Un marathon pour « Le cœur des enfants »
Ana-Maria Cononovici, 23.04.2014, 12:48
Considérée une véritable épreuve mythique, le Marathon des Sables s’est déroulé ce printemps aussi, du 6 au 12 avril. Depuis 1986, date de sa première édition, cette course à pied est devenue de plus en plus populaire parmi les coureurs, notamment en raison des conditions draconiennes imposées aux participants. Les athlètes sont en autosuffisance, cest-à-dire qu’ils doivent porter leur sac à dos, d’une dizaine de kilos de nourriture, vêtements, sac de couchage et matériel de survie. L’organisation ne fournit que de l’eau, entre 10 et 12 litres par jour, en fonction des étapes, et l’hébergement de nuit, dans des tentes du bivouac. Pour la quatrième édition consécutive et pour la troisième fois appuyé par l’Association Inima copiilor (Le cœur des enfants), le Roumain Paul Dicu a participé à la course de 250 km en six jours, à travers le désert du Sahara.
Qu’est-ce qui a poussé ce coureur à relever un tel défi ? « Comme les années précédentes, j’ai décidé de participer à la course, cette année aussi, pour soutenir l’Association « Le cœur des enfants » qui organise une collecte de fonds au bénéfice des enfants souffrant de maladies cardiaques. C’est grâce à eux que l’Hôpital Marie Curie de Bucarest s’est vu doter d’une section de chirurgie pédiatrique et d’une autre de soins intensifs. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu participer à la course, une raison très pertinente, j’oserais dire. Ce n’est pas une obligation, mais un devoir d’honneur. Puisque les membres de l’Association sont des personnes absolument extraordinaires qui méritent vraiment que je continue à courir.»
Tout a commencé il y a trois ans quand un ami de Paul a voulu savoir si le coureur ne serait pas intéressé de participer à la course au bénéfice de l’Association Le cœur des enfants. A partir de ce moment là, la petite ONG a lancé la campagne « Pas à pas avec Paul. Courir pour aider les enfants cardiaques ». « L’idée de la campagne humanitaire c’était que chaque kilomètre parcouru rapporte à l’Association la somme de deux euros. Mais, le sponsor principal a décidé d’augmenter cette petite somme, ce qui nous a rapporté au final quelque 25.000 euros. Entre 1350 et 1400 personnes, y compris des ouvriers travaillant sur des plates-formes pétrolières, ont accepté de courir au bénéfice des enfants cardiaques, un nombre de coureurs qui a largement dépassé celui des éditions précédentes. C’était vraiment fantastique. J’ai reçu plein de messages d’encouragement de la part des inconnus qui me disaient de tenir bon et de continuer à courir ».
Bien que les conditions soient dures et les participants à cet ultra marathon très persévérants, la course n’est nullement sportive. Détails avec Paul Dicu: « Cette course est conçue comme une histoire de solidarité ; elle ne raconte pas des choses sur vous, sur vos performances, sur le classement, sur les médailles. Ce marathon a été initié par Patrick Bauer, il y a 29 ans ; il a voulu prouver au monde combien il est beau de courir pour une cause et ce que l’on peut faire avec. Depuis, la moitié des participants courent dans le cadre d’actions caritatives ou ayant, eux mêmes, des problèmes de santé. Parmi eux, il y a des malades du cancer, des non-voyants, des gens qui ont perdu une jambe, c’est incroyable ce qui s’y passe. On s’en va avec une perception complètement différente de vos soi-disant problèmes. »
Qu’est-ce qu’on devrait apprendre des expériences de ce genre ? Qu’est-ce que chacun de nous pourrait faire pour aider ses semblables ? Paul Dicu : « Moi, j’inscrirais cette course dans un programme obligatoire. Chaque être humain devrait y participer, pour se rendre compte de ce qu’est l’autre, se rendre compte ce que devrait être la relation avec les personnes qui se trouvent à côté de lui, se rendre compte qu’il ne s’agit pas de lui-même, mais de ce qu’il peut faire pour les autres. Pareillement, la campagne de notre association « Le cœur des enfants » ne nous concerne pas, nous ; il ne s’agit pas de faire savoir qui nous sommes et ce que nous faisons, mais effectivement d’aider les autres. Malheureusement, des enfants avec des problèmes cardiaques ont existé et continue d’exister et tout le monde me demande pourquoi je continue à participer à ce marathon. La réponse est simple : parce qu’il y a encore des enfants cardiaques. Qu’est-ce que cette course nous apprend ? Elle nous apprend à donner, tout simplement, à être généreux sans rien attendre en échange. Il y a des personnes qui ont des problèmes et alors qu’est-ce qu’on peut faire ? On peut courir avec Paul, on peut offrir une somme modique en envoyant un texto au numéro 8861, on peut offrir les 2% de l’impôt sur le revenu pour soutenir une noble cause et comprendre qu’avec cet argent on peut rendre l’existence de ces enfants plus facile. » (Trad.:Ioana Stăncescu, Dominique)