Le Groupe Milvus, 25 ans de protection de l’environnement
L’Association pour la protection des oiseaux et de la nature « Groupe Milvus », de la ville de Cluj Napoca, est active depuis 25 ans sur le terrain de la conservation des volatiles et de l’environnement. Pendant ce quart de siècle, les écologistes de l’association ont eu de nombreuses activités liées à la vie des oiseaux : baguage de plusieurs espèces, observation de la migration des rapaces des monts Măcin et du Bosphore, situé sur une des plus importantes routes migratoires d’Europe.
România Internațional, 30.12.2016, 13:38
Selon le directeur du « Groupe Milvus », le biologiste Papp Tamás, l’organisation a aussi contribué à la création de plusieurs aires naturelles protégées: « Puisque la superficie cumulée des aires protégées de Roumanie ne représentait que 7% de la richesse naturelle du pays, l’adhésion à l’Union européenne a fait monter ce chiffre à plus de 23%. Personnellement, je crois que notre association y a eu une contribution de poids et c’est d’ailleurs notre plus grand succès des 10 dernières années. Partant de nos études concernant oiseaux, mammifères et habitats, nous avons fait de nombreuses propositions d’aires protégées, plus de 200, des plus petites jusqu’aux plus étendues ayant été retenues. Plus encore, en ce moment, nous en gérons une douzaine, sachant que nous avons aussi contribué à la mise en page des plans de gestion de ces aires protégées. »
De l’avis du fondateur de l’association écologiste de Cluj Napoca, Papp Tamás, la protection de la nature n’est toujours pas une priorité en Roumanie, qui est le seul pays de l’UE à ne pas allouer de budget aux aires naturelles protégées, à l’exception de la Réserve du delta du Danube. Elle n’a pas non plus d’Agence nationale pour les aires naturelles protégées, qui soit en charge de la gestion des écosystèmes et des habitats naturels. L’association écologiste « Groupe Milvus » fait ainsi un effort remarquable dans le domaine de la protection de la nature et des oiseaux, explique Papp Tamás: «Par exemple, nous avons beaucoup travaillé sur les rapaces : des projets, dont certains financés par la Commission européenne, ciblés sur le faucon sacre, sur le faucon kobez ou sur l’aigle pomarin. Le projet concernant le faucon sacre a été probablement le plus spectaculaire, puisque cette espèce avait disparu de notre faune il y a une dizaine d’années ; or, les mesures prises ont permis de réintroduire ce rapace en Roumanie. Même chose pour le faucon kobez, dans la Plaine occidentale de la Roumanie ; nos interventions, dans le cadre d’un projet à financement européen, ont permis d’accroître le nombre d’individus appartenant à cette espèce volatile menacée. Quant à l’aigle pomarin, qui est emblématique pour la Transylvanie, nous espérons réussir à endiguer son déclin aussi. Et puis, nous avons beaucoup travaillé sur les cigognes, étant les premiers à installer, en l’an 2000, des supports pour les nids construits sur les poteaux électriques ; en 2014, il y en avait déjà deux milliers à travers la Roumanie. Il reste pourtant bien des choses à faire au profit des cigognes et d’autres espèces d’oiseaux qui se tuent par milliers à causes des lignes électriques à haute tension. »
Le Groupe écologiste Milvus est la seule organisation roumaine qui prend en charge les oiseaux blessés, les soigne et les réintroduit par la suite dans la nature. L’organisation a également créé un numéro vert disponible 24h sur 24 à l’intention de tous ceux qui trouvent et veulent aider des volatiles mutilés. Papp Tamás: « Il y a une quinzaine ou une vingtaine d’années on n’y avait pas pensé, mais nous l’avons mis en place puisque notre organisation a gagné en notoriété et il y avait de plus en plus de gens qui trouvaient des oiseaux blessés et qui les emmenaient chez nous. Les deux centres d’aide, nous les avons mis en place précisément parce qu’il n’y avait pas de structure pour soigner les animaux blessés. Nous collaborons aussi avec une association de médecins vétérinaires, Vets4Wild, et nous avons créé tout un réseau national de sauvetage et d’aide aux animaux sauvages. Nous avons recruté un médecin vétérinaire dans chaque département du pays parce qu’il est essentiel d’intervenir rapidement quand on trouve un oiseau blessé, par exemple, et il faut le faire aussi près que possible de l’endroit où l’on a trouvé. Notre centre le mieux équipé se trouve dans le village de Sânsimion, dans le département de Harghita, où nous avons de grandes volières adaptées au traitement des oiseaux ayant subi des traumatismes physiques ».
Et ce n’est là qu’un début — 2017 devrait voir développer les projets du « Groupe Milvus » vers des directions inédites en Roumanie, assure Papp Tamás, directeur de l’organisation : « Nous avons quelques actions déjà en déroulement et que nous allons poursuivre. Notre priorité est la publication d’un Atlas des oiseaux nidifiants de Roumanie, que nous avons réalisé en partenariat avec la Société d’ornithologie du pays. Nous travaillons sur ce projet depuis déjà un an et ce sera une publication inédite en Roumanie, qui ne connaît pas la distribution exacte des espèces par régions. Par ailleurs, nous œuvrons pour sauver le Rolier d’Europe, un très bel oiseau bleuâtre qui niche chez nous. Malheureusement, dans la Plaine occidentale roumaine, la population de Rolier a dramatiquement diminué et nous tentons d’intervenir. En 2017, nous allons également multiplier nos actions visant à conserver les effectifs d’oiseaux rapaces, de grands mammifères carnassiers , mais aussi d’espèces moins visibles tels le spermophile ».
Sensibiliser le plus grand nombre de Roumains et notamment de jeunes à la sauvegarde de la faune est une des dimensions essentielles de l’activité du « Groupe Milvus ». Dans cette veine pédagogique, l’organisation a créé la Bourse Milvus pour les étudiants et les jeunes chercheurs qui travaillent dans le secteur environnemental, afin d’encourager les projets inédits et les initiatives individuelles. (trad. : Ileana Taroi, Andrei Popov)