Combattre la désertification
Le 17 juin a été célébrée la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, moment privilégié pour nous rappeler que la pollution, le changement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes conduisent immanquablement à la déforestation, à la destruction des cultures et, au final, à la désertification. Ce phénomène touche d’ores et déjà une partie de notre continent, dont la Roumanie, en particulier le sud de pays, soit le bassin du Danube et la région de Dobroudja.
Ștefan Baciu, 28.08.2020, 12:54
Le 17 juin a été célébrée la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, moment privilégié pour nous rappeler que la pollution, le changement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes conduisent immanquablement à la déforestation, à la destruction des cultures et, au final, à la désertification. Ce phénomène touche d’ores et déjà une partie de notre continent, dont la Roumanie, en particulier le sud de pays, soit le bassin du Danube et la région de Dobroudja.
En l’absence de mesures résolues, les zones touchées ne font que croître, alors que le sable commence à régner en maître sur des étendues autrefois fertiles. La mouture 2018 du rapport de la Cour des Comptes de l’UE met en exergue l’inexistence d’une vision commune sur le sujet au niveau de l’Union, ainsi que le risque d’une désertification rampante de pans entier du sol européen que cela entraîne. Pour le formuler autrement : les Etats membres ont ignoré les fonds européens mis à leur disposition, fonds censés justement combattre le processus de désertification. Sur Radio Roumanie Actualités, le ministre roumain de l’environnement, Costel Alexe, exprimait son attachement à la politique censée combattre la désertification des sols.
« C’est que nous, à Mârşani, ce village situé dans le département de Dolj, nous avons déjà planté toute une forêt d’acacia, de 1364 hectares, pour stabiliser les sols, pour empêcher les dunes de sable d’avancer. A l’heure actuelle, le gouvernement roumain dispose des sources financières nécessaires, en provenance soit du Fonds d’amélioration- ?, soit de l’Administration du Fonds pour l’environnement, pour procéder à de telles campagnes d’amélioration à grande échelle. Mais il revient aux autorités publiques locales d’identifier ces terrains, de parler aux propriétaires, de les convaincre d’agir. Si l’on n’agit pas tout de suite, dans dix ou vingt ans, ce sera trop tard. »
C’est dans le département de Dolj, au sud de la Roumanie, que l’on compte la plus grande superficie de sols désertiques, soit environ cent mille hectares. La région a été d’ailleurs surnommée le Sahara roumain. Le processus de désertification de la région d’Olténie, dont fait partie le département de Dolj, est surveillé de près par les experts de l’Institut de recherche et développement pour la culture des plantes Dăbuleni, qui proposent plusieurs options. Aurelia Nedelcu, directrice de l’Institut, pense que c’est dans l’exploitation efficace des sols que réside la solution. :
« Le sable est en quelque sorte le sol idéal pour une certaine agriculture, pour l’horticulture par exemple, si l’on prend en considération la moyenne des températures dans cette partie de l’Olténie, région devenue aride ou semi-aride. Cependant, la quantité de pluie qui l’arrose ne peut pas assurer le nécessaire d’eau pour quelque espèce que ce soit. Il faut donc intervenir, mettre en place des systèmes d’irrigation, pour soutenir les cultures. Voyez-vous, ce sol a été amené par le vent, et donc il est facilement emporté par le vent, qui est un ennemi de poids pour toutes les cultures. »
Il y a 50 ans, un projet massif de systèmes d’irrigations a vu le jour dans la zone, entre les localités de Sadova et de Corabia, cette petite ville portuaire, située au bord du Danube. A l’époque, l’on avait défriché 9 mille hectares de forêt. Cependant, 1.400 hectares ont été recouverts par des forets de protection contre l’expansion du phénomène de désertification. Malheureusement, ces 30 dernières années, une partie de ces rideaux de protection est passée à la trappe, à cause des coupes illégales. Aurelia Nedelcu, la directrice de l’Institut de recherche et développement pour la culture des plantes en milieu désertique, explique ce qu’il nous reste à faire.:
« Sur les sols sablonneux, qui ont une exposition élevée aux vents, et donc un risque accru, nous avons décidé de créer des rideaux forestiers d’acacia, d’une largeur de dix mètres, et éloignés de 288 mètres des terrains les plus exposés, et de 560 mètres des terrains moins exposés. De la sorte, l’action du vent est contrariée. A cela s’ajoute un autre système de protection, à l’aide de plantes herbeuses, cultiver par exemple en automne du seigle sur des bandes de terre distantes d’une cinquantaine de mètres l’une de l’autre. Puis, au printemps, on cultive des plantes horticoles, qui seront ainsi protégées de l’action du vent. Enfin, les irrigations sont indispensables, et leur existence a grandement contribué à la mise en valeur de ces terres. »
L’étude de diverses cultures censées bloquer la désertification rampante fait, depuis plusieurs dizaines d’années, l’objet des études menées par l’Institut de recherche et développement pour la culture des plantes en milieu désertique de Dăbuleni.
Des résultats encourageants, selon la directrice de l’Institut, Aurelia Nedelcu: « Nous avons introduits des vergers d’abricotiers, de cerisiers, ce genre d’espèces. Elles se prêtent bien à l’arrosage. Le potager marche pas mal aussi. La pastèque de Dăbuleni est devenue une marque de tradition. La pomme de terre bénéficie également de très bonnes conditions dans cette zone aride, pour autant que l’on assure l’arrosage du sol. Et les fermiers de la région ont sauté sur l’occasion, la culture printanière leur assurant des revenus conséquents. Même chose pour la fraise, qui peut être cultivé de façon extensive, et récoltée à partir du mois d’avril. »
Depuis l’année dernière, l’Institut de Dăbuleni essaie d’acclimater des plantes que l’on ne trouve en Roumanie que dans les jardins botaniques, tels le kiwi, l’olivier, le kaki ou encore le figuier. Cependant, trouver des cultures adaptées n’est qu’une partie du travail. Encore faut-il assurer l’irrigation des sols, qui demeure la méthode principale de lutte contre la désertification. (Trad. Ionuţ Jugureanu)