Transports altérnatifs à Bucarest
Le nombre des cyclistes roumains est à la hausse depuis quelques années déjà, tout comme le nombre des magasins consacrés au cyclisme. Pourquoi préférer la bicyclette à d’autres moyens de transport, ce sera à Radu Mititean, président de la Fédération des cyclistes de Roumanie de nous le dire: « Il est tout à fait normal que le nombre de cyclistes augmente puisqu’ils sont de plus en plus nombreux ceux qui se rendent compte que l’auto ne peut pas rester une solution durable pour assurer le déplacement dans les grandes villes. En dehors d’être rapide, le vélo présente l’atout d’ allier santé et écologie. On vit en plein siècle de la vitesse. Et puis, faute de temps, pas mal de citadins renoncent au jogging ou à la natation et finissent par faire du cyclisme leur unique activité physique quotidienne. C’est mon cas d’ailleurs. J’habite à Cluj et le trafic est si dense qu’en voiture il me faudrait une bonne demie heure pour me rendre au boulot, tandis que le vélo me permet d’économiser un petit quart d’heure».
Christine Leșcu, 30.11.2016, 14:56
Une question s’impose pourtant: est-ce que grandes agglomérations urbaines sont prêtes à intégrer ce moyen de transport devenu de plus en plus tendance? Corneliu Belciug, directeur de programmes au sein de l’Association Green Revolution nous en parle: «Pour que le vélo ait une chance de s’ériger en moyen de transport alternatif à Bucarest, il faudrait, en parallèle, décourager la circulation en voiture. On ne pourra jamais parler d’une capitale roumaine aérée, calme, non polluée et au trafic léger si les autorités n’adoptent pas ces deux mesures à la fois. Il faudrait donc limiter le trafic automobile par des taxes et des frais de parking partout dans la ville parallèlement à l’aménagement des pistes cyclables. Or pour l’instant, on est bien loin de tous ces projets».
Malgré des politiques européennes censées encourager la pratique du vélo et en dépit de la disponibilité de Bruxelles d’allouer des fonds à la mise en pratique d’une infrastructure cycliste, les choses traînent, déplore Radu Mititean, président de la Fédération des cyclistes de Roumanie : «Ces dernières années, dans la majorité des grandes et moyennes villes on a entamé des travaux pour y mettre en place une infrastructure adaptée à la pratique du vélo. Malheureusement, les résultats ont été de faible qualité. Les travaux manquent de cohérence, on n’a que des morceaux isolés de piste, trop étroits pour la plupart, dépourvus de continuité et de toute condition de sécurité. On a juste fait mine de respecter les recommandations de Bruxelles. Les pistes n’ont pas l’utilité qu’elles devraient avoir et n’encouragent guère la pratique du vélo. Tout au contraire, elles mettent souvent en danger les cyclistes. Et tout ce dérapage est possible parce que la législation n’impose pas de normes correctes».
Les associations pour la promotion du déplacement à vélo de Roumanie ont vainement essayé ces dernières années à négocier avec les autorités locales les conditions de mise en place d’une infrastructure adaptée et d’une législation adéquate, raconte Radu Mititeanu: «Cela fait plus de 20 ans que l’on s’efforce d’actualiser la législation routière, mais, pour l’instant, on n’a que des promesses de la part des autorités. Plus de deux décennies de démarches n’ont pas encore porté leurs fruits. Pour nos décideurs, le vélo n’est qu’un caprice. Sans auto, le Roumain a le sentiment d’être un citoyen de condition inférieure».
En attendant une réaction de la part des autorités, la société civile a décidé de se mettre en action pour soutenir les cyclistes et les aider à se trouver une place au sein des agglomérations urbaines. Cela fait déjà six ans que l’association «Green Revolution» s’ investit dans la promotion des bénéfices du vélo à travers un système de vélo partage mis en place à Bucarest en collaboration avec la Mairie du 1er arrondissement. Mais ce projet n’est pas singulier, affirme Corneliu Belciug : Nous avons le projet Ivelo avec nos déjà célèbres vélos jaunes en partage, démarré d’abord dans les grands parcs de Bucarest et ensuite dans d’autres villes. On a également instauré un projet de vélo en libre service à l’intention des étudiants. Ceux-ci se sont vu mettre à leur disposition, gratuitement, des vélos censés permettre le déplacement entre les foyers étudiants et les universités. On ne saurait oublier le projet «Le vélo à cravate» par lequel on a encouragé les salariés des multinationales à pédaler en leur apportant des vélos directement sur les lieux de travail. L’année dernière, on a également démarré un projet européen intitulé Bike2Work et puis on a mis en place le premier système automatisé de vélo partage de Bucarest. Il y a des vélos à louer dans les principales stations de métro et près des abribus des principaux quartiers de la ville. C’est un projet qu’on espère prolonger en 2017 aussi et qui s’adresse à tous ceux qui souhaitent se rendre d’un endroit à l’autre en 30 minutes tout au plus. C’est un service pour le déplacement rapide et trente minutes s’avèrent suffisantes».
A l’heure actuelle, les associations pour la promotion du vélo espèrent collaborer avec les autorités locales afin de faciliter la vie des cyclistes en ville.