Soutien pour les enfants réfugiés ukrainiens
Plus de deux ans après l'invasion russe de l'Ukraine et les premières arrivées de réfugiés ukrainiens, la Roumanie s’est dotée de programme à leur attention.
Christine Leșcu, 04.09.2024, 08:48
L’organisation non gouvernementale « Salvati copii », Sauvez les enfants en français, a contribué à cet effort dès le début. En effet, selon les données fournies par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, depuis le début de la crise jusqu’à aujourd’hui, environ 5,245 millions de citoyens ukrainiens sont entrés en Roumanie, et Salvati copii a aidé environ 354 700 personnes, dont près de 180 000 enfants. En fait, près de la moitié des réfugiés sont des enfants qui sont venus ici principalement avec leurs mères et leurs grands-mères, dont les principales préoccupations sont l’absence de revenus stables provenant d’un emploi et la barrière de la langue.
Les mères célibataires n’ont personne à qui confier leurs enfants
La nécessité d’une intégration à long terme de ces familles est donc devenue une priorité par rapport à la période du début de la guerre, explique Leonard Andreescu, chef de projet à Salvati copii. « En février, nous avons lancé un questionnaire auquel les personnes ukrainiennes dont nous nous occupons ont répondu et qui a mis en évidence certains besoins. Le besoin d’une aide financière apparaît assez fréquemment, dans au moins 23 % des cas, suivi d’un soutien pour l’accès aux services médicaux et aux cours de roumain. De nombreuses structures ont été créées dans le secteur non gouvernemental. Malheureusement, les besoins en matière de cours de roumain et de services périscolaires pour les enfants ne sont toujours pas suffisamment pris en compte par les autorités. Ces services sont généralement demandés par les mères célibataires qui n’ont personne à qui confier leurs enfants pour pouvoir aller travailler. Si nous examinons les statistiques et les résultats de l’enquête sociologique que nous avons menée, nous constatons que les pourcentages sont en quelque sorte corrélés : le besoin de services périscolaires pour les enfants apparaît chez 13 % des personnes interrogées et l’aide à la recherche d’un emploi chez 12 % d’entre elles. On peut donc identifier ce groupe de demandeuses d’emploi qui ont besoin d’activités périscolaires pour leurs enfants, parce qu’elles ne sont pas en mesure de les laisser dans un endroit sûr. Elles n’ont personne à qui les confier et ne peuvent donc pas trouver d’emploi. »
Pour les aider, « Salvati copii », en partenariat avec la mairie du secteur 6 de Bucarest, a récemment ouvert un centre de jour pour les enfants des réfugiés ukrainiens. Ils peuvent y passer du temps en toute sécurité après l’école, jusqu’à ce que leurs mères puissent venir les chercher. Leonard Andreescu apporte quelques précisions sur ce service. « Notre soutien ne se limite pas à ce centre de jour. Nous soutenons également les enfants d’âge préscolaire, en prenant en charge les frais d’inscription à la crèche et au jardin d’enfants, si besoin. Nous assurons également le transport des enfants, afin que les parents puissent les emmener soit à l’école soit dans notre centre le matin, en fonction du programme scolaire de l’enfant, et les récupérer le soir. »
Le centre de jour du 6e arrondissement de la capitale n’est pas le seul de ce type géré par Salvati copii.
Il en existe d’autres à Bucarest et dans tout le pays, ouverts en collaboration avec les autorités locales. Tous les services y sont gratuits. Leonard Andreescu : « Au centre, les enfants bénéficient d’un repas chaud, de soutien scolaire, de cours de roumain adaptés aux étrangers, d’activités de cohésion sociale, mais aussi de soutien psychologique afin de les aider à surmonter certains problèmes émotionnels. Nous avons identifié chez beaucoup d’entre eux des problèmes, parfois très graves, des problèmes émotionnels, causés bien sûr par cette rupture avec la vie ordinaire, avec les lieux qu’ils connaissaient, avec la famille, avec le reste de la famille, avec leur père. Les activités de ce type les aident beaucoup à surmonter le sentiment d’être des étrangers parce qu’ils ne parlent pas la langue, la tendance à s’isoler parce qu’ils se sentent de toute façon mis à l’écart. Un aspect très important de ce centre est qu’il n’est pas seulement ouvert aux enfants ukrainiens. Nous accueillons également des enfants roumains issus de familles défavorisées, de familles monoparentales, qui ont les mêmes difficultés à trouver un emploi parce qu’ils n’ont personne à qui confier leurs enfants. Ils peuvent alors mettre leurs enfants dans ce centre. Les activités sont menées en commun. Bien sûr, nous les aidons à communiquer. Nous avons des médiateurs culturels qui parlent roumain, russe et ukrainien et des enseignants qui connaissent bien les méthodes d’enseignement ukrainiennes et roumaines. Ces conditions visent à aider les enfants à s’intégrer, à se faire des amis roumains ce qui peut leur donner un sentiment de normalité et de sécurité et enfin à les aider à surmonter les problèmes émotionnels dans la mesure du possible. »
Pour l’instant, le centre de jour ne peut pas accueillir plus de 40 personnes.
La demande est pourtant bien plus importante, les enfants ukrainiens ayant des difficultés à s’intégrer dans les écoles roumaines. Leonard Andreescu : « C’est extrêmement difficile pour eux. C’est pourquoi 90 % d’entre eux se contentent d’assister aux cours. Il existe une période pouvant aller jusqu’à un an pendant laquelle ils peuvent assister aux cours, mais sans être obligés d’y assister tous les jours et sans être notés. Il s’agit d’une période tampon qui les aide à s’habituer au programme, à la langue et à leurs camarades de classe. Au bout d’un an maximum, ils doivent être inscrits, comme les autres élèves, et participer aux activités éducatives. Ils y a aussi des enfants qui fréquentent une école ukrainienne en ligne, c’est-à-dire qu’ils ne vont pas à l’école ici en Roumanie, mais ils sont très peu nombreux, ce sont des exceptions. »
Actuellement, environ 79 000 citoyens ukrainiens restent enregistrés en Roumanie.