Le pacte climatique de Glasgow
Réunis en Écosse, les dirigeants du monde ont approuvé ce que l’on a depuis appelé le « Pacte de Glasgow sur le climat », résultat de deux semaines d’âpres négociations. Mais les avancées adoptées semblent plutôt minces aux yeux du président du sommet, le britannique Alok Sharma, qui n’hésitera pas à se déclarer « profondément navré » par le recul de dernier moment consenti par l’assemblée dans la question des combustibles fossiles, sous la pression conjointe de la Chine et de l’Inde. En effet, la déclaration initiale, qui prévoyait « l’abandon progressif du charbon », a été remplacée au dernier moment par la formule de « réduction progressive ». « C’est peu, c’est décevant et l’objectif d’1,5° peine à survivre. Il existe néanmoins ce signal, que l’ère du charbon touche à sa fin, et c’est important », concède néanmoins la représentante de Greenpeace International, Jennifer Morgan.Ceci dit, les experts tirent régulièrement la sonnette d’alarme car, selon eux, « chaque dixième de degré compte », alors que les catastrophes liées au changement climatique se multiplient déjà : inondations, sécheresses et vagues de chaleur, comptant des dizaines et des centaines de victimes.
Eugen Coroianu, 26.11.2021, 08:15
Réunis en Écosse, les dirigeants du monde ont approuvé ce que l’on a depuis appelé le « Pacte de Glasgow sur le climat », résultat de deux semaines d’âpres négociations. Mais les avancées adoptées semblent plutôt minces aux yeux du président du sommet, le britannique Alok Sharma, qui n’hésitera pas à se déclarer « profondément navré » par le recul de dernier moment consenti par l’assemblée dans la question des combustibles fossiles, sous la pression conjointe de la Chine et de l’Inde. En effet, la déclaration initiale, qui prévoyait « l’abandon progressif du charbon », a été remplacée au dernier moment par la formule de « réduction progressive ». « C’est peu, c’est décevant et l’objectif d’1,5° peine à survivre. Il existe néanmoins ce signal, que l’ère du charbon touche à sa fin, et c’est important », concède néanmoins la représentante de Greenpeace International, Jennifer Morgan.Ceci dit, les experts tirent régulièrement la sonnette d’alarme car, selon eux, « chaque dixième de degré compte », alors que les catastrophes liées au changement climatique se multiplient déjà : inondations, sécheresses et vagues de chaleur, comptant des dizaines et des centaines de victimes.
Également présente à Glasgow, Roxana Bojariu, climatologue et chef du groupe de recherche sur le changement climatique au sein de l’Agence météorologique nationale roumaine, précise : « Pour ce qui est du réchauffement climatique, l’heure est grave. Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, publié en août dernier, avait clairement indiqué que nous sommes en pleine crise climatique. Le secrétaire général de l’ONU a parlé d’un code rouge climatique, alors que les sept dernières années l’on a battu tous les records en matière de hausse de la température, depuis qu’elle est mesurée, soit depuis le début de la seconde moitié du XIXe siècle. L’été dernier, vous avez pu constater toute la panoplie de phénomènes météo extrêmes que l’on a dû subir, avec un pic de température de 49,6° près de Vancouver, au Canada. Des études ultérieures ont montré qu’en l’absence du phénomène de réchauffement climatique, cela n’aurait jamais été possible. Nous vivons déjà dans l’urgence climatique. Nous assistons à des incendies de végétation dans l’ouest du Canada, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe. Vous avez vu les îles grecques s’embraser. Nous avons aussi assisté à de très fortes tempêtes, car au-delà de l’augmentation de la température moyenne, les voies de transport de la chaleur et de l’humidité se modifient, et l’effet de serre provoqué par les activités humaines ne fait qu’empirer la donne. »
Résoudre les problèmes environnementaux n’est souvent pas seulement une question de bonne ou de mauvaise volonté des décideurs, mais aussi de coûts et d’alternatives. Ainsi, un point important des discussions parfois houleuses de Glasgow a constitué le financement du chèque que les grands pollueurs de la planète, les pays développés, consentent à signer au nom des pays les moins développés, ceux-là même qui font les frais du changement climatique provoqué par les pays industrialisés. Pour ce qui est de la Roumanie, cette dernière ne peut que se féliciter de bénéficier de la solidarité de l’UE, à travers le Pacte vert européen. Roxana Bojariu explique: « La Roumanie est membre de l’Union européenne et, dans ce contexte, évidemment, les objectifs de l’Union doivent être atteints. Par ailleurs, dans la conférence des parties, l’Union parle d’une seule voix. Bien sûr, les positions des États membres sont convenues à l’avance. Ainsi, l’objectif de réduire les émissions des gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, tout comme l’objectif d’atteindre la neutralité climatique avant 2050 demeurent les objectifs phares de l’Union. Mais l’Union souhaite augmenter sa capacité de résilience face aux changements qui ont déjà lieu, face aussi aux changements à prévoir d’ici 2050. Parce que le changement climatique est là, on est dedans. Et alors, ces objectifs sont évidemment mis en œuvre à travers des directives européennes, à travers une réglementation européenne, la loi sur le climat, à travers toute cette législation subséquente au Pacte vert européen. Et la Roumanie tire son épingle du jeu, grâce notamment à cette planification européenne, consistante et cohérente. Qui plus est, les mesures que l’Europe compte prendre peuvent se targuer de bénéficier de budgets conséquents, des fonds dont la principale mission est d’épauler les Etats membres les plus fragiles, tels la Roumanie, de pouvoir prendre la tournante. »
Les réactions internationales à l’accord de Glasgow ont rarement été sur la même longueur d’ondes. Si le Secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, regrette que « la volonté politique collective n’ait pas suffi à surmonter les contradictions profondes entre les pays, alors qu’il est grand temps d’agir de toute urgence », le premier-ministre britannique, Boris Johnson, voit surtout la moitié pleine du verre, lorsqu’il qualifie l’accord de grand pas en avant, même s’il reste, selon lui, encore beaucoup à faire. Même son de cloche du côté de l’émissaire américain John Kerry, qui se félicite de ce premier accord international censé diminuer l’utilisation du charbon pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°, avant de conclure que « l’ambition est plus grande qu’on ne l’aurait pensé ». Mais le satisfecit anglo-saxon ne fera pas reculer le Secrétaire général de l’ONU, qui ne se gênera pas de faire le décompte des objectifs ratés : l’aide financière aux pays les plus pauvres, la fin des subventions aux combustibles fossiles, l’extraction du charbon, la fixation du prix de ce dernier. Ce sera pour une autre fois, sans doute. (Trad. Ionut Jugureanu)