Quels défis pour la nouvelle année scolaire ?
Christine Leșcu, 20.09.2022, 14:17
Au début de l’été, le ministre de l’Education a lancé un
débat autour d’une série de modifications importantes portant sur les lois
relatives à l’Education. Un projet controversé qui a généré une levée de
bouclier aussi bien chez les professeurs que chez les élèves et leurs parents.
Toutes les polémiques semblent mener au même constat : un taux élevé d’abandon
scolaire, d’analphabétisme fonctionnel et d’échec au baccalauréat. Le débat
fait rage alors que l’heure est à chercher des solutions, mais les propositions
faites par le ministère ne semble satisfaire ni les parents, ni les
professeurs.
Parmi elles, l’instauration de deux examens distincts à
la fin du collège. D’abord, les élèves en année terminale de collège, à l’âge
de 15 ans, doivent passer un examen obligatoire appelé Evaluation Nationale, puis
il faudra avoir un 2e examen pour accéder à ce que l’on appelle en
Roumanie un « collège national », qui est en fait un autre type de
lycée. Ces établissements appartiennent au système public et remplissent un
certain nombre de critères pour bénéficier du statut de « collège
national ». Pour beaucoup, ils sont considérés comme des établissements
élitistes.
L’idée d’organiser un examen différent pour intégrer ces
lycées, soutenue par les représentants de ces établissements, n’a pas été bien
accueillie par la Fédération nationale des parents d’élèves, comme nous
l’explique son président, Iulian Cristache : « Nous sommes la seule fédération à jouir d’une
représentation à l’échelle nationale. C’est pour cela que lorsqu’une décision
importante est prise, qu’un changement profond est opéré par le Ministère de
l’Education, nous effectuons un sondage. Et énormément de personnes ont pris le
temps de répondre à nos sondages au cours des deux dernières années. Par
exemple, plus de 65 000 personnes ont répondu à celui sur la modification
du projet de loi portant sur les modalités d’évaluation et d’admission, proposé
par le ministère de l’Education. Si l’on en croit les résultats, 65 % des
parents s’opposent à un tel projet. La fédération est du même avis. Si un tel
projet était validé, les élèves admis dans ces institutions avec des notes
supérieures à 9,8/10 formeraient des classes d’excellence. Quel intérêt
d’instaurer un nouvel examen d’entrée et de mettre encore davantage de pression
sur ces élèves sur une période aussi courte ? A peine l’Evaluation Nationale terminée
(à la fin du collège), ils devront repasser un nouvel examen, encore plus
difficile, deux semaines plus tard. Un examen qui, de surcroit, comprend de
nouvelles matières qui seront approuvées par le Conseil d’administration de
l’école. »
L’une des autres inquiétudes que soulève cette
proposition : les inégalités socio-économiques entre les milieux urbains
et ruraux, mais aussi entre les grandes et plus petites villes. Ces écoles d’élite
sont situées dans les grandes villes. Pour la plupart, les élèves qui y sont
admis sont issus de familles capables de leur assurer un logement en ville et
de leur payer les cours particuliers dont ils ont besoin pour préparer leur
examen d’entrée. Beaucoup de professeurs estiment donc qu’un examen
supplémentaire ne ferait que creuser davantage ces inégalités.
C’est du moins le cas de Doru Căstăian, professeur de
sciences humaines au lycée Dimitrie Cuclin de Galati (est) : « Pour moi il s’agit d’une mesure
discriminatoire qui ne fera que révéler davantage les failles déjà profondes du
système actuel. Nous avons toutefois apporté quelques nuances : une telle
mesure ne serait pas nécessairement mauvaise si elle garantissait les bonnes
conditions pour que de tels examens soient étendus à l’ensemble du système
éducatif. En revanche, que l’on permette à ceux qui le peuvent déjà de passer
un examen supplémentaire alors qu’il existe déjà une évaluation nationale, pour
nous, cela n’apporte rien de bon. Au contraire, cela risque d’aggraver encore
davantage la situation. »
A tout cela s’ajoute un ample débat
sur l’importance des moyennes durant les années de collège, qui jusqu’ici
comptaient pour l’admission au lycée et désormais ne seront plus prises en
compte. Mais les modifications ne se limitent pas au seul accès au lycée. Tous
les autres examens sont visés, dont notamment le Baccalauréat.
Malgré les nombreuses voix contre, le
débat public portant sur les modifications de la loi s’est achevé à la fin du
mois d’août. Le gouvernement choisira d’apporter ou non les amendements au
texte de loi, qui fera ensuite l’objet d’un vote au Parlement. (Trad. Charlotte
Fromenteaud)