Ne regardez pas vers le bas !
Voilà le résultat d’une étude récente à la
demande d’un fabricant de fenêtres. De même, l’Association
internationale pour l’étude de la douleur a décrété 2021 Année
mondiale contre les douleurs du dos.
Luiza Moldovan, 27.07.2022, 13:22
Voilà le résultat d’une étude récente à la
demande d’un fabricant de fenêtres. De même, l’Association
internationale pour l’étude de la douleur a décrété 2021 Année
mondiale contre les douleurs du dos.
Dans
le monde, une majorité écrasante de personnes passe 5 000
heures par an le nez viré sur un écran, ce qui engendre des
problèmes de dos de plus en plus graves. A ce sujet, un neurologue
états-unien a donné une définition très intéressante pour
décrire ceux qui passent beaucoup de temps les yeux rivés sur un
écran et que l’on a baptisés « Head Downers Syndrome »
(Le Syndrome des têtes baissées). Baisser la tête provoque des
contractures et des douleurs musculaires, et ceux qui se plaignent
d’éprouver de telles douleurs sont de plus en plus jeunes. Ainsi,
nombre d’enfants et d’adolescents affluent dans les cabinets de
kinésithérapeute, en espérant se débarrasser rapidement de cette
douleur chronique. Cette douleur est imputable aux technologies, et a
des conséquences nocives sur l’ensemble de notre corps.
Radu-Mihai
Avram est kinésithérapeute au sein d’une clinique de rééducation
neuro-psycho-motrice et nous parle des conséquences de notre posture
inappropriée que nous sommes nombreux à avoir adopté sans en avoir
conscience : « Il
est vrai que nous passons aujourd’hui beaucoup de temps la tête
baissée, et je parle ici surtout des jeunes et des enfants qui sont
très friands de nouvelles technologies et de téléphones. Nous ne
disposions pas de ces choses-là dans notre enfance. Ce sont elles
qui génèrent des douleurs dans la colonne vertébrale. A force de
passer autant de temps la tête baissée, sur notre téléphone par
exemple, nous n’interagissons plus les uns avec les autres. Nous
sommes préoccupés par le travail, par l’école, par toutes nos
activités, et cela nous pousse à adopter, bien souvent, une
mauvaise posture, asymétrique. Cela génère un déséquilibre de la
colonne vertébrale ou à ce que nous appelons le système
musculo-squelettique. »
Nous
avons demandé au spécialiste Radu-Mihai Avram quels ont été les
cas les plus graves qu’il ait vus : « Nous
avons eu des cas très graves chez les enfants, les adolescents de 13
ou 18 ans, parfois encore plus jeunes. Mais les cas les plus graves
sont souvent répertoriés chez les adultes. Par exemple le
spondylolisthésis, un trouble des cervicales, des vertèbres, qui
provoque la disparition de la lordose cervicale, c’est-à-dire la
cambrure antérieure au niveau du cou. Dans les cas les plus graves,
les vertèbres se déplacent, ou les noyaux des vertèbres se
tassent, ce qui conduit à baisser davantage la tête vers l’avant.
Les jeunes sont aussi confrontés à la discopathie lombaire.
Certains enfants, très jeunes, souffrent de terribles douleurs. On
parvient parfois à les atténuer grâce à un traitement médical
approprié et à des séances régulières de kinésithérapie. »
Comment
s’y prendre avec les enfants ? Voici quelques conseils d’un
professionnel : « On
les encourage dans un premier temps à être attentifs à leur
posture. Dans la mesure du possible on les fait travailler sur leur
téléphone. A chaque fois qu’ils prennent le téléphone ou
d’autres dispositifs, nous les encourageons à se renseigner sur la
bonne posture à adopter, qu’ils soient debout ou assis. Il faut
éviter d’utiliser ces objets au lit ou assis dans un fauteuil,
lorsque cela nous oblige à nous pencher ou à nous recroqueviller
sur notre téléphone. En tant que parents, nous devons apprendre les
bonnes postures et les leur transmettre. Je m’adresse ici aux
parents, aux adultes : recherchez les angles à 90°. Entre le
tronc et le fémur, entre le fémur et le tibia. La plante des pieds
doit toujours former un angle de 90° avec l’avant du tibia. C’est
comme cela que l’on maintient la bonne pression sur les
articulations et les muscles. Nous pouvons aussi encourager les
parents à pousser leurs enfants à se tenir sur leurs deux jambes.
Cela permet de répartir équitablement le poids du corps et de
garder le cou droit, le menton relevé et le cou le plus long
possible. Cela permet d’étirer la colonne vertébrale, de
maintenir les épaules légèrement en arrière, tout en maintenant
une légère tension dans l’abdomen afin de ne pas pencher trop en
arrière. Voilà ce que nous recommandons aux parents et aux
enfants. »
Pour
conclure, Radu-Mihai Avram nous parle de notre colonne vertébrale : « Si
notre colonne vertébrale pouvait nous parler, voilà ce qu’elle
nous dirait : ne cherche pas à résoudre tes problèmes
rapidement. Pense à moi s’il te plaît, je suis là, et je ne suis
pas indestructible. Je peux facilement me blesser. Il est si facile
de se faire une lésion, mais beaucoup plus difficile de s’en
débarrasser, cela peut prendre des années. C’est pourquoi il est
important de bouger, de se muscler, d’adopter une bonne posture et
une bonne hygiène de vie. Evite de porter des objets trop lourds,
fais plusieurs allers-retours ou demande de l’aide, et n’oublie
jamais que nous ne sommes pas en fer »,
a précisé le kinésithérapeute Radu-Mihai Avram au micro de RRI.
(Trad. :
Charlotte Fromenteaud)