Quand j’ai envie de pain, je mange du pain !
Luiza Moldovan, 14.09.2022, 13:31
Pour
les Roumains, le pain est une affaire très sensible. Si pendant les périodes de
famine d’après-guerre, ils auraient tué père et mère pour obtenir un crouton, ils
sont aujourd’hui, à l’heure de la consommation à outrance, de plus en plus
exigeants. Sous le tristement célèbre régime communiste de N. Ceauşescu, on
considérait que le pain noir était mauvais. Alors qu’on lui prête aujourd’hui
des vertus nutritives exceptionnelles. Mais nous avons un autre problème :
le pain noir contient des colorants. Il fait ou non grossir, il est bon pour la
santé ou au contraire ne l’est pas assez, comment faire ? Quoi qu’on en
dise, les Roumains adorent le pain, et ne se mettent jamais à table sans lui.
Nous avons
rencontré le coach fitness Andrei Neagu, qui nous explique pourquoi il est préférable
de ne pas en consommer :
« C’est
une question que l’on me pose régulièrement à la salle de sport. Aussi bien mes
clients que les réguliers qui viennent à la salle, ou ceux qui cherchent
simplement une réponse. Il n’existe pas de bon ou de mauvais pain. Par contre,
il n’existe qu’un seul produit qui n’apporte rien du tout sur le plan
nutritionnel : ni pour maigrir, ni pour gagner en masse musculaire, ni
pour se maintenir en forme. Pourquoi ? A cause de son indice glycémique
très élevé. L’indice glycémique du glucose est de 100. Celui du pain de 70.
Demandez-vous dans un premier temps ce que vous apporte un produit qui pèse
500-600 gramme et coûte environ 1,50 – 2 lei (environs 40 cts d’euros). Que
contient un tel produit ? Voilà la question qu’il faut commencer par se
poser. »
Vous aurez probablement
constaté que le pain que nous achetons ne moisit pas, même après plusieurs
jours sur votre table. Andrei Neagu nous explique comment le processus de
fabrication du pain influence le produit fini :
«Voilà encore
une question pertinente : la fabrication du pain. Chez soi, on y met ce
que l’on veut. Il existe une kyrielle de recette pour faire son pain pour5, 20
ou 30 lei (entre 1 et 6 euros). Vous pouvez utiliser de la farine de seigle, de
blé complet, d’avoine, d’orge, rajouter des graines, bref, tout ce qui vous
fait envie. Mais gardez à l’esprit qu’en terme de proportion, les usines
utilisent à 70-80 % des aditifs, des pré mélanges, des stabilisateurs, pour que
le pain soit bien moelleux, sans grumeau, et surtout encore frais au 5ème
jour. Et cela n’a rie de normal pour un produit dérivé de la farine, qu’elle
soit blanche ou complète. »
Le levain a
actuellement le vent en poupe. Certaines
campagnes publicitaires, rondement menées, sur internet, nous ont
progressivement influencés, pour nous convaincre que le pain au levain est de
qualité supérieure sur le plan nutritionnel. Et ce n’est pas tout : Andrei
Neagu explique que le pain au levain ne vaut pas mieux que le pain
habituel :
« Ce sujet,
celui du levain, fait vraiment débat. Mais le levain est un agent de
fermentation permettant à la pâte de lever. Tous, dans le domaine du sport
comme dans les autres, nous recherchons la même chose. Quelque chose qui nous
fasse du bien, nous réconforte. Je le reconnais moi-même volontiers : je
n’arrive pas à manger du caviar d’aubergine ou du caviar tout court sans pain.
C’est impossible. Nous sommes aussi en quête de produit plus originaux, moins
communs, mais en vérité la démarche est la même. La valeur nutritionnelle est
la même, et cela ne change rien à notre poids, à notre corps. Le résultat est
le même, qu’il y ait ou non un processus de fermentation. »
Il est temps que
les Roumains se voient dispenser une meilleure éducation nutritionnelle. Voilà
le point de vue d’Andrei Neagu, qui souligne que quelques soient nos choix
alimentaires, tous ont des conséquences sur notre corps :
« En Roumanie, nous n’avons aucune
éducation nutritionnelle. Grâce à internet, on peut se renseigner et trouver
des informations de son côté, et pourtant cela n’emballe personne.
Pourquoi ? Car le pain est synonyme de plaisir. Cela génère une forme de
dépendance. Il nous réconforte et apporte un sentiment de bien-être.
Pourquoi ? Grâce à son fameux indice glycémique élevé. C’est pour cette raison que nous, les
Roumains, nous n’arrivons pas à nous en passer. Nous n’avons pas envie de nous
fixer cet objectif. Nous n’avons pas envie que ça change. Et nous continuons à
nous dire « je n’ai qu’une vie, je veux manger, boire, et me sentir bien ».
Mais cela devient compliqué au moment où notre corps n’est même plus capable de
nous porter jusque chez le médecin. Avec un diabète de type de 2 par exemple.
Dans ce cas ci, il faut complètement renoncer au pain blanc, et à beaucoup
d’autres choses. »
Le pain alourdit
le corps et ralentit l’activité cognitive. Son indice glycémique élevé peut
vous faire atterrir chez le médecin. En d’autres termes, le pain n’est pas un
aliment à consommer au quotidien. Andrei Neagu :
« Oui le pain fait grossir. Tous les
types de pains d’ailleurs. Complet, blanc, ou avec des graines. Il fait
grossir. Et je vous le dis en tant que sportif, mais aussi en tant
qu’entraîneur, que personne qui a voulu changer ses habitudes alimentaires,
atteinte de rachitisme : le pain ne m’a pas aidé. Je mange beaucoup, je
suis très gourmand, je préfère manger du poulet, des brocolis avec du riz,
plutôt que deux tranches de pain qui, je le sais, va faire du mal à mon
organisme, même si sur le moment cela me fait plaisir. Mon corps va le subir
ensuite, dans mon activité quotidienne, dans les efforts que je fais, pendant
mes entraînements. Bref, dans toutes mes activités en salle ou à l’extérieur.
Le pain n’apporte rien de bon à notre organisme. »
(Trad : Charlotte Fromenteaud)