Lire là où on ne s’attend pas
En 2015, 25% des Roumains de province déclaraient navoir acheté aucun livre cette année-là, alors quà Bucarest, 6% des habitants seulement en avaient acheté un. De même, 62% des Bucarestois affirmaient avoir acheté entre 1 et 5 livres, chose valable pour 48% des Roumains. Ces données figurent au « Baromètre de la consommation culturelle » dil y a deux ans. Sy ajoutent des statistiques récentes réalisées par lAssociation Curtea Veche, une ONG qui se donne pour mission de promouvoir la lecture par plaisir parmi les enfants. La directrice exécutive de lassociation, Valentina Roman, nous en dit davantage : « Seuls 8% des enfants de Bucarest lisent par plaisir pendant leur temps libre. La plupart de ceux qui ne lisent pas affirment quils nont pas le temps, parce quils sont trop occupés avec lécole et dautres cours ou bien, tout simplement, parce quils ne trouvent pas de livres à leur goût. Cest-à-dire que les parents les obligent en quelque sorte à lire des bouquins qui ne les intéressent pas. »
Christine Leșcu, 01.08.2017, 13:24
En 2015, 25% des Roumains de province déclaraient navoir acheté aucun livre cette année-là, alors quà Bucarest, 6% des habitants seulement en avaient acheté un. De même, 62% des Bucarestois affirmaient avoir acheté entre 1 et 5 livres, chose valable pour 48% des Roumains. Ces données figurent au « Baromètre de la consommation culturelle » dil y a deux ans. Sy ajoutent des statistiques récentes réalisées par lAssociation Curtea Veche, une ONG qui se donne pour mission de promouvoir la lecture par plaisir parmi les enfants. La directrice exécutive de lassociation, Valentina Roman, nous en dit davantage : « Seuls 8% des enfants de Bucarest lisent par plaisir pendant leur temps libre. La plupart de ceux qui ne lisent pas affirment quils nont pas le temps, parce quils sont trop occupés avec lécole et dautres cours ou bien, tout simplement, parce quils ne trouvent pas de livres à leur goût. Cest-à-dire que les parents les obligent en quelque sorte à lire des bouquins qui ne les intéressent pas. »
Réalisée en décembre 2016 sur un échantillon représentatif de 1082 élèves bucarestois de 11 à 14 ans, cette recherche a ramené dans le débat la fréquentation et le rôle des bibliothèques publiques. Valentina Roman nous en parle : « Environ deux tiers des enfants affirment ne pas avoir lhabitude de fréquenter la bibliothèque de leur école parce que celle-ci ne dispose pas de suffisamment de place pour la lecture. Une autre raison, cest quils ny trouvent pas de titres correspondant à leur âge. Il y a quand même un petit pourcentage de lecteurs qui se rendent à la bibliothèque publique. Les autres préfèrent échanger des livres, sil lun des enfants achète un titre que les autres aussi souhaitent lire. Dailleurs, la grande majorité des recommandations se fait entre amis. Les enfants préfèrent les recommandations de leurs amis, au détriment de celles des professeurs ou des parents. »
Peu connues et peu fréquentées, les bibliothèques de quartier peuvent toutefois servir non seulement despace de lecture, mais aussi despace destiné à la socialisation ou aux activités au sein dune communauté. Cest justement ce que veulent prouver les bibliothécaires de la Bibliothèque métropolitaine « Mihail Sadoveanu » de Bucarest, une institution ayant des filiales dans tous les 6 arrondissements de la capitale et dans presque chaque quartier.
La plus récente campagne de ce type sintitule « Voyage avec un livre », une initiative déroulée aux côtés de la Régie Autonome de Transport de Bucarest (RATB). Début mars, les bibliothécaires sont montés à bord des moyens de transport publics pour offrir aux voyageurs « des sourires et des invitations à la lecture », raconte Anca Râpeanu, manager général de la Bibliothèque métropolitaine : « Jour après jour, la plupart des Bucarestois passent une partie importante de leur vie dans les moyens de transport. Et comme le trafic est si chargé, les passagers passent énormément de temps dans les bus ou les trams, bien plus quils ne le souhaiteraient. Et alors, pourquoi ne pas mettre à profit tout ce temps en le transformant en une pause bien méritée pour lire un bouquin qui leur plaise ? Quest-ce que nous avons fait concrètement pour ces voyageurs ? Nous avons profité de la fête du 1er Mars – une journée spéciale pour les femmes – et nous leur avons offert des cartes de vœux faites par les enfants qui participent aux ateliers de création organisés par la Bibliothèque métropolitaine de Bucarest. Nous avons ainsi tenté de dire aux Bucarestois non seulement que nous avions une multitude de bons livres mis à leur disposition, tout près de chez eux, mais aussi que nous leurs offrons aussi dautres types dactivités – éducatives, de socialisation, de loisirs. Et, en plus, tout est gratuit. »
Au cours des 6 jours de cette campagne, 50 bibliothécaires, 7 bénévoles et 10 stagiaires ont voyagé dans les bus, tramways et trolleybus de Bucarest sur les itinéraires les plus proches des bibliothèques publiques. Ils ont discuté directement avec 11.000 passagers, leur distribuant non seulement des cartes de vœux, mais aussi des cartes de visite. Marilena Chiriţă, responsable du département de Marketing et de Communication de la Bibliothèque métropolitaine de Bucarest, explique : « Quelle meilleure carte de visite pour une bibliothèque quun dépliant faisant la promotion de nos 34 filiales ? Tous les passagers ont été vivement intéressés par nos services et nous ont posé toute sorte de questions.»
Une belle initiative menée sous le slogan « Un bon livre peut être lu dans nimporte quel moyen de transport public ». Il est trop tôt pour en calculer le taux de réussite ou léchec. Mais voici un succès de la même Bibliothèque métropolitaine de Bucarest : une campagne mensuelle devenue hebdomadaire grâce à la demande du public. Il sagit de « Lheure de contes ».
Anca Râpeanu, manager général de la Bibliothèque métropolitaine : « Nous avons commencé par 16 filiales où un bénévole lisait un conte aux enfants de 3 à 6 ans accompagné par leurs parents. Lobjectif de «Lheure des contes » est le suivant : lenfant de 3 ans nest pas encore un lecteur, mais il peut en devenir un si on lui lit et sil shabitue aux livres en tant quobjets. Les parents voient comment les petits réagissent à la lecture dun conte. Nous espérons bien convaincre les parents à lire tous les jours à leurs enfants au moins 10 ou 15 minutes avant daller au lit. »
Et peut-être bien que cette « Heure de contes » passée à la bibliothèque détermine les parents aussi à emprunter un livre pour lire dans le bus et oublier pendant quelques instants le long chemin ennuyeux qui les sépare du travail ou de chez eux. (trad. : Valentina Beleavski)