La pollution sonore, un grand souci
Le stress, la réduction de la qualité du sommeil, les effets physiologiques et émotionnels que la pollution sonore provoque chez l’humain ne tardent pas d’affecter la qualité de vie et la santé générale de la population dans les grandes agglomérations notamment.
Eugen Coroianu, 26.04.2024, 12:57
Nous sommes tous concernés
La pollution sonore constitue un défi de plus en plus préoccupant pour nos sociétés, car pouvant provoquer ou favoriser l’apparition de bon nombre d’affections, notamment au niveau de l’appareil cardiovasculaire. Le stress, la réduction de la qualité du sommeil, les effets physiologiques et émotionnels que la pollution sonore provoque chez l’humain ne tardent pas d’affecter la qualité de vie et la santé générale de la population dans les grandes agglomérations notamment. Peu d’entre nous s’avèrent capables de s’adapter à un environnement pollué par le bruit et, dans les grandes villes, trouver un logement dans des zones calmes devient de plus en plus improbable et souvent inaccessible pour la plupart de ménages.
Le trafic, principale cause de la pollution sonore
Et c’est bien le trafic, qu’il s’agisse du trafic routier, ferroviaire ou aérien, qui constitue la principale source de pollution sonore. Une pollution provoquée par le crissement des pneus sur le revêtement de la route, par le bruit des moteurs ou tout simplement par la friction de l’air. Parmi les autres sources de nuisance sonore, la plupart d’origine industrielle, se démarque bien évidemment le secteur du bâtiment. Par ailleurs, la vitesse et la direction du vent ainsi que la température de l’air peuvent favoriser la propagation des ondes sonores bien loin de leur source initiale.
Le fort impact de l’activité humaine
Après les transports et l’industrie, les activités humaines individuelles ont également un fort impact sonore, explique Alex Luchian, responsable de la plateforme communautaire de surveillance des nuisances sonores pulse.eco, dont les membres collectent et partagent les données récoltées.
Presque toutes les actions de la société moderne génèrent des nuisances sonores, à commencer par la tonte et l’arrosage automatique de la pelouse, le lavage des voitures, la climatisation, le chauffage, tout comme le fonctionnement des appareils électroménagers : machines à laver, sèche-linge, aspirateurs, ou réfrigérateurs. Les activités récréatives ne se font pas non plus en silence.
Depuis le bruit produit par les moteurs de bateaux, des jet-skis et des autres embarcations qui ne tarderont pas à impacter sur le bien-être de la faune aquatique et des communautés côtières et jusqu’aux fameux festivals, concerts et autres fêtes foraines. Quant aux événements sportifs, qu’ils aient lieu dans les stades, les salles ou en plein air, il est rare à ce qu’ils se déroulent en silence, sans empiéter sur la tranquillité du voisinage.
4 millions de Roumains sont exposés un niveau élevé de nuisance sonore pendant la journée
Près de 4 millions de personnes sur une population de 20 millions sont exposées en Roumanie à un niveau élevé de nuisance sonore provoquée par le trafic routier pendant la journée, alors que près de 3 millions sont encore affectés par ce type de nuisance durant la nuit.
Dans un article paru sur sa plateforme, Alex Luchian estime près de 4 millions de personnes sur une population de 20 millions sont exposées en Roumanie à un niveau élevé de nuisance sonore provoquée par le trafic routier pendant la journée, alors que près de 3 millions sont encore affectés par ce type de nuisance durant la nuit.
Par ailleurs, près de 150.000 personnes se voient exposées à un niveau de bruit élevé dû au trafic ferroviaire le jour et 133.000 la nuit. Enfin, 20.000 Roumains sont exposés aux bruits provoqués par le décollage et l’atterrissage des avions, de jour comme de nuit.
La Roumanie s’avère encore être le mauvais élève de la classe en matière de pollution sonore industrielle de l’UE, et cela en dépit de la baisse enregistrée du poids de ce secteur économique.
Le bruit et ses conséquences néfastes sur la santé
Mais la hausse accélérée des niveaux de pollution sonore est loin d’être un phénomène circonscrit au seul contexte roumain, et force est de constater qu’il s’agit davantage d’un phénomène global, qui impacte le bien-être et l’état de santé de la population mondiale.
En effet, le bruit peut être défini comme une combinaison désordonnée de sons de fréquences et d’intensités différentes, transmis par les vibrations mécaniques produites à proximité, et qui provoque chez l’humain une sensation inconfortable, fatigante et désagréable.
Mesurée en décibels, l’intensité sonore devient nocive une fois dépassé le seuil de 80. L’exposition prolongée à un bruit intense, notamment sur de longues périodes, peut entraîner des lésions du tympan, voire la surdité.
On estime que l’exposition à long terme au bruit ambiant est à l’origine de 12.000 décès prématurés et contribue à 48.000 nouveaux cas de cardiopathie ischémique par an en Europe. Plus de 22 millions de personnes souffrent de niveaux élevés de stress chronique et 6,5 millions de personnes souffrent de troubles chroniques du sommeil provoqués par la pollution sonore. Et même si ces chiffres sont déjà fort inquiétants, il est même probable que les effets nocifs induits par ce type de pollution soient bien en-deçà de la réalité.
La faune en souffre aussi
Qui plus est, la pollution sonore n’affecte pas seulement l’humain, mais peut-être davantage encore la faune. Les spécialistes ont montré la manière dont le bruit anthropique provoque une large gamme de réponses physiologiques et comportementales indésirables chez les animaux terrestres et marins, dont une réduction du taux de reproduction, un risque accru de mortalité et d’émigration, entraînant le déclin de certaines populations.
Développer de nouvelles technologies pour remédier à la situation
Pour tenter d’enrayer la hausse accélérée de la pollution sonore dans les grandes agglomérations urbaines au moins, les études tablent sur le développement de certaines technologies, tel l’asphalte phonoabsorbant, mais aussi sur un changement de paradigme en matière de mobilité urbaine, censé privilégier davantage les zones piétonnes, les pistes cyclables, les véhicules électriques, bref ce que l’on appelle la mobilité douce.
Même son de cloche dans le domaine du transport ferroviaire, où l’on entend imposer des normes de bruit aux trains de fret, la mise au ban des wagons non conformes à la réglementation européenne et l’installation de freins silencieux sur les trains de voyageurs.
Quant au trafic aérien, les sociétés qui gèrent les aéroports ne cessent de plancher sur des modifications des horaires et des itinéraires des vols censées réduire tant que cela se peut la nuisance sonore provoquée par le décollage et l’atterrissage des avions. (Trad Ionut Jugureanu)