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La migration de printemps des oiseaux

La Roumanie dispose d’une riche avifaune. Des milliers d’oiseaux y trouvent les conditions dont ils ont besoin pour s’arrêter, nicher et se nourrir. De toutes les espèces d’oiseaux que l’on peut rencontrer dans les régions roumaines, près de 100 espèces sont sédentaires, alors que 150 autres sont migratoires. Il y a des oiseaux qui passent l’hiver chez nous, d’autres qui ne font que transiter et, enfin, certaines espèces qui se sont égarées. Cinq régions concentrent en Roumanie la migration des rapaces diurnes. Il s’agit de la Dobroudja, des cours supérieur et inférieur de la rivière Mureş, de la vallée de la rivière Prut et encore de la vallée de Tur. Les oiseaux migrateurs qui contournent les Carpates et la mer Noire doivent traverser la région de Dobroudja, véritable entonnoir des migrations. Les monts Măcin sont un point central de la migration des oiseaux en Europe en termes de nombre d’espèces recensées. Tous les ans, on décompte le passage d’environ 10.000 rapaces et de près de 20.000 cigognes blanches dans cette région.

La migration de printemps des oiseaux
La migration de printemps des oiseaux

, 30.03.2018, 14:30

La Roumanie dispose d’une riche avifaune. Des milliers d’oiseaux y trouvent les conditions dont ils ont besoin pour s’arrêter, nicher et se nourrir. De toutes les espèces d’oiseaux que l’on peut rencontrer dans les régions roumaines, près de 100 espèces sont sédentaires, alors que 150 autres sont migratoires. Il y a des oiseaux qui passent l’hiver chez nous, d’autres qui ne font que transiter et, enfin, certaines espèces qui se sont égarées. Cinq régions concentrent en Roumanie la migration des rapaces diurnes. Il s’agit de la Dobroudja, des cours supérieur et inférieur de la rivière Mureş, de la vallée de la rivière Prut et encore de la vallée de Tur. Les oiseaux migrateurs qui contournent les Carpates et la mer Noire doivent traverser la région de Dobroudja, véritable entonnoir des migrations. Les monts Măcin sont un point central de la migration des oiseaux en Europe en termes de nombre d’espèces recensées. Tous les ans, on décompte le passage d’environ 10.000 rapaces et de près de 20.000 cigognes blanches dans cette région.

La vallée de Prut est une autre région humide d’un grand intérêt pour le sud-est européen du point de vue de la richesse des espèces d’oiseaux que l’on y rencontre. Cette vallée est traversée par une des plus importantes routes de migration des oiseaux qui s’y arrête et construisent leurs nids. Ovidiu Bufnilă, le chargé de communication de la Société ornithologique roumaine, nous en offre des détails : « Nous avons près de 400 espèces d’oiseaux qui vivent chez nous, tels les moineaux ou les mésanges, et des oiseaux qui, au printemps, quittent la Roumanie, après avoir passé l’hiver chez nous (la plupart des espèces d’oie, les cygnes d’hiver). Mais nous avons aussi des espèces qui viennent d’arriver ou qui sont encore en route vers la Roumanie. Le premier volatile de ce type que j’ai croisé cette année était une cigogne noire, que j’ai pu observer alors qu’elle s’était arrêtée près de la ville d’Odorheiul Secuiesc (centre-est de la Roumanie), avant de poursuivre son voyage vers le nord. Ensuite, le 8 mars dernier, on a observé la première cigogne blanche dans le ciel de Bucarest. Le même jour, mes collègues ont découvert les premiers signes du printemps : la première huppe à proximité de la ville de Călăraşi, au même endroit où on avait vu de grandes volées de cigognes qui transitaient la Roumanie et s’étaient arrêtées pour se nourrir, tout comme les environ 200 grues près de la ville de Histria, dans la région de Dobroudja. Petit à petit, on a vu arriver toutes les espèces que l’on connaissait, même si la vague d’arrivées la plus significative a eu lieu lorsqu’une pluie verglaçante avait pris au dépourvu pas mal de volatiles en train d’arriver. Les cigognes ont réussi à se poser au sol, se débarrasser de la glace déposée sur leur plumage et se reposer. D’autres espèces en revanche, plus fragiles et moins préparées, ont pâti de ce retour soudain de l’hiver, en plein mois de mars. Ce fut le cas dans tout le pays, mais c’est la moitié sud de la Roumanie qui été la plus touchée. Certains oiseaux n’ont pas résisté, d’autres sont allés plus au nord. Mais la migration ne s’achèvera qu’au moment où les derniers hérauts du printemps : les coucous et les guêpiers devraient arriver fin avril ou début mai. »

