Projets visant la promotion de la lecture
Le faible appétit des Roumains pour la lecture n’est pas sans effet sur le marché du livre imprimé, qui connaît une baisse progressive, se classant dernier dans l’UE. Ceci étant, différentes associations, bibliothèques et maisons d’édition mettent en place des projets censés encourager la lecture au sein du large public.
România Internațional, 14.05.2014, 13:13
Le faible appétit des Roumains pour la lecture n’est pas sans effet sur le marché du livre imprimé, qui connaît une baisse progressive, se classant dernier dans l’UE. Ceci étant, différentes associations, bibliothèques et maisons d’édition mettent en place des projets censés encourager la lecture au sein du large public.
La campagne « Roumanie, lis-moi! » a débuté l’année dernière dans le contexte où, en l’absence d’une stratégie nationale de développement de la culture écrite, l’industrie éditoriale a du mal à promouvoir le livre et la lecture. Lucia Ovezea, présidente de l’Association des Diffuseurs de Livres de Roumanie: « Différentes activités ont été prévues, à destination notamment des plus jeunes, car ce sont surtout eux qui doivent être attirés vers le livre et la lecture. Nous avons choisi les élèves de CM2 que nous avons invités à participer à un concours de lecture. Il a été organisé dans une cinquantaine d’écoles de Bucarest, dans toutes les écoles de la ville de Târgoviste, et dans la ville de Câmpina. Nous avons essayé de donner une dimension nationale à cet événement. Cette année, en l’absence de fonds suffisants, l’Association des diffuseurs de livres qui est en fait membre de la Fédération des éditeurs et diffuseurs de livres de Roumanie, a pris le relais et poursuivi cette campagne. Elle est parvenue à mobiliser plus d’une vingtaine d’écoles de la capitale. En mai, les enfants participeront à l’étape municipale, la remise des prix étant prévue, tout comme en 2013, dans le cadre du Salon du livre Bookfest. »
Alors que les jeunes d’aujourd’hui passent la majeure partie de leur temps devant l’ordinateur, Victor Miron, un jeune de Cluj Napoca, a eu l’initiative d’une campagne visant à encourager la lecture sur Facebook. Intitulée « Les livres sur les visages », la campagne a eu comme point de départ le concept – selfie, prévoyant la création d’un « livre-selfie », soit une image où le visage de celui qui prend sa photo est dissimulé par le livre qu’il est en train de lire. L’initiative a rencontré un véritable succès, attirant de nombreuses appréciations. « Je suis arrivé à convaincre la librairie Bookstory de Cluj à faire des réductions de 10% aux personnes dont les profils sur Facebook les présentent en train de lire un bouquin. C’était en février et la nouvelle s’est répandue très vite. Le premier site annonçant cette remise a été aimé, en quelques jours seulement, par 2000 utilisateurs, ce qui témoigne de l’intérêt suscité par cette initiative. En plus, des centaines de personnes s’étaient déjà créé des profils pareils après la publication de ce premier article ».
Mais Victor Miron ne s’est pas arrêté à ces profils selfie: « Notre intention a été de faire découvrir aux gens des livres dans des endroits inattendus. Ainsi, nous avons mis en place une bibliothèque dans un garage qui offre à ses clients un livre en échange. Selon le slogan de cette action, une voiture, aussi belle qu’elle soit, ne saurait procurer les sensations qu’un bon livre est à même de procurer à ses lecteurs. De même, un cabinet dentaire de Cluj Napoca a une offre inédite pour les clients qui aiment la lecture. Ces derniers peuvent bénéficier d’un discount de 10% du prix du traitement s’ils font un check-in Facebook au cabinet et précisent le livre qui les a fait sourire. Nos actions sont donc inédites et censés faire sortir les gens de la monotonie et les amener à parler des bouquins d’une façon intéressante. On sait que les gens réagissent très bien aux gratuités. C’est pourquoi nous avons proposé à la Mairie de Cluj que le premier dimanche du mois, le voyage en bus de tous ceux qui lisent un bouquin soit gratuit. Les autorités ont affirmé vouloir tester ce concept dans le cadre d’une Foire du livre et il a déjà été mis en place lors de la Journée internationale du livre. Quiconque avait sur soi un bouquin bénéficiait d’accès gratuit au Jardin botanique de Cluj Napoca. Dans ce cas aussi nous avons eu de très beaux résultats. L’annonce a été faite par une simple affiche sur Internet, visualisée en quelques jours seulement par 32 mille personnes, grâce à ceux qui ont partagé cette image annonçant la gratuité. 1230 personnes ont visité le Jardin botanique, ayant sur eux un bouquin ».
Marquée le 23 avril, la Journée mondiale du livre est devenue au fil du temps un événement incontournable pour les Roumains passionnés de lecture. Rassemblements, lectures publiques, flashmobs – nombreuses furent les activités organisées pour loccasion et censées encourager la redécouverte du livre. Toutefois, les Roumains ne consacrent aux spectacles, au cinéma ou aux visites d’expositions quune heure et demie en moyenne par mois, la lecture ne bénéficiant que de 13 minutes par jour, ce temps diminuant avec lâge, relèvent des chiffres publiés par lInstitut national des statistiques. Lucia Ovezea explique: « Nous vivons dans un environnement mondialisé, il y a Internet, linformation circule énormément, les loisirs et les activités visant à développer limagination ont trouvé dautres débouchés. Il est tout à fait naturel, par conséquent, que la lecture ne tienne pas le pas, étant jugée obsolète ou même décédée par nombre de nos contemporains. Ainsi va la vie, il y a dautres générations… La lecture reste, néanmoins, très importante pour dautres personnes, pas moins nombreuses. Malheureusement, il sagit dun pourcentage moindre par rapport à dautres pays européens, mais cest ça la réalité. Globalement, le livre marque le pas ou même recule peu à peu, progressivement ».
La réalité virtuelle conquiert progressivement les jeunes générations, les éloignant de la page écrite. Certes, il y a encore des livres qui suscitent toujours lintérêt des élèves – il sagit des manuels, mais pour combien de temps ? (trad. : Alexandra Pop, Andrei Popov)