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Projets sociaux dans le quartier de Ferentari

Ferentari est le quartier le plus pauvre de la capitale roumaine, le plus mal famé et confronté aux plus grands défis : violence domestique, prostitution, consommation et trafic de drogues, analphabétisme. Les enfants qui naissent et grandissent dans ce quartier ont-ils vraiment des chances de mener une vie normale ? Plusieurs projets sociaux y sont menés pour venir en aide à ces enfants, ainsi qu’aux adultes roms qui y vivent. Ionuţ Oprea est acteur. Il y a 6 ans, il a commencé à organiser, en tant que bénévole, des ateliers de théâtre au Club d’éducation alternative. Ces ateliers font partie d’un projet de l’ONG Policy Center for Roma and Minorities.

Projets sociaux dans le quartier de Ferentari
Projets sociaux dans le quartier de Ferentari

, 01.08.2018, 13:18

Ferentari est le quartier le plus pauvre de la capitale roumaine, le plus mal famé et confronté aux plus grands défis : violence domestique, prostitution, consommation et trafic de drogues, analphabétisme. Les enfants qui naissent et grandissent dans ce quartier ont-ils vraiment des chances de mener une vie normale ? Plusieurs projets sociaux y sont menés pour venir en aide à ces enfants, ainsi qu’aux adultes roms qui y vivent. Ionuţ Oprea est acteur. Il y a 6 ans, il a commencé à organiser, en tant que bénévole, des ateliers de théâtre au Club d’éducation alternative. Ces ateliers font partie d’un projet de l’ONG Policy Center for Roma and Minorities.



Le club a été créé à l’intention des enfants en situation de risque qui vivent dans des zones précaires – de véritables ghettos – de ce quartier. Engagé par hasard dans ce programme, Ionuţ Oprea a réussi, au fil du temps, à dépasser les différences culturelles et à se rapprocher de ces enfants, pour lesquels le théâtre est devenu une sorte de thérapie : « Je suis venu avec mon système de valeurs et de connaissances, avec mon éducation, et je me suis retrouvé dans un monde un peu à l’envers, où mes valeurs n’étaient pas celles des autres. Dans « mon monde », l’éducation est considérée comme quelque chose de naturel et de bénéfique, dont on souhaite pouvoir bénéficier le plus possible. Or, ici, on doit convaincre les gamins avec lesquels on travaille et leurs parents que l’éducation est une voie à suivre et qu’elle peut être la solution pour sortir de leur situation difficile. Franchement, je ne sais pas si j’ai déjà réussi à les convaincre. Tout ce que je peux faire, c’est de m’y présenter chaque jour et de dire les mêmes choses. Et d’insister. Personne ne peut garantir mon succès, personne ne peut garantir que j’ai changé quoi que ce soit. »



Et pourtant, les efforts de Ionuţ commencent déjà à porter leurs fruits et ses résultats confirment la valeur de son travail : « Nicoleta est un de mes plus grands succès. Dès le début, j’ai remarqué chez elle une attitude envers la vie, envers moi et envers le théâtre qui m’a fait penser qu’elle pouvait devenir leader. J’ai vu sa façon d’interagir avec les autres et la façon dont les autres interagissent avec elle… C’est bien elle qui me donne le plus d’espoir, car elle s’informe, elle a commencé à écrire, elle compose de la musique. Elle s’est déjà mise à écrire une pièce de théâtre… Et Nicoleta n’est qu’un exemple. Il y a dans la troupe d’autres gamins qui commencent, après plusieurs années de travail, à se découvrir des aptitudes, à trouver leur place au sein de la troupe : l’un d’entre eux a assumé le rôle de régisseur technique, un autre s’occupe de l’affiche et de l’image, un troisième est responsable de la discipline pendant les répétitions… Chacun découvre son rôle dans la troupe. Et ces choses-là m’incitent à continuer. »