Une des principales questions que les scientifiques se posent concerne la manière dont les oiseaux s’orientent pendant leur vol. Et même si des explications divergentes persistent là-dessus, il est communément admis que cela varie d’une espèce à l’autre. Il est ainsi démontré que la plupart des espèces prennent pour repères le soleil et les étoiles. D’autres, comme par exemple le coucou, ont un héritage génétique. Dans d’autres situations, comme c’est le cas de la cigogne blanche, les exemplaires jeunes suivent la migration des aînés, de leurs parents. Dans tous les cas de figure, après cette première expérience migratoire, les individus réussissent à créer dans leur mémoire une sorte de carte virtuelle qu’ils utiliseront lors des migrations ultérieures. Alors que la population de beaucoup d’espèces migratoires natives d’Europe est en déclin, l’UE a introduit des politiques censées stopper le phénomène, en prenant des mesures de conservation et de gestion des habitats.

La Directive Oiseaux de l’UE a été la première loi de protection de la nature avec l’objectif déclaré d’arrêter le déclin des espèces d’oiseaux des plus menacées sur notre continent, tel la spatule blanche, le pygargue à queue blanche ou l’aigle ibérique. En Roumanie, les fermiers ont droit à des subventions pour autant qu’ils s’impliquent dans la protection de certaines espèces d’oiseaux, tel l’aigle pomarin dont nous avons en Roumanie près de 2.300 couples ; cela représente environ 10% de la population mondiale et 22% de la population européenne de l’espèce. C’est qu’en Roumanie la nature est généreuse et l’agriculture est encore écologique dans beaucoup d’endroits.

Selon Ovidiu Bufnilă: « Nous comptons un certain nombre de mesures prises dans ce domaine, proposées aussi bien par nous-mêmes que par nos partenaires et qui visent à soutenir l’agriculture et protéger la faune de la Roumanie. Je pense à l’aigle pomarin, qui a besoin de trouver dans son habitat des sources de nourriture importantes. Pour toucher la subvention, le fermier devra respecter un certain nombre de règles. »

Une autre mesure similaire concerne la protection de la bernache à cou roux, oiseau en voie de disparition, inclus sur la liste des espèces les plus menacées en Europe. La bernache à cou roux est protégée par la Convention de Berne pour la protection de la vie sauvage. Elle fait son apparition en Roumanie vers la fin du mois d’octobre et y reste jusqu’au mois de mars. « A son arrivée en Roumanie, la bernache à cou roux a besoin de trouver des graines de maïs éparpillées dans les champs, puis elle se nourrira de blé et de colza. Cette mesure est toujours d’actualité. Les fermiers qui se trouvent sur son chemin, c’est-à-dire dans la région de Dobroudja et dans la plaine de Baragan (sud de la Roumanie), peuvent recevoir des dizaines de millions d’euros de subvention. »

La Société ornithologique roumaine déroule plusieurs projets de protection des espèces et de lutte contre le braconnage. « La Roumanie prend son envol » est le nom d’un de ces projets où les ornithologues, aidés par des bénévoles, installent chaque printemps des nids artificiels dans les parcs de Bucarest et de 10 autres villes du pays. Un autre projet vise la protection d’une autre espèce des plus menacées en Europe ; il s’agit du faucon sacre, pour lequel de nouveaux nids artificiels ont été montés sur les poteaux de haute tension de la compagnie d’électricité de la région d’Olténie. A présent on ne compte plus que 450 couples de faucon sacre, dont la moitié vit en Hongrie et en Slovaquie. (trad. Ionut Jugureanu)

foto: garten-gg / pixabay.com
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