Violence domestique
U Selon l’étude, les types de violence les plus répandus en Roumanie sont : la violence associée aux vols et au brigandage (39,1%), la violence domestique contre les enfants et les personnes âgées (21,5%), la violence conjugale entre conjoints ou partenaires (19,2%), la violence associée au crime organisé (11,7%) et la violence engendrée par des querelles entre des personnes qui ne se connaissent pas (3,4%). L’occasion de constater que les cas de violence domestique, contre ses enfants, son conjoint ou des personnes âgées, sont les plus nombreux, mais aussi que la population est consciente de l’ampleur du phénomène, à la différence des sociétés profondément traditionalistes qui le nient au lieu de le blâmer.
Ana-Maria Cononovici, 11.06.2014, 14:25
Selon le même sondage, environ de 43% des Roumains interrogés affirment connaître de cas récents de violence domestique parmi leurs connaissances ou dans leur région. 44% des participants à l’enquête n’en ont pas entendu parler l’année dernière, alors que 12% ont préféré ne pas répondre à cette question. De l’avis des spécialistes, le fait que presque la moitié des Roumains questionnés soient au courant d’agressions commises dans leurs cercles d’amis, témoigne de l’ampleur du phénomène. Ce qui plus est, 66% des personnes agressées étaient des femmes, 38% – étaient des enfants, 19% – des personnes âgées et 4% – des hommes.
Nous avons invité au micro le psychologue et psychothérapeute Cristian Munteanu pour nous expliquer le terme de violence domestique et la manière dont elle se manifeste en Roumanie: «Les Roumains ne sont pas plus violents que les autres, mais c’est un sujet plutôt tabou pour eux. Il y a plusieurs types de violence domestique, le phénomène est inquiétant, surtout qu’il gagne de plus en plus en ampleur. Il s’agit d’agressions physiques, mais aussi de maltraitances à des niveaux plus profonds. La plupart des fois, c’est l’homme qui est violent et c’est la femme qui souffre. Dès que quelqu’un mentionne l’idée de violence domestique on pense tout de suite que l’homme est l’agresseur et que la femme est la victime. Mais souvent la situation est bien inverse. C’est un sujet très sensible, dont on ne parle que très rarement. Des fois, il s’agit d’une querelle permanente entre les époux, ou bien de critiques permanentes, ou d’un état général de mécontentement à partir du moment où l’on entre dans la maison, des disputes portant sur n’importe quel type de sujet, comme par exemple qui doit laver la vaisselle, qui tient la télécommande et autres. La plupart des conflits ont à l’origine une crise financière, d’autres – la jalousie, des problèmes au travail, les mauvaises notes des enfants, les voyages qui n’ont pas été faits, les promesses ignorées, les critiques en général».
On constate donc, que les frontières de la violence domestique vont au-delà des agressions physiques, pouvant inclure tout type de conflit prolongé. On ne saurait ignorer non plus la violence verbale, les accusations répétées, les offenses occasionnelles ou permanentes, les harcèlements sur différents sujets. Si le résultat de l’agression physique est difficile à cacher, dans les cas de violence psychique, la victime, qu’elle soit femme ou homme, ne se rend même pas compte qu’elle est agressée de manière répétée. En même temps, son estime de soi diminue, la personne en question pouvant développer des problèmes de santé.
Cristian Munteanu explique: «La violence physique est visible : un œil poché, une égratignure, il y a même des cas d’hospitalisation. La police y est impliquée, les voisins sont tracassés, le couple en question est marqué d’une étiquette. S’il y a aussi des enfants, les choses se compliquent, car les petits sont de véritables éponges émotionnelles. A son tour, la violence physique ou verbale est plus corrosive, elle entraîne la baisse des performances à tous les niveaux. Ses victimes tombent malades, la dépression et l’anxiété sont à l’ordre du jour».
Quelle solution pour éviter cette situation ? La communication au sein du couple, l’aide d’un psychologue, la thérapie de couple. Toutefois, cette dernière option n’est pas trop populaire parmi les Roumains. Ils s’adressent au psychologue uniquement dans des situations très graves, lorsque les conflits sont vraiment accentués. Quant à la violence physique, les Roumaines peuvent désormais s’adresser à une agence de sécurité qui se donne pour but de les protéger contre les agressions de leurs conjoints. Sur demande, l’agence surveille le domicile de la victime et est prête à intervenir à tout moment. Ce sont des services gratuits, mis à la disposition des femmes de 7 villes roumaines, à savoir Bucarest, Ploiesti et Câmpina (dans le sud) Deva et Timişoara (dans l’ouest), Galaţi, Brăila et Bistriţa (dans l’est de la Roumanie).
En conclusion, si la plupart des Roumains se déclarent contre la violence physique et les cas de ce type d’agression sont à la baisse, selon le sondage mentionné en début d’émission, la violence émotionnelle reste un sujet sensible. Cette lutte ne fait que commencer. ..(trad. : Valentina Beleavski, Dominique)