Plan anti-pauvreté en débat public
Le gouvernement de Bucarest a récemment soumis au débat public un plan national comportant 47 mesures anti-pauvreté. Destiné surtout aux mineurs à risque de pauvreté, soit 1,7 millions d’enfants, ce plan s’adresse aussi à d’autres catégories sociales, dont celle des seniors. Lors du lancement de ce plan national de lutte contre la pauvreté, le premier ministre Dacian Cioloş a détaillé quelques-uns des objectifs : « Il faut faire en sorte qu’ils bénéficient, au moment de leur naissance, d’examens médicaux et de vaccins, il faut aussi s’assurer que tous les nouveaux-nés aient une identité. Puisque, dans certains cas, il s’agit de familles sans domicile fixe, les petits ne reçoivent pas d’identité. Ceci étant, ils sont exclus du système de protection sociale, c’est pourquoi nous avons pensé à plusieurs solutions. Pour les enfants à l’âge de la scolarité, nous mettrons en place des mesures censées diminuer le taux de décrochage scolaire. Enfin, à l’intention des jeunes qui ont abandonné les études et qui ne parviennent pas à se faire embaucher, l’Agence pour l’emploi mettra en oeuvre des programmes d’assistance, qui devraient faciliter leur intégration professionnelle ou bien elle élargira le programme Une seconde chance pour l’apprentissage, pour qu’ils puissent continuer leur instruction ».
Christine Leșcu, 16.03.2016, 14:00
Le gouvernement de Bucarest a récemment soumis au débat public un plan national comportant 47 mesures anti-pauvreté. Destiné surtout aux mineurs à risque de pauvreté, soit 1,7 millions d’enfants, ce plan s’adresse aussi à d’autres catégories sociales, dont celle des seniors. Lors du lancement de ce plan national de lutte contre la pauvreté, le premier ministre Dacian Cioloş a détaillé quelques-uns des objectifs : « Il faut faire en sorte qu’ils bénéficient, au moment de leur naissance, d’examens médicaux et de vaccins, il faut aussi s’assurer que tous les nouveaux-nés aient une identité. Puisque, dans certains cas, il s’agit de familles sans domicile fixe, les petits ne reçoivent pas d’identité. Ceci étant, ils sont exclus du système de protection sociale, c’est pourquoi nous avons pensé à plusieurs solutions. Pour les enfants à l’âge de la scolarité, nous mettrons en place des mesures censées diminuer le taux de décrochage scolaire. Enfin, à l’intention des jeunes qui ont abandonné les études et qui ne parviennent pas à se faire embaucher, l’Agence pour l’emploi mettra en oeuvre des programmes d’assistance, qui devraient faciliter leur intégration professionnelle ou bien elle élargira le programme Une seconde chance pour l’apprentissage, pour qu’ils puissent continuer leur instruction ».
Quelle est la dimension exacte de la pauvreté, par delà les présentations générales du type « La Roumanie compte parmi les pays les plus pauvres de l’UE » ? C’est à cette question qu’essaie de répondre, depuis maintenant une année, la Fondation « Friedrich Ebert Roumanie. Elle mène un projet qui vise à centraliser, analyser et faire connaître au grand public les données statistiques relevant des domaines social et économique, fournies par les différentes institutions nationales et européennes. Une fois réalisée cette synthèse, on constate que certaines données sont trompeuses, affirme Victoria Stoiciu, coordinatrice de programmes au sein de la Fondation Friedrich Ebert. C’est le cas des chiffres selon lesquels la Roumanie enregistre un des taux de chômage les plus faibles sur l’ensemble de l’Union européenne. Les statistiques relatives aux chômage, au taux d’emploi et aux travailleurs indépendants cachent, en fait, une réalité dure, précise Victoria Stoiciu : « Le taux d’emploi concerne les catégories de personnes qui déploient une activité rémunérée ou pas. Dans ce dernier cas de figure, on parle par exemple de PFA (personne physique autorisée, soit auto-entrepreneur) ou de freelance. Suivant cette définition, le taux d’emploi se situe, en Roumanie, en dessus de 60%, donc dans les limites de la moyenne européenne, mais la cible fixée dans l’Agenda 2020 n’a pas été atteinte. Le pays dénombre, en fait, quelque 4 millions et demi de salariés, auxquels s’ajoutent près de 3 autres millions de personnes travaillant à leur compte et les travailleurs familiaux non rémunérés. N’ayant pratiquement pas d’emploi, ces derniers sont au chômage, mais statistiquement parlant, ils sont considérés comme étant des personnes actives. 90% des travailleurs indépendants sont occupés dans l’agriculture, laquelle est, à son tour, un type d’activité de subsistance ».
