parsemées de fleurs rares, espèces animales de toute la pyramide écologique. Quel que soit l’endroit où se pose notre regard, on découvre un décor surprenant : forêts de bouleaux, de hêtres et d’épicéas, traversées de ruisseaux formant de petites chutes d’eaux, pics en calcaire, pentes rocheuses, sommets arrondis couverts de prés fleuris et de pâturages. Des bergeries surgissent, ça et là, rendant le paysage encore plus pittoresque. Dans les forêts sauvages de Buila poussent des espèces végétales rares et protégées, dont la fameuse rose de Cozia, ainsi que le lys martagon. S’y ajoutent plusieurs espèces d’orchidées — 28 sur les 58 recensées sur le territoire roumain. Il faut dire que les orchidées comptent parmi les plantes les plus menacées au niveau mondial. Plus haut, vers les sommets, s’étend le paradis des prés alpins et des rochers.
Du printemps à l’automne on peut y admirer les fleurs de montagne les plus rares et les plus délicates : tout d’abord, le trolle de montagne, pareil à une rose jaune; dans les endroits humides et ombragées des forêts, se hisse l’angélique officinale, une fleur d’un magnifique blanc verdâtre; les dianthus spiculifolius, s’étalent, eux, en magnifiques taches de couleur, au bord des sentiers. Dans les prés alpins, on rencontre la dryade à huit pétales, avec sa tige couchée et ses grandes fleurs blanches ainsi qu’une autre plante, spécifique des Balkans, Daphne blagayana, au parfum vanillé. Pourtant, c’est l’edelweiss qui demeure le symbole des crêtes. Cette reine des fleurs est protégée par la loi depuis 1931.
Les animaux viennent compléter ce décor sauvage. Ils sont tous là, depuis le plus petit insecte jusqu’à l’ours des Carpates — roi des forêts — et au chamois — roi des hauteurs, qui figure, lui aussi, parmi les espèces menacées. Le ciel est également peuplé notamment d’oiseaux rapaces : diurnes — le milan royal, l’aigle pomarin et le faucon komez — ou nocturnes — notamment le Grand-duc d’Europe, communément appelé « hibou ». S’y ajoutent le thicodrome échelette — peut-être un des plus beaux oiseaux de Roumanie. On le rencontre dans la zone des gorges, voligeant entre les parois rocheuses. C’est un oiseau de petite taille, dont les ailes ressemblent à celles d’un papillon.
Et puis, ces montagnes ont, depuis toujours accueilli de saintes demeures, dont seul quelques pèlerins connaissaient l’existence. En témoignent les ermitages et les monastères situés à la périphérie du parc, ainsi que les vieilles légendes qui racontent leur histoire.
( Trad. : Dominique)