Le bois, pièce maîtresse pour la réduction des gaz à effet de serre
La Roumanie, dit-on, est un pays béni, parfaitement en mesure de prendre le tournant du développement durable, pour la réduction des gaz à effet de serre, notamment dans le secteur du bâtiment. En effet, riche de ses forêts et comptant des bois à profusion, dotée d’une forte capacité à s’adapter, pouvant se targuer de l’apport de spécialistes et d’écoles de pointe, la Roumanie pourrait faire valoir ses atouts notamment pour réduire les émissions des gaz à effet de serre dans le BTP.
Eugen Coroianu, 25.02.2022, 14:15
La Roumanie, dit-on, est un pays béni, parfaitement en mesure de prendre le tournant du développement durable, pour la réduction des gaz à effet de serre, notamment dans le secteur du bâtiment. En effet, riche de ses forêts et comptant des bois à profusion, dotée d’une forte capacité à s’adapter, pouvant se targuer de l’apport de spécialistes et d’écoles de pointe, la Roumanie pourrait faire valoir ses atouts notamment pour réduire les émissions des gaz à effet de serre dans le BTP.
Cette déclaration appartient à l’Association des forestiers roumains (ASFOR), qui explique dans une déclaration aux allures de plaidoyer, la manière dont l’utilisation intelligente du bois dans le bâtiment pourrait contribuer à nous faire atteindre au plus vite les objectifs climatiques ambitieux que l’Union européenne s’était fixée, à savoir la neutralité climatique d’ici 2050. C’est pourquoi l’Association des forestiers roumains pense que le secteur du bois constitue à cet égard un enjeu pour le moins majeur. Aussi, selon le plan d’action de l’économie circulaire, issu en 2020, le secteur de la construction est responsable de plus de 35 % des déchets et de 5 à 12 % des émissions des gaz à effet de serre dans l’Union européenne. Et, à cet égard, les matériaux de construction confectionnés du bois pourraient aider à transformer ce secteur d’une source d’émissions en un absorbeur de carbone. Qui plus est, la promotion des produits censés stocker le carbone est pleinement compatible avec le principe de neutralité technologique, selon la même Association des forestiers roumains, qui s’appuie dans son plaidoyer sur des sources communautaires.
Le président de l’Association, Ciprian Muscă, détaille le fond de sa pensée : « Le secteur de la construction est un des secteurs avec une contribution assez importante en termes d’émissions de carbone, à travers les matériaux qu’il utilise à l’heure actuelle. Un certain nombre de mesures ont déjà été mises en place au niveau européen, pour absorber et stocker le carbone. Tant en Roumanie que dans l’Union européenne, nous avons à notre disposition une ressource qui peut nous aider et qui peut participer activement à la réalisation de ces objectifs. Il s’agit des forêts. Fondamentalement, la forêt agit comme un absorbant du carbone, qu’elle stocke dans le bois, et plus tard, en traitant et en transformant le bois en matériaux de construction, l’on assure le stockage du carbone pendant très, très longtemps. Donc, en gros, en utilisant du bois dans la construction, on est capable de réaliser cette part de stockage du carbone, atteignant ainsi nos objectifs en matière de neutralité climatique. Voyez-vous, l’on doit toujours faire un arbitrage entre l’économique, le social et l’environnemental. Aussi, il faut savoir que, lors des coupes que nous faisons, du moins en Roumanie, un des rares pays européens qui récolte le bois selon un planning sur dix ans, nous ne récoltons que la croissance annuelle de la forêt, c’est-à-dire que nous récoltons juste ce que la forêt peut produire. »
À l’appui de leur position, les forestiers roumains rappellent également que le mois dernier, la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen a lancé le premier jet de son rapport intitulé « Une nouvelle stratégie européenne pour 2030 : la gestion durable des forêts en Europe ». Le document évoque « l’adoption d’une approche holistique, qui prenne en compte la multifonctionnalité des forêts, y compris le stockage du carbone dans la biomasse forestière et dans les produits ligneux », ainsi que « la création d’un cadre réglementaire, qui reconnaisse la plus faible empreinte carbone des produits forestiers par rapport aux matériaux alternatifs ». Dans la même veine, les forestiers roumains sortent des tiroirs le document intitulé « La Roumanie verte en 10 étapes », dont un chapitre fait la part belle aux constructions en bois. Le document prône la construction des maisons en bois, neutres du point de vue des émissions des gaz à effet de serre, et l’usage d’au moins 10% de bois dans la construction de bâtiments avec des fonds publics.
Aussi, à travers le programme intitulé « La maison en bois », l’Association des forestiers roumains plaide pour l’octroi de crédits aux particuliers et aux sociétés qui choisissent le bois pour ériger leurs maisons, entrepôts, commerces, espaces de production et autres sièges sociaux. Malgré tout, la ruée vers le bois touche une corde sensible dans l’opinion publique roumaine, celle de la déforestation effrénée et souvent sauvage du patrimoine forestier national.
Ciprian Muscă : « A cela je vous répondrais en utilisant le terme de compensation. Car, au fond, qu’est-ce que le terme de déforestation recouvre-t-il ? Couper les arbres, raser la forêt et changer la destination du terrain. Pour vous donner un exemple, nous pouvons parler de déforestation lors de la construction d’une autoroute. Sinon, on ne peut pas parler de déforestation. En Roumanie, nous ne rencontrons ce phénomène de déforestation que strictement dans cette occurrence, dans le cas de grands projets d’infrastructure. En ce qui concerne l’exploitation forestière illégale, nous, en tant qu’acteurs du secteur forestier, la combattons vigoureusement. A l’heure actuelle, nous avons à notre disposition le système informatique SUMAL 2.0, unique en Europe, qui assure pratiquement la traçabilité exacte de la moindre quantité de bois coupé, depuis la forêt jusqu’à l’entrepôt. C’est un système auquel accessible à tout le monde. Tous ceux qui souhaitent vérifier la légalité d’une cargaison de bois peuvent le faire en temps réel. Au moindre soupçon, n’importe qui peut faire appel aux autorités, via le numéro d’urgence 112. A mon sens, en matière d’exploitation et de transport du bois, la transparence du processus est totale. »
Récemment, le gouvernement de Bucarest avait pris de nouvelles mesures pour combattre les tentatives de fraude et les coupes illégales. Il s’agit principalement de sanctions plus sévères, en suivant le principe de proportionnalité, principe également prôné par l’Union européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)