Premier recensement numérique en Roumanie
Roxana Vasile, 16.02.2022, 14:53
Depuis 2021, plusieurs recensements similaires ont été
faits dans les différents Etats membres. Les résultats permettent ainsi d’avoir
une idée précise de la population de chaque pays, mais aussi de la population
de l’UE dans son ensemble.
En Roumanie, la première étape, qui se déroule entre le 1er
février et le 13 mars, est d’ordre logistique. Les informations administratives
sont compilées pour créer une base de données servant de point de départ pour
le bon déroulement du recensement. La 2ème étape d’auto-recensement
se déroulera du 14 mars au 15 mai. Enfin, la 3ème étape aura lieu
entre le 16 mai et le 17 juillet, durant laquelle environ 25 000 agents
vont collecter les données au cours d’entretiens individuels.
Pour la première fois dans l’histoire de la Roumanie, la
collecte et le traitement des données seront intégralement informatisées.
Cătălin Raiu, directeur de la communication de l’Institut
national de la statistique, nous raconte en détail : « Pour la
première fois dans l’histoire de notre pays, et c’est le cas d’autres Etats
membres de l’UE, nous avons l’ambition de relever un nouveau défi :
effectuer notre premier recensement numérique. En d’autres termes, fini le
célèbre formulaire en papier que les recensés devaient remplir, il a été
remplacé par le numérique. Pour nos citoyens, l’une des étapes consistera à
cliquer sur un lien vers le formulaire d’auto-recensement, qu’ils pourront
eux-mêmes compléter avec les données nécessaires. La deuxième étape sera quant
à elle un entretien en face à face, rendu possible grâce au numérique en
utilisant des tablettes. Le recenseur se rend directement chez les habitants
pour compiler leurs réponses qu’il enregistre directement grâce à la tablette.
Ces données, préenregistrées pendant la phase d’auto-recensement ou ajoutées
par l’agent recenseur, viennent alimenter la base de données, et feront ensuite
l’objet d’une analyse. »
Les Roumains qui choisiront l’auto-recensement pourront
compléter le formulaire depuis n’importe quel smartphone, tablette, PC ou
ordinateur. Le formulaire sera disponible en roumain, mais aussi dans les
langues des autres communautés linguistiques du pays ainsi qu’en anglais. Les
mairies mettront à disposition des assistants afin de venir en aide à ceux qui
éprouveraient des difficultés sur le plan technique. Ceux qui souhaitent
procéder par auto-recensement auront droit à un jour de congé. Ceux qui
refuseraient toutefois de prendre part au recensement pourront écoper d’une
amende. Les autorités ne s’appuient pas sur la coercition mais misent au
contraire sur l’attitude positive des citoyens et espèrent qu’au moins 35% de
la population optera pour l’auto-recensement.
Que mesure-t-on pendant ce type de recensement ?
Cătălin Raiu nous explique : « Par définition, et pas seulement
chez nous, c’est la même chose ailleurs, un recensement est un dénombrement
détaillé de la population d’un pays. C’est-à-dire des habitants qui résident
sur le territoire pour une période d’au moins 12 mois. Il s’agit de la
méthodologie d’Eurostat, de l’UE, qui ne peut pas être modifiée. Nous saurons
ainsi qui sont les citoyens qui résident sur le territoire roumain, quelle que
soit leur nationalité ou leur ethnie. L’Institut national de la statistique
estime qu’à l’heure actuelle près de 3,3 ou 3,4 millions de ressortissants
roumains résident à l’étranger. Ce recensement, comme je l’expliquais, va
s’effectuer simultanément et de la même manière partout dans l’UE, ce qui nous
permettra de déterminer combien de ressortissants roumains résident en Roumanie
ou en dehors. Nous disposerons de telles informations si nous collaborons, si
nous échangeons des informations avec les instituts des autres Etats
membres. »
Mentionnons que les citoyens roumains résidant à l’étranger
pour une durée inférieure à 12 mois peuvent se faire recenser en complétant le
formulaire en Roumanie. Dans le cas contraire il leur est possible de
participer au recensement dans leur pays d’accueil.
A l’échelle européenne, un tel recensement permettra de
hiérarchiser les Etats membres en fonction d de leur nombre d’habitants. A
l’heure actuelle, la Roumanie occupe la 6ème place du classement de
l’UE. Malheureusement, la situation démographique des dix dernières années
pourrait bien la faire chuter au 7ème rang. En Roumanie, les
recensés devront fournir des informations détaillées sur leurs études, leur
emploi, leur ethnie, leur religion, entre autres. L’objectif étant de récolter
des informations essentielles pour la mise en place de politiques publiques
dans les domaines du social, de l’économie, du développement durable, de
l’enseignement ou encore des entreprises.
Cătălin Raiu nous en dit plus : « Le recensement permet d’avoir une meilleure appréhension du
profil sociodémographique de la population. C’est là tout l’enjeu – savoir à
quoi ressemble la population sur le territoire d’un pays grâce à des
indicateurs allant de la formation professionnelle au niveau de vie, en passant
par le bien-être de chaque catégorie professionnelle etc. Il existe également
des indicateurs, disons, plus sensibles ou très intéressants au regard de
certaines politiques publiques financées également par l’Union européenne.
C’est le cas par exemple de la question de l’appartenance ethnique des
individus ou d’autres indicateurs qui ne sont pertinents qu’au niveau national,
comme l’appartenance religieuse. L’une de nos stratégies vise précisément une
relation plus étroite avec les représentants des minorités ethniques et des
confessions religieuses. Ce sont en effet des organisations qui ont intérêt à
profiter du recensement pour porter à leur maximum leur nombre de membres. »
Ces recensements, organisés tous les 10 ans, sont les
seuls leviers par lesquels l’État peut obtenir des informations importantes,
parfois extrêmement intimes, concernant l’appartenance ethnique ou religieuse
des Roumains. Afin de les encourager à se mobiliser, les représentants des
minorités nationales et des 18 cultes religieux de Roumanie seront invités à
discuter mensuellement tout au long de cette première étape et jusqu’à la fin du
recensement, par l’Institut national de la statistique. Une première réunion a
déjà eu lieu sous forme de webinaire.
Les premiers résultats partiels de ce recensement seront
présentés à la fin de l’année 2022. Les résultats complets pour la Roumanie et
le reste des Etats membres de l’UE seront présentés à la fin de l’année 2023. (Trad :
Charlotte Fromenteaud)