Quand le destin vous tombe dessus
Une fois la faculté terminée, Laura et son camarade ont mis sur pied un petit cabinet vétérinaire, espérant, du haut de leurs 20 ans, de pouvoir mettre fin au problème des chiens errants de Roumanie. La suite a dépassé toutes leurs attentes : en 2016 voyait le jour leur association qui désormais soigne annuellement des milliers d’animaux. Aide aux animaux.
Roxana Vasile, 04.12.2024, 10:28
Un destin inattendu
À l’université, on la surnommait ʺla fille aux chiensʺ. Étudiante à l’École nationale d’études politiques et administratives de Bucarest en 2010, Laura Fincu a rencontré Sache dans des circonstances tragiques : jeté du haut d’un étage de la résidence universitaire où elle vivait, Sache, qui n’était alors qu’un chiot, a été gravement blessé et a dû passer des mois dans le plâtre, sous la garde de Laura et de ses amis.
Aujourd’hui, près de 15 ans plus tard, elle s’en souvient :
« Nous l’avons emmené dans le foyer et Sache est devenu notre mascotte. Tout le monde s’occupait de lui, il a eu beaucoup d’amis. Nous avons essayé de changer la réalité du foyer universitaire, de le laisser différent de ce que nous avions trouvé. Et nous avons réussi ! Je n’avais pas beaucoup de connaissances dans ce domaine, j’étudiais la communication et les relations publiques, j’étais sur un chemin différent dans la vie et je ne savais pas exactement ce qu’il fallait faire avec les animaux errants. Et finalement, quand j’ai quitté le foyer, j’ai trouvé des adoptions pour 15 chiots et j’ai laissé le foyer complètement vide de chiots errants ».
La force du rêve
Et ce n’est pas tout ! Sachez que Sache a totalement changé la vie de Laura Fincu. Après avoir terminé ses études, Laura et une de ses collègues ont décidé d’ouvrir un petit cabinet vétérinaire, croyant, à l’aube de la vingtaine, qu’elles allaient résoudre le problème des animaux errants en Roumanie. La suite a dépassé leurs espérances : en 2016, l’association qui porte encore aujourd’hui le nom de Sache est née et s’est développée… C’est l’association Sache Vet.
Laura Fincu poursuit:
« Il a toujours été bien plus qu’un simple chiot. Nous sommes des gens très rationnels, nous sommes une équipe médicale ancrée dans la réalité, mais Sache a créé beaucoup de magie autour de lui. Je pense que le plus beau moment de ma vie a été quand j’ai réalisé que grâce à Sache, une énorme équipe de personnes ont mis leur vie et leurs compétences au service du bien. Et ce n’est pas tout ! Il a sauvé des dizaines de milliers d’animaux. Il est un souvenir ou un symbole qui nous fait nous réveiller le matin, pleins de motivation. D’un vétérinaire, nous sommes passés à six médecins, une équipe médicale de 16 personnes, 100 000 animaux stérilisés en 8 ans, des milliers d’animaux soignés chaque année et maintenant la construction d’une clinique sociale ».
Un projet pour venir au secours du plus grand nombre
En Roumanie, 80 % des familles ayant des animaux de compagnie n’ont pas les moyens de leur offrir des soins vétérinaires adéquats et les coûts restent élevés même pour les personnes ayant des revenus moyens. Quant aux animaux des rues, trop peu sont ceux qui ont la chance de rencontrer des sauveteurs et la plupart des drames quotidiens ne sont pas racontés. Mais l’association Sache Vet soigne gratuitement tout animal, même s’il est à la rue ou si ses maîtres n’ont pas les moyens de payer. Et elle s’efforce d’accroître sa capacité à aider les animaux dans le besoin en construisant – comme vous venez de l’entendre – la première clinique vétérinaire sociale de Roumanie.
Située dans la commune de Tărtășești, dans le département de Dâmbovița, l’hôpital vétérinaire Sache pour les urgences majeures prodiguera des soins gratuits aux animaux errants et à ceux issus de familles défavorisées. Pour le reste des clients, il offrira des services à des prix sociaux afin de soutenir le programme de gratuité : plus de 90 % des bénéfices seront réinvestis dans la cause, et le reste dans des améliorations.
Laura Fincu :
« Il y a aussi une catégorie de personnes qui sont capables de beaucoup de violence envers les animaux et nous existons pour ces animaux, pour les plus vulnérables, pour ceux qui ont besoin de nous pour vivre un jour de plus. Après trois ans de lutte, il est presque prêt : l’hôpital est achevé à 90 %. Il reste encore du travail à l’intérieur, mais on sent que le plus dur est derrière nous et c’est effectivement un rêve qui devient réalité. Nous sommes tout près à présent de ce nouveau départ. Notre travail est basé à 90% sur la chirurgie, nous faisons des stérilisations gratuites depuis 8 ans. En effet, pour nous la prévention est essentielle, nous considérons qu’il est extrêmement important de réduire le nombre d’animaux errants. L’hôpital comprendra, outre la chirurgie, le laboratoire, la radiologie, etc., un centre de formation pour les vétérinaires et les étudiants, car il est très important pour nous de partager ce que nous savons ».
La médecine vétérinaire sociale, plus que nécessaire
La demande étant très forte, le concept de médecine vétérinaire sociale semble plus que nécessaire. Laura Fincu :
« Nous sommes également une entreprise sociale, une ONG, et il était très important pour nous d’introduire ce concept dans la médecine vétérinaire. C’est une nécessité, la demande est énorme. Nous encourageons de plus en plus de vétérinaires à essayer d’opérer de cette manière, parce que c’est incroyablement gratifiant et nous leur assurons qu’il y a beaucoup plus de gens qui les rejoindront qu’ils ne peuvent l’imaginer ».
En effet, Laura Fincu nous parle avant tout des sentiments qui nous lient tous et nous incitent à venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin, fussent-ils des compagnons à quatre pattes… (Trad. Clémence Lheureux)