Nicoleta Ghiţă, un des grands succès de Ionuţ Oprea, a 18 ans et elle avait déjà commencé à suivre des cours de théâtre avant l’arrivée de Ionuţ dans le quartier de Ferentari. Toute petite, elle a senti que le théâtre était sa passion et elle a prouvé son grand talent. Elle a dû surmonter des moments très difficiles et elle travaille depuis l’âge de 15 ans : « A présent je peux dire que je me sens épanouie, d’une certaine façon, car j’ai beaucoup évolué. Cet enfant insupportable que j’étais, qui n’aimait personne et que personne n’aimait, est devenu un être agréable, gentil avec les autres et qui a des amis. J’en suis arrivée à aimer les autres ! C’est un changement radical. Et quand je vois que Ionuţ est fier de moi, cela me rend, à mon tour, fière de moi-même. Au bout de 3 ou 4 mois, durant lesquels Ionuţ n’a pas cessé de me dire que je devais commencer à écrire des histoires, j’ai fini par m’y mettre, puisqu’il insistait tant. Ce faisant, j’ai constaté que de cette façon je pouvais m’exprimer et me libérer. Certaines des histoires, je les poste sur Facebook, d’autres je les écris pour moi-même, pour me libérer de mes frustrations, de mes problèmes, pour savoir où j’en suis… A part l’écriture, je suis passionnée de musique. J’aimerais m’orienter vers la musique et le théâtre. »



Daniela Vlăsceanu a 34 ans. Elle est née et elle a grandi dans ce quartier et elle a 3 enfants. Depuis plus de 8 ans, elle s’est engagée dans des projets en faveur des personnes qui ont besoin d’aide. En juin 2016, elle a contribué à la création, dans le quartier de Ferentari, d’un centre communautaire ouvert à toute la communauté, bien entendu. Elle y organise des activités éducatives et distractives avec les enfants, organise des fêtes, collecte des dons… A présent elle souhaite collecter de l’argent pour emmener les enfants dans une colonie de vacances. Elle travaille avec un groupe de 25 enfants, âgés, pour la plupart, de 6 à 12 ans. Elle souhaite les accompagner « jusqu’au bout », c’est-à-dire jusqu’à les voir inscrits au lycée et à la fac. De nombreux adultes viennent au centre communautaire, pour chercher de l’aide, soit parce qu’ils n’ont pas de papiers, soit parce que leurs enfants sont consommateurs de drogue. Le principal problème ? La pauvreté, bien sûr. Daniela Vlăsceanu : « A cause de la pauvreté, il n’ont pas d’assurance maladie, ils ne peuvent pas aller voir un médecin, bénéficier d’hospitalisation. Ils n’ont aucun revenu. Ils sont malades et démunis… Je n’ai pas changé le quartier de Ferentari et je ne pourrai pas le faire, mais je pense que chacun de nous peut contribuer d’une façon ou d’une autre: aider quelqu’un à obtenir des papiers d’identité, s’engager dans un projet proposé par d’autres organisations… A présent, une telle organisation offre de la nourriture à 5 personnes âgées une fois par semaine. Au moins ça ! Une fois par semaine, que quelqu’un leur porte deux sacs d’aliments, c’est pas beaucoup, mais c’est plus que rien. Ou quand ils n’ont aucun papier et qu’on les aide à obtenir un certificat de naissance ou une carte d’identité et qu’ils puissent ensuite aller se faire soigner ou demander une pension… »



Depuis quelque temps, plusieurs ONGs sont actives dans le quartier de Ferentari, offrant un accompagnement aux gens qui ont besoin de papiers d’identité et les conseillant en tant que consommateurs. Quels changements seraient les plus nécessaires dans ce quartier ? « Je ne sais même pas par où commencer. On a besoin d’emplois, pour que les gens puissent gagner leur vie, d’écoles mieux entretenues, pour que le plafond des salles de classe ne s’effondre pas. Il y a plusieurs écoles dans le quartier, mais ce sont des écoles du niveau de… Ferentari. Les enfants vont à l’école, mais ils ne semblent pas y apprendre beaucoup de choses. Je pense qu’on a besoin d’enseignants avec une meilleure formation, de polycliniques, pour ne plus parler d’un hôpital, car ce serait trop pour Ferentari. »(Aut. : Luana Pleşea; Trad.: Dominique)

(sursa foto pixabay@Vertax)
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