Livres dans les librairies et bibliothèques à la demande du public
Obligés de balancer souvent entre obligations professionnelles et familiales d’une part et loisirs de l’autre, les Bucarestois, comme la plupart des citoyens des sociétés modernes, passent de moins en moins de temps dans les librairies et bibliothèques. Cela fait déjà quelques années que le marché du livre s’érode en Roumanie, en perdant du terrain face aux librairies virtuelles et aux livres électroniques qui avancent pas à pas partout dans le monde. Bien qu’à présent le marché de livre numérique de Roumanie ne pèse que 3% dans les ventes de livre, les achats de livres électroniques sont en progression évidente.
Christine Leșcu, 25.05.2016, 14:09
Obligés de balancer souvent entre obligations professionnelles et familiales d’une part et loisirs de l’autre, les Bucarestois, comme la plupart des citoyens des sociétés modernes, passent de moins en moins de temps dans les librairies et bibliothèques. Cela fait déjà quelques années que le marché du livre s’érode en Roumanie, en perdant du terrain face aux librairies virtuelles et aux livres électroniques qui avancent pas à pas partout dans le monde. Bien qu’à présent le marché de livre numérique de Roumanie ne pèse que 3% dans les ventes de livre, les achats de livres électroniques sont en progression évidente.
Surprise dans une des librairies du centre-ville de Bucarest, une discussion avec des lecteurs passionnés met en lumière plusieurs aspects renvoyant au rôle joué par Internet à une époque où le manque de temps semble s’ériger en maladie du siècle.Bien qu’elle habite Bucarest depuis 8 ans déjà, cette jeune femme n’est jamais entrée dans une bibliothèque publique. Pourtant, elle entre souvent dans les librairies : Surtout ces derniers temps. Car je dois acheter des bouquins me servant dans ma carrière. Mais sinon, les librairies m’aident à me détendre. Elles me rappellent mon enfance. Des livres, j’en achète, mais pas forcément dans des librairies. Plutôt chez les bouquinistes ou sur Internet. C’est plus facile, plus pratique et plus avantageux côté prix. J’aime bien les livres sur papier. Les tenir dans la main. J’ai remarqué dernièrement que de plus en plus de magasins commencent à privilégier le commerce en ligne pour répondre aux besoins de ceux qui n’ont plus de temps pour eux. Pourtant, malgré les avantages d’Internet, rien ne se compare à une promenade en ville qui nous permet aussi bien de nous détendre que de nous tenir au courant des nouveautés. »
On a adressé également la parole à une mère qui se rend dans les librairies deux fois par semaine pour acheter des livres sur lesquels elle s’est préalablement renseignée : « Je me tiens au courant des dernières nouveautés grâce aux scores recueillis par tel ou tel livre suite au vote de différents internautes. Une fois décidée, j’achète mes livres soit dans les librairies, soit en ligne. Vu que la plupart d’entre nous, on travaille jusque tard dans la soirée, il est pratique de pouvoir commander sur Internet et de se voir livrer les colis au travail.Ces deux témoignages, on les a recueillis dans un des sièges de la Compagnie des Librairies de Bucarest, le relais de livre avec la plus grande longévité de Roumanie, avec 65 années d’activité. Pour ne pas se voir obliger de procéder à la fermeture de ses sièges comme ce fut le cas d’autres librairies de Roumanie, le réseau doit s’adapter et se réinventer. Du coup, il a pénétré dans l’univers du commerce électronique par son programme «Réserver et rechercher» permettant à ses clients de commander en ligne parmi les livres en stock et de les rechercher par la suite dans une des filiales les plus proches de son domicile.
C’est un service lancé à peine et du coup plutôt méconnu des Bucarestois, comme nous le dit notre interlocutrice :
C’est une idée vraiment intéressante. Pourtant, personnellement, je préfère feuilleter un livre pour me faire une idée avant de l’acheter. Je ne renoncerais jamais au temps passé dans les librairies pour privilégier les achats en ligne, très pratiques d’ailleurs, il faut le dire.
Aux dires de Marieta Seba, directrice de la Compagnie des Librairies de Bucarest, ce service a été lancé suite au dialogue avec les clients: Le client commande les titres qu’il souhaite et par la suite, il vient les chercher dans une de nos librairies sans payer de frais supplémentaires. Il peut venir dans le courant de la matinée ou le lendemain, l’important est de nous le faire savoir d’avance. On peut même garder ses livres pour une certaine période de temps. C’est un programme qui facilite aussi le travail de nos libraires. Ceux-ci vérifient le stock en ligne, cherchent le livre commandé et la librairie où il se trouve pour l’envoyer par la suite au client qui sera invité à le chercher dans un délai d’un jour ou deux, en fonction du flux de livraisons et de nos chauffeurs.
Loin d’être exclusivement l’apanage des magasins ou des librairies privilégiant les ventes sur Internet, la communication en ligne préoccupe de plus en plus les bibliothèques publiques. C’est le cas de la Bibliothèque Métropolitaine de Bucarest placée sous le patronage du Conseil général de la capitale. Cela fait plus d’un an que l’institution a publié sur son site un formulaire de suggestions grâce auquel les clients peuvent demander les titres qu’ils souhaiteraient trouver dans la bibliothèque. Et ce n’est pas tout, nous le dit Anca Râpeanu, directrice de la Bibliothèque Métropolitaine: «On approche petit à petit le moment où l’on pourra envoyer des livres d’une filiale à l’autre, en fonction des réservations. Deux ans nous séparent encore du moment où une simple réservation faite dans un catalogue numérique nous permettra de savoir quel livre il faudra envoyer et vers quelle filiale. On s’efforce de prendre en considération les préférences de nos clients. Ceux-ci se voient mettre à leur disposition un formulaire leur permettant de nous indiquer les titres qu’ils aimeraient bien trouver chez nous. Pourtant, je leur demande qu’avant de compléter le formulaire qu’ils vérifient si le titre n’existe pas déjà dans notre stock».
Vu le nombre assez grand de formulaires remplis en ligne, on pourrait conclure que les librairies et les bibliothèques essaient de trouver les moyens les plus innovateurs afin d’encourager et de préserver la lecture des livres sur papier.