L’obésité en Roumanie
Selon les données disponibles, en 2020, au niveau mondial, environ 1 milliard de personnes souffrent d’obésité soit une personne sur 7. Selon certaines estimations, ce nombre pourrait croitre jusqu’à 1,9 milliard de personnes d’ici 2035.
Roxana Vasile, 24.04.2024, 11:39
Chaque année au début du printemps se déroule la Journée mondiale de l’obésité, destinée à attirer l’attention sur cette maladie de plus en plus fréquente. L’obésité qui est caractérisée par une accumulation anormale ou excessive de graisse, n’implique pas que des considérations d’ordre physique ou de contrôle du poids mais constitue une affection médicale qui peut engendrer de multiples répercussions sur la santé. Elle peut provoquer ou aggraver des problèmes cardio vasculaire, endocrinologiques, des problèmes articulaires et même certaines formes de cancers. L’obésité a par ailleurs un impact significatif sur la qualité de vie des personnes atteintes, pouvant provoquer une dégradation de la confiance en soi ou une stigmatisation sociale.
Selon les données disponibles, en 2020, au niveau mondial, environ 1 milliard de personnes souffre d’obésité soit une personne sur 7. Selon certaines estimations, ce nombre pourrait croitre jusqu’à 1,9 milliard de personnes d’ici 2035. En ce qui concerne les enfants, celles et ceux qui grossissent de manière incontrôlée dès la maternelle présentent de fortes chances d’être obèses à la fin du collège, d’après les spécialistes. L’obésité infantile risque de doubler entre 2020 et 2035. Qu’en est-il en Roumanie ? D’après l’Institut national de santé publique, 2 personnes sur 100 présentaient un diagnostic d’obésité en 2022. La maladie semble se répandre principalement chez les femmes et en milieu urbain.
Les conseils sont connus de tous, limiter les apports en sucres et graisses, consommer d’avantage de fruits et légumes mais aussi de légumineuses, de céréales intégrales et de noix et bien sûr pratiquer une activité physique. Dans nos vies surchargées, il nous faut encore faire de la place pour tout ce programme. Heureusement, Lygia Alexandrescu, médecin et spécialiste en nutrition est là pour nous aider.
« Le terme de diète est apparu dans la Grèce antique. Les grecs ont en effet formalisé un style de vie nommé daiata qui impliquait divers aspects comme le sommeil et le repos, l’hydratation, la nourriture, le mouvement, le bien être. Tous ces aspects formaient la diète. Nous quand on parle de diète, on se réfère à l’alimentation mais pas à ce qu’on mange mais à ce qu’on ne mange pas. On ne parle que restriction ce qui est une erreur majeure. Quand on parle de nourriture, on doit parler de ce dont on a besoin, de ce qui nous maintient en bonne santé. Et de ce point de vue, nous n’avons pas toutes et tous besoin des mêmes apports. Tout le monde ne peut pas suivre la même diète, le même régime. Donc tout ce qu’on voit sur internet, les régimes hyperprotéinés ou hyperglucidiques, les diètes à base de riz ou de pommes, toutes ces diètes à la mode en ce moment sont complètement déséquilibrées. Certaines diètes sont bonnes pour certaines personnes, d’autres pour d’autres. Quels sont les critères à prendre en compte? Ils sont très nombreux. Et je ne parlerai pas ici de diète ou de régime, qui porte cette idée de restriction, qui évoque le souhait de rentrer dans une robe ou de pouvoir fermer sa chemise. Quand on parle nourriture, on parle style de vie ! et donc on revient à l’approche personnalisée. L’âge, le sexe, le type d’effort qu’on fait, l’état émotionnel, la génétique, l’état actuel sont autant de critères à analyser avec le médecin, le nutritionniste, l’entraineur de sport afin de construire un programme alimentaire personnalisé. Deux régimes ne devraient jamais être identiques. C’est comme pour la prise de médicaments, c’est personnalisé. »
Des conseils plus précis ? Manger des aliments non transformés, faire 100 pas après le repas, bien s’hydrater, préparer à manger… Pour Lygia Alexandrescu, mal se nourrir revient à vieillir plus vite.
« Il n’y a pas besoin d’être spécialiste de nutrition ou de biochimie alimentaire. Il suffit de savoir que nous consumons de l’énergie et que notre corps a besoin d’un combustible de bonne qualité. Et c’est le cas des aliments les plus proches possible de la nature, c’est-à-dire le moins transformés possible. Les plats préparés font grossir parce qu’ils contiennent trop de sel et de mauvaises graisses, on n’y retrouve pas la qualité initiale des aliments. Il y a beaucoup de détails. Tout est lié à l’éducation. Comme disent les Chinois, si on veut une génération saine, on doit éduquer la population pendant 30 ou 40 ans et après on aura une génération saine. »
L’éducation étant l’élément clé pour une population en bonne santé, l’université de médecine et de pharmacie « Carol Davila » de Bucarest a lancé une campagne intitulée « Contrôle l’obésité » afin d’inciter les gens à manger sain et à faire du sport. Dans les faits, ce sont 8 événements dans 8 villes roumaines qui vont avoir lieu cette année dans l’espoir de faire prendre conscience aux gens des enjeux. Chaque événement comportera deux temps, l’un dédié au public large, aux autorités et à la presse, l’autre réservé aux professionnels de la santé travaillant avec des personnes touchées par l’obésité. Cătălina Poiană, professeure et initiatrice de la campagne précise que le but de ces évènements est de mettre en évidence le fait que l’obésité constitue un problème de santé publique qui nécessité des actions immédiates et coordonnées.
Sans cette prise de conscience générale, le taux d’obésité va continuer à augmenter et de plus en plus de personnes vont mourir prématurément des conséquences de cette maladie. De plus, les maladies chroniques non transmissibles associées à l’obésité qui touchaient auparavant principalement les adultes sont en train de s’étendre de manière dramatique aux plus jeunes. Or, pour le moment aucun pays du monde n’a mis en place les actions essentielles qui permettraient d’atteindre le but d’endiguer la croissance de l’obésité d’ici 2030 établi par l’OMS en 2013.
En effet, de très nombreuses études à travers le monde ont établi un lien entre pauvreté et obésité. Les classes sociales les plus précaires, exerçant les métiers les plus pénibles pour les plus bas salaires sont les plus exposées au risque d’obésité. Au-delà d’une question d’éducation, c’est toute l’organisation de la société qu’interroge la croissance du taux d’obésité. (Trad : Clémence Lheureux)