Soutien à l’enseignement rural
. Et non seulement la situation ne s’améliore pas, mais toujours plus d’élèves semblent quitter prématurément le système éducatif. Selon les statistiques de l’UE, l’année dernière, le taux d’abandon scolaire atteignait 18,5% en Roumanie, chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. La situation la plus grave est enregistrée à la campagne, où le décrochage scolaire est plus fréquent que dans les villes.
Christine Leșcu, 08.11.2017, 13:49
Les décalages entre les milieux urbain et rural ont été mis en évidence par l’étude « Investir dans l’éducation des enfants du milieu rural », lancée cet automne par la Fondation World Vision România. Gabriela Onofrei, manager de la fondation, explique : « Selon les données fournies par le ministère de l’Education, le décalage entre les taux de participation à l’éducation en milieu urbain et rural est de 24%. Dans les villages et les communes, une école sur dix ne réussit pas à garder dans le secondaire tous ses élèves ayant terminé le primaire. Plus de la moitié des écoles du milieu rural perdent des élèves après les 8 premières années d’étude. Le plus grand nombre de décrocheurs scolaires est enregistré parmi les lycéens. Un peu plus d’un quart des lycées seulement ne sont pas confrontés à ce phénomène. Plus de 40% des jeunes ayant abandonné leurs études après les 8 premières années de scolarité restent dans les communautés rurales respectives et s’occupent des travaux domestiques.
Malheureusement, l’abandon scolaire n’est pas le seul problème grave auquel l’enseignement est confronté en milieu rural. Les résultats de l’Evaluation nationale 2017 – un test que les élèves passent après les 8 premières années d’études, avant d’entrer au lycée – montrent que le niveau moyen de performance des élèves du milieu rural est inférieur de 1% à celui enregistré en milieu urbain. En fait, les problèmes s’accumulent et s’aggravent précisément au passage à ce nouveau cycle d’enseignement qu’est le lycée. Le décrochage scolaire s’amplifie, notamment en milieu rural, où les lycées sont beaucoup moins nombreux et les élèves doivent parcourir de grandes distances pour les fréquenter. Gabriela Onofrei : « Il est très difficile pour un jeune du milieu rural de fréquenter un lycée, situé généralement loin de chez lui. Plus de 18% des jeunes interrogés ont déclaré que leur lycée est dans une zone difficile d’accès et qu’ils mettent parfois 1 h 30 pour arriver à l’école. Le décalage entre les résultats scolaires des élèves étudiant en milieu rural et en milieu urbain est lui aussi significatif. A l’évaluation nationale, trois fois plus d’élèves du milieu rural ont obtenu de mauvaises notes – en dessous de 5 (sur 10) – alors que le nombre de bonnes notes – supérieures à 8 – a été 20 fois plus grand en milieu urbain.
Pour encourager les élèves à poursuivre leurs études, depuis 10 ans, la fondation World Vision mène le programme « Je veux être en première année de lycée ». Durant cette période, plus de 1300 élèves ont reçu des bourses sociales mensuelles accordées par un sponsor, pour ne pas abandonner le lycée. Par le biais d’un autre programme, « Pain demain », on offre aux élèves du primaire un repas chaud et de l’aide pour les devoirs. Une autre difficulté vient s’ajouter, en milieu rural, à celles déjà mentionnées : le nombre insuffisant d’enseignants, car beaucoup habitent d’autres localités et font la navette. De grandes disparités sont également enregistrées entre la qualification des enseignants en milieu rural et en milieu urbain. Les enseignants ayant une expérience dans le domaine éducatif et qui ont obtenu leur doctorat ou l’agrégation sont massés dans les villes, alors qu’en milieu rural on trouve surtout des enseignants avec ou sans CAPES. Ema Barbă, chargée de communication pour le programme Teach for Romania : « Du point de vue statistique, 96% des enfants nés en milieu rural n’accèderont jamais à l’enseignement supérieur. S’il s’agit d’enfants ethniques rom, le pourcentage atteint 99%. En même temps, en milieu rural, les ressources humaines sont limitées – et je parle notamment du nombre d’enseignants. Les villages ne comptent pas parmi les préférences des professeurs qui choisissent la localité dans laquelle ils vont enseigner. Aussi, de nombreux postes y restent-ils vacants. Ce manque doit lui aussi être comblé pour que les enfants de ces zones aient accès à un enseignement de qualité.
Pour remédier à cet état de choses, les initiateurs du programme Teach for Romania – faisant partie du réseau international Teach for All – organise des activités visant à attirer et à intégrer des professionnels dans les écoles du milieu rural. Les candidats semblent ne pas manquer – à en juger d’après le nombre de ceux qui se sont inscrits à la présélection ou qui ont suivi le programme. Ema Barbă : « 66 professeurs sont actuellement intégrés à notre programme. Nous comptons déjà deux générations qui ont achevé la formation de deux ans et qui exercent déjà une activité dans et pour l’enseignement. Nous sommes présents dans plus de 70 écoles de 12 comtés. Un millier de personnes ont déposé leur candidature pour devenir professeurs Teach for Romania. Nous avons été émerveillés de constater qu’un si grand nombre de personnes capables de faire n’importe quel autre travail ont choisi de devenir professeurs dans l’enseignement public, notamment dans les zones défavorisés.
Le programme comporte 4 étapes. Les deux premières visent à former les enseignants, la troisième consiste à enseigner effectivement pendant deux ans. La 4e étape est au choix ; à la fin de la 3e étape, les enseignants Teach for Romania peuvent soit poursuivre leur activité pédagogique, soit s’orienter vers des domaines connexes, leur permettant de soutenir la réforme du système éducatif de Roumanie. (Aut. : Christine Leşcu ; Trad. : Dominique)