L’impact de la crise de coronavirus sur les enfants des milieux défavorisés
Cela va sans dire, les restrictions sociales, économiques et sanitaires imposées en raison de la pandémie de coronavirus ont aggravé l’état de santé des catégories sociales vulnérables. Les enfants en sont une. C’est pourquoi, UNICEF Roumanie, en
partenariat avec des institutions publiques et des ONG, a fait une évaluation
rapide des difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes des communautés
défavorisées dans le contexte actuel. Les plus touchés en sont les enfants des
familles pauvres, les enfants d’ethnie rom, ceux dont les parents sont partis
travailler à l’étranger et les enfants handicapés. Les normes imposées par les
autorités roumaines afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus ont
causé entre autres la multiplication des cas de violence domestique ou de
chômage. Parallèlement, la fermeture des écoles a favorisé l’abandon scolaire,
vu que les familles pauvres n’ont pas d’accès à l’éducation en ligne. Tout cela
n’a fait que détériorer davantage la qualité de vie de ces enfants des milieux
défavorisés.
Christine Leșcu, 13.05.2020, 12:39
Cela va sans dire, les restrictions sociales, économiques et sanitaires imposées en raison de la pandémie de coronavirus ont aggravé l’état de santé des catégories sociales vulnérables. Les enfants en sont une. C’est pourquoi, UNICEF Roumanie, en
partenariat avec des institutions publiques et des ONG, a fait une évaluation
rapide des difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes des communautés
défavorisées dans le contexte actuel. Les plus touchés en sont les enfants des
familles pauvres, les enfants d’ethnie rom, ceux dont les parents sont partis
travailler à l’étranger et les enfants handicapés. Les normes imposées par les
autorités roumaines afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus ont
causé entre autres la multiplication des cas de violence domestique ou de
chômage. Parallèlement, la fermeture des écoles a favorisé l’abandon scolaire,
vu que les familles pauvres n’ont pas d’accès à l’éducation en ligne. Tout cela
n’a fait que détériorer davantage la qualité de vie de ces enfants des milieux
défavorisés.
Carmen Lică est la directrice
exécutive du Centre pour l’éducation et le développement professionnel
« Step by Step ». Elle a évalué l’impact sur les familles pauvres des
mesures prises dans le domaine de l’éducation. Voici ses
conclusions : « Les enfants vivant dans des familles pauvres et
vulnérables sont les plus touchés par les récents changements en matière de
services d’éducation, notamment par le passage à l’enseignement en ligne, vu
leur accès limité aux dispositifs numériques et à Internet. Ces inégalités accentuent
les décalages déjà existants. Elles sont liées à l’absence d’équipement
nécessaire pour étudier en ligne, soit dans les familles, soit dans les écoles
qui ne peuvent pas en prêter aux élèves à cause du nombre insuffisant de dispositifs.
Puis, il existe des zones où la connexion à Internet est précaire ou
inexistante. Enfin, on constate des difficultés pour ce qui est de
l’utilisation de ces équipements, en raison des connaissances numériques réduites
tant parmi les enfants et les parents, mais aussi dans les rangs des
enseignants. Une autre catégorie très importante est celle des enfants d’ethnie
rom, qui se heurtent à des difficultés supplémentaires, car l’ensemble de leur
communauté n’a pas d’accès à la technologie informatique ou à Internet. Dans ce
cas précis, l’intervention des institutions est encore plus complexe. »
Par ailleurs, les services
d’assistance sociale offerts normalement par les départements spécialisés de
l’administration locale ont été eux aussi limités en raison de l’état
d’urgence. Du coup, les assistants sociaux n’ont plus réussi à se déplacer sur
le terrain aussi souvent que d’habitude et ne bénéficient pas non plus
d’équipement de protection pour faire des déplacements. Qui plus est, le
personnel qui fournit de tels services n’a pas été formé pour intervenir dans
le contexte particulier imposé par une pandémie et par l’état d’urgence.
Les enfants institutionnalisés
en souffrent le plus, constate Andreeas Novacovici, président du Conseil des
jeunes institutionnalisés : « Les principaux problèmes sont liés aux
restrictions de déplacement pour faire l’évaluation des enfants vivant dans les
communautés desservies par les centres d’accueil. S’y ajoute l’absence de
matériel sanitaire et d’hygiène, tant pour les enfants qui sont à la charge des
directions de protection de l’enfance, que pour le personnel travaillant dans
les centres de placement. Les jeunes pris en charge par le système de
protection de l’enfance qui nous ont contactés ces dernières semaines dénoncent
le fait qu’il ne leur est pas permis de se rendre même pas au magasin le plus
proche, ni de visiter leurs amis. La situation (pandémique) ne leur a pas été correctement
présentée, on ne leur a pas communiqué suffisamment de détails pour qu’ils
comprennent ce qui se passe vraiment pendant cette période et pourquoi leurs
droits sont temporairement limités. De même, l’accès des enfants
institutionnalisés aux services de santé a été visiblement réduit. Les
consultations directes par les médecins qui se rendaient dans les centres ont
été limitées et remplacées par les consultations en ligne ou téléphoniques.
D’autres difficultés sont liées à la fermeture des cabinets dentaires ou à
l’acquisition de médicaments pour le traitement des maladies chroniques ou
auto-immunes. »
Voici donc un autre
problème spécifique des communautés vulnérables : la communication. On n’a
pas suffisamment bien expliqué aux enfants institutionnalisés, ni à la
communauté rom la nécessité d’imposer des restrictions. Dans ce cas, l’intervention
des ONG est essentielle, car les Roms forment en fait la catégorie sociale la
plus défavorisée, selon la Banque Mondiale et l’UNICEF.
Davantage de détails, avec Tatiana
Proskuryakova, directrice de
pays au sein de la Banque Mondiale, chargée de la Roumanie et de la
Hongrie : « La première observation c’est que les désavantages
existaient déjà au sein des communautés rom, bien avant cette crise sanitaire. On
sait très bien que les gens y vivent dans des conditions d’agglomération et que
l’accès à un minimum d’infrastructure y est limité. Par exemple, environ 68%
des foyers ne disposent pas d’eau courante et 78% n’ont pas de toilettes, ni de
salles de bain à l’intérieur du logement. Il est évident que, dans ces
conditions, il est difficile de maintenir l’hygiène qui s’impose pendant cette
période de crise. De même, les logements sont bondés, ce qui rend la
distanciation sociale impossible. Du coup, on s’attend à ce que le taux de
contamination au sein de la communauté rom dépasse la moyenne nationale. Puis,
en ce qui concerne l’accès à l’éducation et aux soins médicaux, c’est là que la
communauté rom était déjà en désavantage. Le transfert en ligne de ces services
complique davantage les choses. Puis, on sait que la pandémie a aussi des
conséquences économiques. De nombreux gens ont perdu leurs emplois. Pour les
Roms, la situation est encore plus compliquée, puisqu’ils ont souvent des
emplois temporaires ou travaillent au noir le plus souvent. »
Enfin,
la réduction de l’activité des médecins traitants n’est pas sans conséquences
sur l’état de santé de ces communautés défavorisées, notamment sur les enfants,
conclut l’UNICEF son évaluation rapide des défis à relever par
les jeunes des communautés vulnérables dans le contexte pandémique actuel. Une nouvelle
étape de cette évaluation est à attendre dans un proche avenir. (Trad.
Valentina Beleavski)