La situation des salariés n’est pas meilleure non plus, vu que le SMIC roumain est de 218 euros. Dans l’Union européenne, il est supérieur uniquement à celui de Bulgarie. Et le salaire moyen net a atteint les 473 euros fin 2015. Ce qui plus est, les soi-disant transferts sociaux – c’est-à-dire aides au chômage, allocations pour enfants, retraites et aides sociales constituent 16% du PIB tout au plus. Vu que la moyenne européenne est de plus de 20%, la Roumanie enregistre un nouveau record négatif, étant le pays européen qui dépense le moins pour la protection sociale de ses citoyens. Dans de telles conditions, quelle est l’opinion de Victoria Stoiciu au sujet de l’actuel paquet anti-pauvreté ? «C’est un bon paquet, je n’ai pas de critiques. Mais je voudrais faire deux remarques. En début d’année dernière, la Stratégie nationale anti-pauvreté pour la période 2015 – 2020 a été adoptée après une période de débats publics. De mon point de vue, elle est bonne. Mais je n’ai pas compris pourquoi le gouvernement en n’a pas essayé de continuer ce qui a été fait auparavant. Je n’ai entendu aucune critique fondée au sujet de l’ancienne stratégie et je sais qu’ils ont construit un projet complémentaire, donc viable de mon point de vue. Il existe en Roumanie cette tradition des gouvernements qui passent l’éponge sur tout ce que leurs prédécesseurs ont fait et il n’existe plus aucune continuité des politiques publiques. Deuxièmement, même si je n’ai rien à critiquer sur le fond du problème et que toutes les mesures du paquet actuel, relatives aux transferts sociaux, sont nécessaires, il faut aller à la racine de la pauvreté afin de l’éradiquer. La source des problèmes, c’est l’absence d’emplois. »
Le paquet anti-pauvreté récemment lancé contient aussi quelques exemples de bonnes pratiques, des programmes pilote, créés par des ONGs et inclus dans la législation nationale. C’est le cas du projet « Chaque enfant à la maternelle », développé par l’Association OvidiuRo, qui prévoit d’accorder un ticket de 50 lei, soit environ 11 euros, aux familles en difficulté qui envoient toutefois leurs enfants à la maternelle. Ce ticket peut être utilisé pour acheter aliments, produits d’hygiène, vêtements et chaussures. Comment ce programme est-il arrivé à être appliqué à l’échelle nationale ? Maria Gheorghiu, présidente de la Fondation « OvidiuRo », explique « C’est un projet que nous avons mis en place en tant que programme pilote à compter de 2010, dans les communautés de Roumanie, et l’année dernière nous avons trouvé la solution pour aider les enfants pauvres du pays. Nous avons démarré un projet législatif pour transformer le projet pilote « Chaque enfant à la maternelle » en un programme national. En octobre 2015, la Chambre des Députés de Bucarest a voté la loi et ensuite nous avons lancé la collaboration avec le gouvernement en place pour élaborer les normes d’application. Elles ont été achevées début janvier et ensuite notre programme a été inclus aussi dans le paquet de lutte contre la pauvreté. Le mécanisme central présuppose d’accorder aux enfants de familles défavorisées des tickets sociaux pour la maternelle, s’ils suivent régulièrement les cours. C’est autour de ce mécanisme central que nous avons mis en place d’autres mesures. Par exemple, nous avons donné des vêtements et des chaussures ainsi que des fournitures scolaires aux enfants. Les mesures incluses dans le nouveau paquet anti-pauvreté vont compléter le ticket social. »
Jusqu’au 10 février, les mairies ont dû communiquer le nombre d’enfants éligibles aux administrations financières, qui ont déjà versé les fonds nécessaires aux budgets municipaux.