Sois ton propre Chef
En Roumanie, les anciens orphelinats s’appellent, de nos jours, « centres de placement », justement pour mettre en exergue leur caractère transitoire. Théoriquement, de là, les enfants sont soit adoptés, soit placés auprès de différents assistants maternels. Bien des fois, il arrive que ces enfants n’aient pas de chance, et là, le centre de placement devient leur foyer dès l’enfance et jusqu’à 18 ans. Dès lors, les orphelins sont censés se débrouiller tout seuls dans un monde inconnu et dépourvus de tout soutien matériel. Souvent, ils manquent de formation professionnelle spécifique, et ont besoin de se faire embaucher pour avoir un revenu. En l’absence de moyens, ils doivent trouver un logement. Considérés adultes, ils doivent se débrouiller pour vivre, même si le centre de placement ne les a pas formés pour cela.
Christine Leșcu, 26.06.2013, 13:19
En Roumanie, les anciens orphelinats s’appellent, de nos jours, « centres de placement », justement pour mettre en exergue leur caractère transitoire. Théoriquement, de là, les enfants sont soit adoptés, soit placés auprès de différents assistants maternels. Bien des fois, il arrive que ces enfants n’aient pas de chance, et là, le centre de placement devient leur foyer dès l’enfance et jusqu’à 18 ans. Dès lors, les orphelins sont censés se débrouiller tout seuls dans un monde inconnu et dépourvus de tout soutien matériel. Souvent, ils manquent de formation professionnelle spécifique, et ont besoin de se faire embaucher pour avoir un revenu. En l’absence de moyens, ils doivent trouver un logement. Considérés adultes, ils doivent se débrouiller pour vivre, même si le centre de placement ne les a pas formés pour cela.
Afin de prévenir la déroute et les refus auxquels les orphelins peuvent se heurter sur le marché de l’emploi, l’Association pour l’activation des droits de l’homme, ADO Roumanie, a mis en place un projet. 12 jeunes du Centre de placement n° 5 de Periş, comté d’Ilfov, seront formés à titre gracieux pour devenir cuisiniers. A la fin des cours, les initiateurs du projet les mettront en rapport avec des employeurs potentiels.
L’avocate Elena Corciu, fondatrice de l’association ADO Roumanie, décrit ainsi le projet « Sois ton propre chef »: « Nous souhaitons imprimer une direction à la vie de certains adolescents qui sont obligés de vivre dans un orphelinat jusqu’à leur majorité. En sortant de là, ils se heurtent à la vie réelle, brutale et injuste, où le drame, l’impuissance et l’échec sont les bornes naturelles de leur destin. « Sois ton propre chef » vise à conseiller du point de vue motivationnel et professionnel et à faire l’orientation professionnelle d’un premier groupe de 12 jeunes qui s’apprêtent à quitter le Centre de placement n° 5 de Periş, dans le comté d’Ilfov. Fournir des services de conseil et d’assistance juridique gratuite vise à établir des relations directes avec les employeurs de la communauté en vue de l’embauche des jeunes ».
« Sois ton propre chef » est un projet lancé par un chef célèbre en Roumanie, Cezar Munteanu, qui n’est pas au premier programme humanitaire de sa carrière. Le chef Cezar a également cuisiné pour les enfants d’Afrique et a pris part à des actions charitables aux Etats Unis. En Roumanie, il a aidé les toxicomanes désireux de revenir à une vie normale et les enfants roms. Maintenant, il s’est investi dans le projet de Periş : « Nous sommes dans la phase où les 12 enfants vont bénéficier de toute notre maestria. Qu’il s’agisse de conseils psychologiques, de gastronomie, les enfants vont bénéficier plus tard d’un programme de suivi très attentif. Il ne faut pas croire qu’ils seront abandonnés après la fin de ce programme. La finalité de ce projet, c’est de créer le premier restaurant social de Roumanie, destiné aux enfants de milieux défavorisés ».
Le projet « Sois ton propre chef » bénéficie du soutien des autorités locales. Bogdan Pantea, directeur exécutif de la Direction générale de Sécurité sociale et de Protection de l’enfance du département d’Ilfov espère que cette initiative serve d’exemple aux futurs partenariats: « Cette stratégie motivationnelle et professionnelle s’accompagne d’une procédure occupationnelle. Nous avons rencontrés des jeunes inadaptés puisqu’ils ont du mal à se débarrasser d’un style de vie propre au centre de placement, le seul qu’ils ont connu jusqu’à 18 ans. Or, la Direction générale de Sécurité sociale et de protection de l’enfance espère collaborer avec l’ADO ou avec d’autres associations, à la mise en place de projets à même d’offrir une intégration correcte de ces jeunes âgés de 18 ans ».
Nicu a 16 ans et il est élève en troisième au Centre de placement de Peris. Il n’y a pas vécu depuis toujours, seulement après la mort de sa mère. Il sait jouer de la flûte, mais il est conscient que cela ne suffirait pas pour se débrouiller dans la vie. Qu’est-ce qu’il pense des cours de cuisine? « Ca me plaît. Dans la vie, on ne doit pas mettre tous les oeufs dans le même panier. On doit essayer de faire plusieurs choses. Pendant les classes de cuisine, j’ai appris à faire des frites et à choisir les légumes pour la soupe ».
Pourtant, la première chose qu’il aimerait bien faire une fois sorti du Centre de placement serait de retrouver sa famille, notamment son frère aîné âgé de 21 ans : « J’aimerais bien renouer les relations avec eux. C’est dur pour moi de ne pas avoir de leurs nouvelles. Surtout de mon frère que j’aimerais bien revoir. Lui, il m’a rendu déjà visite trois ou quatre fois. Dès que le temps lui permet, il vient me voir au centre ».
A la différence de Nicu, Nicoleta ne connaît pas sa famille. Agée de 18 ans, elle devra quitter bientôt le centre qu’elle habite depuis l’âge de « …8 ans. Avant, je fus dans un centre de Buftea où j’ai eu beaucoup de peine. Ma mère n’a pas voulu de moi. J’ai essayé de la retrouver, mais en vain. Deux ans, j’ai énormément souffert. Et puis, un beau jour, je me suis dit qu’il faudrait m’occuper de ma vie. J’ai fait un cours de serveuse avant de suivre ce cours de cuisine ».
Nicoleta sait déjà préparer de la salade de bœuf, du caviar d’aubergines, des boulettes de viande hachée ou encore de la soupe. Mais le désir d’avoir un métier n’a pas été le seul qui l’a poussée à bien travailler au cours. Nicoleta: « Finalement, les femmes finissent par se marier et elles doivent savoir préparer une soupe quand leur mari souhaite en manger. Le mari ou l’enfant. Moi, je ne vais jamais renoncer à mon enfant, car j’ai tellement souffert que je ne supporterais pas qu’il souffre aussi. Je vais garder mon enfant près de moi et je vais bien le soigner et lui apprendre des choses pour la vie ».
Le projet « Sois ton propre chef » a débuté par une session de conseil psychologique de 12 adolescents qui se verront offrir un cours de cuisine jusqu’en septembre. (trad.: Ligia Mihaiescu)