Nouvelles chances pour les personnes défavorisées
Focalisés sur nos préoccupations quotidiennes, nous les croisons sans les remarquer ou, quand c’est le cas, l’impuissance se lit sur nos visages – si ce n’est le déplaisir. Il s’agit des SDFs qui errent dans les rues de la capitale et d’autres villes du pays. Bien souvent, leur histoire est celle d’un échec auquel chacun de nous peut être confronté et qui aurait pu être surmonté avec un peu d’aide de la part des autres. Pourtant, quelle sorte d’aide peut-on offrir à ces êtres? Un simple geste de charité passagère qui prolongerait leur statut de personnes assistées ou la possibilité de prendre leur vie en main, comme l’affirme Patrick Ouriaghli, directeur exécutif des « Ateliers sans frontières ».
Christine Leșcu, 26.11.2014, 13:48
Focalisés sur nos préoccupations quotidiennes, nous les croisons sans les remarquer ou, quand c’est le cas, l’impuissance se lit sur nos visages – si ce n’est le déplaisir. Il s’agit des SDFs qui errent dans les rues de la capitale et d’autres villes du pays. Bien souvent, leur histoire est celle d’un échec auquel chacun de nous peut être confronté et qui aurait pu être surmonté avec un peu d’aide de la part des autres. Pourtant, quelle sorte d’aide peut-on offrir à ces êtres? Un simple geste de charité passagère qui prolongerait leur statut de personnes assistées ou la possibilité de prendre leur vie en main, comme l’affirme Patrick Ouriaghli, directeur exécutif des « Ateliers sans frontières ».
C’est le cas de Cătălin, militaire jusqu’en 1998 et qui a trouvé un emploi dans une société de sécurité privée. Suite à des problèmes professionnels et familiaux, il s’est retrouvé sans logement : « Il y a un an, j’habitais dans un abri situé dans le quartier Drumul Taberei avec un ami qui travaille avec moi. Je n’y habite plus, maintenant — c’était d’ailleurs la raison pour laquelle je suis venu aux « Ateliers » : trouver un logement convenable, assurer ma survie et ma reconversion professionnelle. »
C’est toujours en quête d’un emploi stable et pour apprendre un autre métier qu’une autre personne en difficulté a rejoint les « Ateliers sans frontières ». Notre interlocuteur a travaillé comme électricien.
Cătălin: « Je suis venu d’un centre communautaire, « La maison Ioana ». Avant, j’habitais un immeuble nationalisé qui a été rétrocédé. J’ai loué un logement, quelque part, pourtant je ne trouvais pas d’emploi ou bien, là où je travaillais, je ne touchais pas le salaire à temps. Je souhaite avoir un emploi stable, afin de pourvoir aux besoins de ma famille, de mes 4 enfants. Ma femme nettoie les escaliers de plusieurs immeubles d’habitations pour gagner un peu d’argent. Depuis 3 ans nous avons quitté « La maison Ioana ».
Les personnes en difficulté embauchées par les « Ateliers sans frontières » reçoivent au début un salaire correspondant au SMIC, un repas chaud à midi et un abonnement leur permettant d’utiliser le transports publics. Là, ils remettent en état de vieux ordinateurs et participent également au recyclage des bannières publicitaires dont on fait des sacs chic. Ils acquièrent ainsi un savoir-faire qui leur sera utile pour se faire embaucher ailleurs et leur activité leur imprime un certain rythme de vie et de travail nécessaire à leur réintégration sociale. Pourtant, au-delà de ces gains palpables, selon Patrick Ouriaghli, regagner leur estime de soi est peut-être la chose la plus importante.
Dans le nord du pays, à Beclean, petite localité du comté de Bistriţa-Năsăud, les autorités locales ont trouvé, à leur tour, une solution pour aider les 10 SDFs de la communauté: ils ont impliqué les églises de toutes les confessions de la ville — nous dit le maire Nicolae Moldovan : « Nous avons construit un centre communautaire d’assistance sociale comportant 6 pièces, bien grandes. Ils seront 2 ou 3 dans la même chambre. C’est la municipalité qui paiera l’eau, l’électricité et le gaz. Pour leur assurer le repas quotidien et une assistance morale ou spirituelle, nous avons conclu un partenariat avec toutes les églises de la ville, 12 au total. A tour de rôle, pendant une semaine, elles s’occupent de ces personnes de la façon dont elles l’entendent. Je leur ai recommandé de leur assurer un repas chaud à midi ou même 3 repas par jour, si possible. Nous avons également conclu un partenariat avec l’hôpital de Beclean, pour qu’ils puissent avoir accès aux soins. »
A Beclean, tout le monde connaît les 10 SDFs, qui ont été, il n’y a pas si longtemps, des personnes intégrées dans la communauté, mais qui ont actuellement besoin d’aide pour regagner leur statut — au début avec le concours des autres, ensuite grâce à leurs propres efforts.
Nicolae Moldovan : « Je pense que, petit à petit, nous réussirons à les réintégrer, quand ils constateront qu’ils bénéficient de notre aide. Jusqu’ici nous n’avions pas trouvé de solution pour eux et ils se sont sûrement sentis quelque peu abandonnés, mais quand ils verront que toute la communauté s’occupe d’eux, ils pourront être récupérés. »
Le soutien et l’encouragement des autres ainsi que la reconquête de leur propre autonomie constitue, pour les SDFs, la clé d’un retour à la normalité — un retour souvent difficile, voire problématique. (Trad. : Dominique)