Méthodes non conventionnelles d’éducation musicale
Des méthodes pédagogiques non conventionnelles pour les enfants, applicables en même temps aux adultes, sont également pratiquées en Roumanie aussi. Certains de ces moyens d’enseignement impliquent la musique et le mouvement, étant utilisés tant pour le transfert des connaissances que pour la stimulation de la créativité personnelle et même à des fins thérapeutiques. Ces cours sont apparus en Roumanie juste après 1990. Ce fut en 1993 que le musicien allemand Hannes Heyne introduisait sa méthode en Roumanie. Elle reposait sur un principe simple : la musique a la même importance que le langage, vu qu’elle est un ancien moyen de communication.
Christine Leșcu, 28.02.2018, 13:28
D’ailleurs, les façons anciennes de jouer des mélodies peuvent être reproduites de nos jours afin non seulement d’initier les enfants à la musique, mais aussi de calmer les adultes par exemple, affirme Hannes Hayne : « Les anciennes tribus ont commencé à créer des sons et des instruments. S’ils ne se confectionnaient pas de nouveaux instruments, ils trouvaient des coquilles, des cailloux, des branches qu’ils employaient pour communiquer. Mais ce qui était disponible à l’époque est disponible de nos jours aussi. Pas besoin de nous préoccuper des gadgets électroniques, la nature peut nous venir en aide pour créer des instruments simples en bois et coquilles. N’importe qui peut créer de la musique sans avoir les connaissances nécessaires. Cette méthode développe les capacités de communication et l’intelligence émotionnelle, tant dans le cas des enfants que des adultes. »
Grâce à la musique, ces derniers peuvent non seulement éliminer une partie de la tension intérieure accumulée durant la journée, mais aussi réapprendre à communiquer les uns avec les autres.
Hannes Heyne : « Nous écouter réciproquement est très important. Ecouter une autre personne parler ou chanter, cela signifie reconnaitre sa valeur. Même cas de figure avec la musique. Nous pouvons écouter, mais aussi communiquer par le biais de celle-ci. Elle est le fondement de la communication. »
Hannes Heyne a voyagé partout dans le monde et mis en application ses méthodes pédagogiques en Europe, aux Etats-Unis et au Mexique, et même au Japon. Il revient souvent en Roumanie pour organiser des ateliers pour les enfants, mais aussi des cours de thérapie par la musique dans des entreprises multinationales.
Hannes Heyne : « J’ai été invité par des écoles et par toute une série d’institutions des plus diverses. Pour moi, il n’est pas du tout difficile de travailler avec les enfants. Lorsqu’ils sont petits, nous commençons par un conte. C’est en fait une histoire musicale. Le plus petits adorent écouter des contes et chaque instrument est un personnage. Lorsqu’ils grandissent, ils commencent à poser des questions au sujet des instruments : à quoi ils servent, qui les a confectionnés, comment ils fonctionnent. Pour leur part, les adultes veulent savoir comment ils peuvent éduquer les autres, comment la musique influence leur santé, s’il existe ou non une thérapie par la musique. En Roumanie, je suis ouvert à toute collaboration. J’ai collaboré avec le Musée du Paysan roumain, là où j’ai organisé des cours au sein des Ateliers de créativité. J’ai également travaillé à Arad et à Brasov, partout en Roumanie d’ailleurs. »
Les méthodes pratiquées par Hannes Heyne sont similaires aux méthodes actives d’initiation musicale des enfants, conçues au début du 20e siècle par les compositeurs Emile Jaques-Dalcroze et Carl Orff. En Roumanie, ce genre de pédagogie musicale a commencé à pénétrer aussi dans les écoles publiques, après avoir été pratiquée dans le cadre de cours tenus par les ONGs.
Une de ces organisations s’appelle MiMaMuzica, et sa méthode active est expliquée par Lucian Nicolae : « Avant d’apprendre les lettres de l’alphabet, de les reconnaitre et de les relier dans des mots, à reproduire ensuite par écrit, l’enfant a besoin de parler et de comprendre un certain langage. Il a appris à parler sa langue maternelle avant d’apprendre à lire et à écrire. Le même principe peut fonctionner aussi dans le cas de la musique : nous apprenons d’abord à parler la musique, c’est-à-dire à la pratiquer, et ensuite à la décoder et à apprendre ce qu’elle signifie, à lire et à écrire une partition par exemple. Personnellement, je préfère Carl Orff, parce que sa méthode combine le récit vocal, le langage, le mouvement, la danse, l’expression vocale et corporelle, c’est-à-dire le théâtre, ainsi que la chanson et les instruments dont on joue facilement. »
Cette méthode active constitue la base des cours organisés par MiMaMuzica et enseignées entre autres par Lucian Nicolae.
Lucian Nicolae : « Les ateliers qui ont lieu chez MiMaMuzica visent les enfants de 0 à plus de 8 ans. Les enseignants de MiMaMuzica ont collaboré avec de nombreuses écoles et collèges de Bucarest ainsi qu’avec certaines maternelles. »
Cette pédagogie peut être intégrée au système public de santé et au système public d’éducation nationale, dans certaines conditions, explique Lucian Nicolae : « Je suis convaincu qu’elle peut être intégrée au système officiel. Par exemple en France il y a des salles de sport où sont pratiquées aussi des classes de musique, de danse, de mouvement et de gymnastique. En Roumanie, le programme scolaire a été adapté au moins théoriquement à ces tendances et à partir du CP et jusqu’à la 4e année d’études, il y a des classes de musique et de mouvement. En France, de nombreuses écoles sont dotées d’instruments de musique et de salles dédiées à la musique et au mouvement, et c’est pourquoi je recommande de tout cœur que ce type d’éducation musicale soit adopté aussi en Roumanie. »
Enfin, entre l’introduction au programme scolaire des méthodes fondées sur la musique et le mouvement et leur application sérieuse dans les établissements scolaires de Roumanie, il y a un long chemin à parcourir, et le rôle des enseignants est crucial. (Trad. Alex Diaconescu)