A la recherche des solutions contre les chacals trop nombreux
Les chacals,
une espèce invasive en Roumanie, n’ont cessé de se multiplier ces derniers temps.
Dans de nombreuses zones rurales, les habitants dénoncent le fait que ces animaux
attaquent le bétail, alors que les spécialistes ont constaté que c’est à cause
des chacals que le nombre des lièvres, des rongeurs, des chevreuils et des
cerfs a commencé à baisser.
Eugen Coroianu, 31.03.2023, 12:27
Les chacals,
une espèce invasive en Roumanie, n’ont cessé de se multiplier ces derniers temps.
Dans de nombreuses zones rurales, les habitants dénoncent le fait que ces animaux
attaquent le bétail, alors que les spécialistes ont constaté que c’est à cause
des chacals que le nombre des lièvres, des rongeurs, des chevreuils et des
cerfs a commencé à baisser.
Par exemple à
Arad, dans l’ouest de la Roumanie, les habitants des zones avoisinant les
forêts longeant la rivière de Mures se disent carrément terrorisés par le fait
que le bétail commence à disparaître de leurs fermes. Plus encore, personne n’a
plus le courage de quitter la maison après le coucher du soleil, les enfants en
bas âge étant les plus vulnérables, apprend-on dans un reportage télévisé.
Dans le sud
de la Roumanie aussi, au département de Dolj, deux fermes d’ovins ont été récemment
attaquées par des meutes de chacals, qui ont causé la mort d’une centaine de
moutons. Selon les autorités locales, les chacals arrivent dans les villages
puisqu’ils ont terminé de chasser la faune des prés et sont attirés par les
déchets ménagers jetés dans la nature. Si bien que la préfecture du département
de Dolj a demandé l’aval du ministère de l’Environnement de croître les quotas
de chasse et la permission de chasser les chacals durant la nuit.
Et ce n’est
pas tout. Dans le sud-est du pays, l’Administration de la Réserve de la Biosphère
le delta du Danube a signé un contrat de financement pour faire extraire de la
zone, de manière contrôlée, 400 chacals. Le contrat a été attribué à l’Association
départementale des Chasseurs et des Pêcheurs sportifs. Cela, après les nombreuses
plaintes de la part des habitants de la zone, contre les chacals qui tuent leur
bétail et détruisent leurs potagers, et demandes auprès des autorités de
prendre des mesures pour réduire leur nombre. L’action est en plein déroulement.
A noter que la chasse est interdite au delta du Danube, étant donné que c’est
une réserve de la biosphère, incluse au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Les chacals sont arrivés aussi dans les monts
de Macin, près du delta. Ici, l’Administration du Parc national des monts Macin
a opté pour une approche différente, beaucoup plus écologique. Elle a lancé les
démarches pour ramener une meute de loups dans le parc. Cette décision repose
sur les études des spécialistes qui donnent pour cause de la multiplication
incontrôlée des chacals notamment la diminution de la population de loups. S’y
ajoute, sans doute, l’abondance de nourriture à retrouver dans la zone, comme
nous le dit Viorel Rosca, le directeur du parc national des monts Macin.
Viorel Rosca :
« Les chacals ont trouvé un territoire libre, riche en sources de nourriture,
parsemé d’endroits excellents pour se mettre à l’abri et pour se reproduire. Leur
multiplication exponentielle, ces dernières années, a été favorisée par cet environnement
favorable. Les dégâts qu’ils causent sont visibles, la faune locale ayant diminué,
notamment pour ce qui est des populations de petits mammifères de Dobroudja. Et
là, je pense notamment au souslik d’Europe ou au hamster de Roumanie, alors que
parmi les oiseaux qui nichent au sol, c’est une espèce rare qui a été affectée,
une espèce vulnérable et en danger au niveau européen : il s’agit de l’oedicnème
criard. Ces dernières années, les gens n’ont tiré la sonnette d’alarme qu’au
moment où ils ont perdu du bétail. C’est vraiment triste, on en parle souvent,
mais les gens qui n’habitent pas dans ces lieux ne connaissent pas la réalité
sur le terrain. Alors qu’il ne faut pas être un docteur en biologie pour se
rendre compte à quel point la situation est alarmante et qu’il faut trouver des
solutions pour y remédier. »
Mais comment
les loups pourront-ils résoudre le problème des chacals trop nombreux ? Viorel
Rosca, le directeur du parc national des monts Macin, explique encore : « Les
loups ne les attaquent pas directement. Mais la simple présence d’une meute de
loups, soit 5-6 exemplaires, peut inhiber les chacals, notamment durant la
période de reproduction. Le loup et le chacal ont la même période de reproduction,
en février et mars, et la même période de gestation. Or, la simple présence des
loups va inhiber la femelle chacal d’un point de vue hormonal. Alors, au lieu d’avoir
8 petits, elle en aura 2 ou aucun. Donc, c’est la structure de la chaîne
trophique qui change pour atteindre un nouvel équilibre. Personne ne souhaite
qu’une espèce disparaisse, chaque espèce a son rôle dans ce circuit et cet
équilibre naturel qui existe entre les espèces. Donc tout dépend du nombre d’individus
de chaque espèce. C’est ainsi qu’il y aura un contrôle naturel, si vous voulez,
de la population de chacals. »
Voilà pourquoi,
de l’avis de l’administration du Parc national des monts Macin, le loup est la meilleure
solution pour tenir sous contrôle les effectifs de chacals qui ont causé de
nombreux dégâts auprès des communautés de la zone. Selon Viorel Rosca, il a été
prouvé dans de nombreuses zone de l’Europe, que là où 6 chacals ont été chassés
et tués, 12 autres sont apparus puisqu’ils avaient plein de nourriture et aucun
rival. C’est pourquoi, la chasse ne résout pas le problème.
Avant de
terminer, précisons que le chacal doré est un mélange de loup et de renard, un
animal de taille moyenne, dont le corps a un mètre de longueur tout au plus et
qui pèse 10 kilos environ. Selon le site « Romania neîmblanzita » (La
Roumanie sauvage), il se nourrit de lièvres, rongeurs, chevreuils, oiseaux et
leurs œufs, grenouilles, poissons, lézards, serpents et insectes. En Roumanie et
en Bulgarie, les chacals attaquent souvent les troupeaux de moutons.