Solutions pour les enfants restés en dehors du système d’éducation
Christine Leșcu, 03.07.2013, 15:13
Sujet important pour les institutions européennes, l’abandon scolaire est devenu un thème de débat public en Roumanie. Le principal but n’est pas d’établir l’ampleur du phénomène mais de trouver des solutions pour l’endiguer. Or, pour cela il faut une collaboration entre les autorités habilités de plusieurs domaines: éducation, protection sociale et développement local. C’est pourquoi l’abandon scolaire a fait l’objet d’une ample recherche intitulée: « Tous les enfants à l’école jusqu’en 2015, initiative globale visant les enfants restés en dehors du système éducatif.» Cette étude réalisée sous l’égide de l’UNICEF est fondée sur une méthodologie commune aux 26 Etats participants — la Roumanie comprise.
Le rapport concernant notre pays a été élaboré avec le concours des ministères de l’Education et du Travail, de l’Institut national de la statistique et de l’Institut des sciences de l’éducation.
Les auteurs se proposaient d’étudier le contexte de l’abandon scolaire, de déterminer une prise de conscience quant aux conséquences du phénomène et d’avancer des solutions. Or, pour ce faire, il faut en connaître l’ampleur et les causes, qui ne sont pas intrinsèques à l’enseignement.
Sandie Blanchet, représentante de l’UNICEF en Roumanie, met en exergue une partie de ces causes. « Les enfants se trouvant au seuil de l’abandon scolaire sont ceux provenant de familles très pauvres, d’habitude du milieu rural, ceux qui appartiennent à l’ethnie rom ou qui sont touchés par une déficience. Le système éducatif devrait se focaliser sur la prévention de l’abandon plutôt que sur les mesures d’intervention. Nous devons nous assurer que ces enfants sont inscrits à l’école et qu’ils y restent. »
Les conséquences à long terme de l’abandon scolaire affectent l’ensemble de la société et l’économie d’un pays. Selon les données fournies par l’Institut national de la statistique, 52% des jeunes ayant abandonné très tôt leurs études se sont retrouvés plus vite au chômage.
Les différences enregistrées entre les régions du pays sont une autre preuve du fait que l’abandon scolaire est un problème social. Le taux d’abandon scolaire varie en fonction de la situation économique et ethnique de la zone en question. Dans les localités où l’ethnie rom représente plus de 5% de la population, le taux est sensiblement plus grand. Sandie Blanchet nous propose d’autres chiffres. « Le taux d’abandon scolaire a atteint les 17,5% et il est en hausse. Selon l’agenda Europe 2020, la Roumanie se propose de le ramener à 15% jusqu’en 2014 et à 11% à l’horizon 2020. Vu que l’abandon scolaire est influencé par des facteurs sociaux, tels la pauvreté, l’état de santé, l’alimentation et l’environnement familial, des solutions transversales sont nécessaires au niveau sectoriel. Au niveau local, les écoles, les assistants sociaux, les mairies doivent collaborer pour le prévenir. La qualité de l’enseignement pose, lui aussi, des problèmes. En Roumanie, 40% des jeunes de 15 ans ont un faible niveau d’alphabétisation, contre 15% en Pologne et 18% en Hongrie. La solution ? Des professeurs qualifiés et motivés et un curriculum scolaire qui mette l’accent sur le développement des compétences et non pas sur la mémorisation d’informations. La Roumanie alloue à l’Enseignement 3,5% du PIB, contre 5% en Pologne et en Hongrie.»
Pourtant, les statistiques concernant l’abandon scolaire peuvent être trompeuses si l’on ne connaît pas le contexte dans son ensemble, ainsi que les modalités de calcul du taux d’abandon. Ciprian Fartuşnic, chercheur à l’Institut des sciences de l’éducation, explique la manière dont ce taux est calculé en Roumanie. « Nous vérifions le nombre d’enfants inscrits dans une école en septembre et celui des enfants qui achèvent l’année scolaire en juin. Le taux d’abandon est donc calculé en comparant ces chiffres. Ce que cette étude apporte de nouveau, c’est le fait que l’on tâche de savoir combien d’enfants devaient être inscrits. Ce faisant, on constate que leur nombre est supérieur à celui des élèves inscrits. Avec le concours de l’Institut national de la statistique, nous avons appris combien d’enfants devraient entrer dans l’enseignement préscolaire ou primaire. Nous avons également dressé le bilan des enfants inscrits à l’école et nous avons comparé les chiffres. Conclusion : le nombre d’enfants inscrits dans la première classe du primaire est inférieur à celui résultant des données démographiques. Dans les classes supérieures, le phénomène s’accentue. Dans le primaire, plus de 55 mille enfants de 7 à 10 ans se trouvent en dehors du système éducatif. Même situation dans l’enseignement secondaire, où tous les jeunes figurant dans les statistiques démographiques ne se retrouvent pas dans celles du système d’enseignement. »
En utilisant la méthode de calcul des institutions de l’UE, le phénomène acquiert de nouvelles dimensions et doit être compris différemment. Ciprian Fartuşnic : « Au niveau de l’UE, on ne compare pas les taux d’abandon entre Etats membres, parce qu’il y a d’importantes différences méthodologiques. Il existe, ainsi, une méthode qui fait un calcul par cohortes, suivies sur plusieurs années d’étude. L’indicateur utilisé, c’est ce taux d’abandon précoce de l’école. Cela se cible sur une certaine tranche d’âge, les 18 à 24 ans. Pourquoi ? Parce que c’est là que l’on s’attend à trouver des jeunes qui ont un niveau d’éducation de base. Si l’on calcule de cette manière, on peut constater qu’un jeune sur 5 n’a même pas réussi à achever les 10 classes de l’enseignement obligatoire ».
Quelle que soit la méthode de calcul, les solutions pour l’abandon scolaire présupposent la coopération de plusieurs institutions et ne peuvent occulter des statistiques telles que celles incluses dans l’étude nationale « Tous les enfants à l’école jusqu’en 2015, initiative globale visant les enfants en dehors du système d’éducation ». (Trad. : Dominique)