Solutions pour l’intégration des jeunes sans diplôme, sans formation et sans emploi.
Bucarest a accueilli au mois de mars une série d’événements consacrés à la situation des NEET, ces jeunes âgés de 15 à 24 ans, sans diplôme, sans formation et sans emploi. Mal insérée et avec un avenir professionnel hypothétique, cette catégorie recense un taux inquiétant par rapport à la population active de Roumanie. Contrairement au reste des pays européens où la moyenne des jeunes sans emploi et hors du système scolaire est à 12%, en Roumanie ce taux se situe à un 18% inquiétant, selon des statistiques datant de 2011. Concrètement, ils seraient entre 400 et 500 milles, un chiffre qui ne prend pourtant pas en compte les jeunes non recensés par les institutions compétentes. Dans ce contexte, le groupe de réflexion Social DOers a organisé une conférence nationale, l’occasion pour lancer la plateforme
Luana Pleşea, 12.04.2017, 14:10
La coalition européenne de défense des droits des jeunes NEET. Financée par le programme européen Erasmus+ et lancée à Bruxelles en janvier dernier, cette idée met en lumière le caractère européen de la question des jeunes sans emploi et sans formation. Car tous les pays membres s’y confrontent plus ou moins, lance Veronica Stefan, présidente du groupe Social Doers : «Par cette initiative-pilote, nous nous penchons sur la situation des NEET dans six Etats dont la Roumanie. Le projet prend aussi en compte le cas de pays tels la Grande Bretagne ou l’Autriche où le taux des NEET est bien faible. S’y ajoutent le Portugal, l’Italie et la Belgique. Cela nous a permis de constater qu’il faut déployer des efforts communs pour solutionner le problème. Une plateforme nous permettrait de réunir autour d’une même table les ONG qui se battent pour ces jeunes, les partenaires sociaux et les décideurs politiques. C’est donc une initiative qui concerne aussi bien les ONG, que les syndicats, les patronats et les députés européens, puisque ce sont eux qui assurent la participation des citoyens aux décisions européennes.»
Victor Negrescu figure parmi les députés européens préoccupés par l’avenir des jeunes, surtout des ceux inactifs. Bien que l’UE ait lancé plusieurs programmes à leur intention, le député roumain reste pourtant réservé : «Il faut préciser que la plupart de ces programmes ont un caractère global et général. Or, nous avons besoins d’un plus grand nombre d’approches ciblées sur les jeunes NEET, afin que cette catégorie de la population européenne, forte de quelque 21 millions de personnes, ressente vraiment les bénéfices qui en découlent. Lors des débats menés à Bucarest, j’ai essayé de plaider en faveur de programmes reposant sur les besoins personnalisés de ces jeunes, besoins que nous devrions mieux identifier au niveau local.»
A l’heure où l’on parle, le nombre des jeunes roumains inactifs avoisine les 500.000. Un chiffre qui, rapporté au pourcentage des actifs, ne semble pas trop inquiétant. En fait, la situation est beaucoup plus grave. Au fur et à mesure que ces jeunes prennent de l’âge, ils restent inactifs et deviennent de plus en plus nombreux. Si le taux est de 18% dans le cas des moins de 25 ans, ce pourcentage monte à 25% pour les moins de 30 ans et se maintient autour de 20% dans le cas des personnes inactives âgées de moins de 35 ans. Nous voilà donc confrontés à toute une génération de jeunes vivant en marge de la société. Une réalité qui nous coûte cher, s’inquiète Veronica Stefan : «Une agence européenne estime qu’en 2011, la Roumanie dépensait, ou plutôt perdait environ 2 milliards d’euros, soit 1,54% de son PIB. Cela signifie que près d’un demi-million de jeunes roumains recevaient une aide sociale minimale, sans produire la moindre contribution à la richesse nationale. Autrement dit, chaque année, les jeunes de moins de 25 ans produisent une perte économique d’environ 2 milliards d’euros. »
Si nous ajoutons à ce tableau le phénomène du vieillissement de la population, visible en Roumanie, mais aussi à travers l’Europe, phénomène qui s’accompagne du besoin d’avoir le plus grand nombre d’individus actifs, nous comprenons mieux à quel point la recherche de solution est importante, y compris par le biais de la plateforme La coalition européenne de défense des droits des jeunes NEET. Veronica Stefan, présidente du groupe Social Doers, explique : «Ce que nous espérons obtenir par la mise en dialogue de tous ces partenaires c’est d’abord une implication plus grande des ONG qui devraient profiter de leur rôle pour essayer de rapprocher les NEET des institutions publiques. Car, une fois arrivés en marge de la société, ces jeunes ne réussissent pas à s’en sortir tous seuls et, parfois, ils renoncent à le faire. Ensuite, on essaie de convaincre les institutions d’adopter une politique beaucoup plus flexible. Jusqu’à présent, on a surtout privilégié des projets à durée plutôt fixe et financés par des fonds structurels, et du coup, on a oublié ce qui se passe effectivement avec tous ces jeunes. Il serait important de mettre en place des programmes continus, qui proposent une approche plus personnalisée.»
Il est donc nécessaire de commencer par identifier tous ces jeunes sans emploi et hors système scolaire pour leur offrir par la suite des solutions en fonction de leurs problèmes individuels. Parallèlement, il nous faut lancer des programmes nationaux soutenus par des politiques publiques.