Un recensement très attendu
Les Etats membres de l’UE, la Roumanie comprise, auraient dû organiser cette année le recensement de leurs populations et des logements. Avec la pandémie pour toile de fond, l’enquête a été reportée d’une année, tout en étant précédée d’une simulation virtuelle mise en ligne au mois de mars. Concrètement, 50 000 ménages de toute la Roumanie ont été sélectionnés pour participer à un recensement blanc, censé préparer celui de l’année prochaine. Pourquoi une telle démarche ? Catalin Raiu, directeur de communication de l’Institut national de la statistique, explique : « C’est une simulation quasi-obligatoire, menée par tous les Etats membres de l’UE et dont le rôle est de tester les réactions de la population face au questionnaire et aux méthodes employées. C’est aussi une occasion de calibrer d’un point de vue organisationnel les différents instruments de l’enquête afin de remédier les potentielles maladresses avant le recensement réel. »
Roxana Vasile, 25.08.2021, 09:04
Les Etats membres de l’UE, la Roumanie comprise, auraient dû organiser cette année le recensement de leurs populations et des logements. Avec la pandémie pour toile de fond, l’enquête a été reportée d’une année, tout en étant précédée d’une simulation virtuelle mise en ligne au mois de mars. Concrètement, 50 000 ménages de toute la Roumanie ont été sélectionnés pour participer à un recensement blanc, censé préparer celui de l’année prochaine. Pourquoi une telle démarche ? Catalin Raiu, directeur de communication de l’Institut national de la statistique, explique : « C’est une simulation quasi-obligatoire, menée par tous les Etats membres de l’UE et dont le rôle est de tester les réactions de la population face au questionnaire et aux méthodes employées. C’est aussi une occasion de calibrer d’un point de vue organisationnel les différents instruments de l’enquête afin de remédier les potentielles maladresses avant le recensement réel. »
Avec une expérience de plus de 150 ans et 12 recensements menés depuis sa création en 1859, l’Institut national de la statistique s’est vu conférer le mandat d’organiser l’enquête prévue en 2022. La nécessité d’une organisation impeccable est doublée d’une nouvelle ambition, affirme le même Catalin Raiu : « Pour la première fois, la Roumanie, tout comme les autres pays européens, se trouve devant une ambition, si vous me permettez de l’appeler ainsi : à savoir mener une enquête numérique. Autrement dit, ce sera pour la première fois que la Roumanie remplace les questionnaires sur papier que les gens devaient compléter par deux questionnaires en ligne. On a donc mis en place une première étape d’auto-recensement durant laquelle on enverra aussi bien maintenant, pendant la simulation, que l’année prochaine, pendant le vrai processus, un lien vers un questionnaire où les gens pourront compléter tout seuls leurs données. Après, une deuxième étape aura lieu sous forme d’un entretien face à face sur tablette. Cela veut dire que le recenseur se rend chez les gens, il pose les questions et note les réponses directement en format numérique. Les données ainsi obtenues sont téléversées dans une base de données commune avant d’être traitées. »
Si la simulation organisée en mars dernier s’est proposé notamment de tester les instruments dont les statisticiens se serviront par la suite, le but du recensement de l’année prochaine est de répondre, ne serait-ce que brièvement, à la question : « combien de personnes reste-t-il encore en Roumanie ? » Pourtant, quelques précisions s’imposent, surtout en rapport avec les Roumains de la diaspora. Catalin Raiu : « Par définition, un recensement, soit-il en Roumanie ou ailleurs, recense la population résidente, c’est-à-dire celle qui habite sur le territoire de l’Etat en question et qui se propose d’y rester au moins pour les 12 mois à venir. Ce sont là les normes Eurostat, donc celles décidées par l’UE et que l’on ne peut pas changer. Du coup, suite à cette enquête, on pourra apprendre à combien la population résidente de Roumanie se monte, quelle que soit la nationalité ou l’ethnie des habitants. A l’heure où l’on parle, l’Institut national de la Statistique estime le nombre de Roumains vivant en dehors des frontières nationales à 3,3-3,4 millions de personnes. Or, à l’occasion d’un recensement effectué, comme je l’ai déjà dit, simultanément par les Etats de l’UE, on apprendra aussi le nombre de ressortissants roumains de l’Union. Autrement dit, on pourra apprendre le nombre des Roumains de l’étranger à condition de coopérer avec les Instituts de statistique des pays de résidence. »
Les questions sur l’éducation, l’emploi, les revenus, la religion, l’ethnie, le logement ou son équipement permettront aux recenseurs de crayonner le profil du citoyen roumain. Le but d’une telle enquête est avant tout de fournir des informations essentielles et de qualité censées servir aux politiques publiques sociales et économiques, au développement durable des communautés et des villes, au milieu académique et d’affaires, affirme Catalin Raiu :
« Le recensement surprend le profil socio-démographique d’une population. C’est là son principal enjeu : décrire la population vivant sur un certain territoire selon des indicateurs allant de la formation professionnelle et jusqu’au standing, au bien-être de chaque catégorie salariale etc. Il y a aussi des indicateurs plus sensibles, si je peux m’exprimer ainsi, qui présentent de l’intérêt dans la perspective de certaines politiques publiques financées aussi par l’UE. Par exemple, l’appartenance religieuse ou ethnique. Et là, je dois avouer que l’une de nos stratégies vise justement un partenariat renforcé avec les représentants des minorités ethniques et des cultes religieux. Car, par définition, ces organisations sont directement intéressées à avoir un maximum de membres répertoriés à l’occasion d’un recensement. Concrètement, en Roumanie, le financement des cultes pendant les dix années après le recensement se fait en fonction des pourcentages obtenus suite à notre enquête. Cela veut dire que chaque culte religieux est fortement intéressé ou ce sera à nous de susciter son intérêt à figurer avec un nombre de membres proche de la réalité. Encore un exemple : la minorité rom de Roumanie est mécontente parce que, dit-elle, lors des recensements antérieurs, le nombre officiel de Roms ne reflète pas la réalité. Cela est tout à fait possible et du coup, depuis l’année dernière, on a commencé à dialoguer aussi bien avec les autorités publiques qu’avec des ONG pour les convaincre d’intervenir auprès des communautés et leur expliquer qu’il est important que chaque membre assume son ethnie. Car c’est un aspect qui influence directement le montant du financement que ces communautés recevront dans les dix années à venir. Donc ce n’est pas un aspect qui reflète plus ou moins la réalité ou dont le but soit purement scientifique, mais un chiffre aux conséquences directes en matière de politiques publiques et de financement pour les dix années à venir, qu’il s’agisse d’argent public, européen ou extra-européen, par exemple accordé par la Banque Mondiale. »
Du 14 mars au 15 mai 2022, la Roumanie mettra en place l’étape de l’auto-recensement, suivie par une deuxième, entre le 16 mai et le 17 juillet, pendant laquelle les recenseurs se rendront chez les habitants. Les premiers résultats seront rendus publics vers la fin de l’année prochaine, tandis que les chiffres finals seront connus fin 2023, en Roumanie et dans le reste des Etats membres de l’UE. (trad. Ioana Stancescu)