Propositions visant à améliorer la situation des seniors
La démence doit être reconnue comme un problème de santé publique en Roumanie“, voilà le message lancé il y a quelques semaines lors de la Conférence nationale sur la maladie d’Alzheimer, qui a également mis en place une stratégie d’action pour la période 2014-2020.
România Internațional, 19.03.2014, 13:28
A travers le monde, toutes les 4 secondes une personne est diagnostiquée comme atteinte de la maladie d’Alzheimer. En Roumanie, sur près de 270 mille personnes souffrant de cette maladie, seulement 35 mille reçoivent ce diagnostic et dans la plupart des cas, cela arrive dans les phases tardives. Même si les médecins spécialistes ont intérêt à poser un diagnostic précoce de cette maladie, leur démarche n’aboutit pas en raison du système de santé défaillant.
Voici les propos du docteur professeur Cătălina Tudose, présidente de la Société roumaine de lutte contre la maladie d’Alzheimer: « Le premier pas c’est la création d’un département interministériel regroupant les représentants des 5 ou 6 ministères impliqués dans la planification des ressources financières et humaines censée permettre la mise en place d’un système d’assistance. Dans un deuxième temps, il faudrait instituer, au sein de ce département, des groupes de travail chargés d’évaluer la situation. Si l’on pense aux nombreux jeunes médecins, frais émoulus de la faculté, qui n’ont pas d’emploi actuellement et qui sont spécialisés en neurologie, psychiatrie ou gériatrie, on voit bien que l’on pourrait créer des centres de diagnostic. Ensuite, il faudrait créer le Registre national des patients souffrant de cette maladie, améliorer la loi ou bien initier des projets législatifs censés défendre les droits de ces patients. Evidemment, tout cela ne saurait être fait en un mois ou en une année, mais nous envisageons de mettre en place ce plan d’action avant 2020. D’ici là, on pourrait agir sur d’autres plans aussi, penser, par exemple, aux moyens d’endiguer la migration des médecins. Voilà ce que je trouve essentiel pour élaborer un plan d’assistance médicale à l’échelle nationale. »
Le docteur Bogdan Popescu, représentant de la Société de neurologie de Roumanie, détaille le parcours du patient atteint de démence et ses besoins: « On estime qu’une majeure partie de ces personnes n’est pas diagnostiquée. Pour ce faire, il vous faut tout d’abord des médecins spécialisés, mais malheureusement ceux en mesure d’établir le diagnostic de la démence ne sont pas en nombre suffisant. Puis, il faut disposer d’une capacité technologique appropriée, vu qu’un tel diagnostic repose sur un tas d’examens dont les coûts sont relativement importants. Viennent ensuite les soins proprement – dits. La phase initiale de la maladie suppose un certain traitement médicamenteux, entièrement remboursé par le ministère de la santé. Dans un deuxième temps, les patients ont du mal à se débrouiller tout seuls, sans pour autant nécessiter de l’hospitalisation. A ce stade-là, dans d’autres pays européens on prévoit déjà un aidant. En phase finale, le handicap du patient est tellement sévère qu’il a besoin d’être placé dans un établissement de santé spécialisé. D’où la nécessité de disposer d’un nombre suffisamment grand de places pour accueillir les patients en phase terminale de la maladie. Autrement dit, il faut avoir des établissements capables d’assurer l’hospitalisation sur le long terme de ces malades et des personnels qualifiés”.
Les spécialistes des maladies neurodégénératives avertissent contre lincidence de la démence au sein de la population âgée de plus de 60 ans même après 2050. Selon des études menées au niveau mondial, une forme de démence se manifeste chez 10% des personnes ayant dépassé lâge de 65 ans et chez plus de 40% des personnes de plus de 85 ans. Le maître de conférences Gabriel Preda, président de la Société roumaine de gériatrie et gérontologie, insiste sur lampleur du phénomène, sur la toile de fond du vieillissement démographique global: « En Roumanie, en 1990, 10% de la population, donc un sur 10 Roumains, avait plus de 65 ans. En 2008, les chiffres tournaient autour de 15%, soit un sur 7 Roumains, alors quen 2011 16,1% de la population dépassait les 65 ans. Cela se traduit par une croissance importante, brusque, du nombre de personnes qui puissent développer une forme de démence. Le pourcentage des personnes aux âges extrêmes progresse plus rapidement en Roumanie, comme dans la plupart des pays, d’ailleurs, se situant autour de 80 – 85% des habitants. Cest pourquoi nous avons besoin dun système cohérent de soins de type progressif, adapté aux différentes étapes de lévolution de la maladie, allant des formes légères jusquaux cas sévères ».
Le traitement de la démence compte parmi les priorités des dirigeants de lespace communautaire. Plusieurs directives appellent les responsables des 28 à se pencher avec davantage dattention sur les soins des personnes touchées de maladies neurodégénératives.
Annette Dumas, représentante de lAssociation Alzheimer Europe: « Au niveau européen, le vieillissement de la population est un défi à relever par tous les Etats membres de lUnion. Cela nous oblige à créer des services de soins médicaux à longue durée et à élargir laccès des personnes âgées au diagnostic et au traitement. Le vieillissement de la population ne devrait plus être considéré comme un fardeau. Mais pour ce faire, nous avons également besoin de changer les mentalités ».
En Europe, environ 13 millions de personnes souffrent dAlzheimer. La démence, 7e cause de décès dans les pays ayant un revenu national élevé, a causé la mort de la moitié des patients touchés de troubles neuropsychiques. (trad. : Mariana Tudose, Valentina Beleavski)