L’image des femmes dans les médias
Le projet «ALTFEM» – une campagne pour changer l’image de la femme dans la société – a été lancé il y a deux ans par des ONGs et bénéficie de financement européen par le biais du Programme Opérationnel Sectoriel pour le développement des ressources humaines (POSDRH). Il comporte aussi une étude, plus précisément l’analyse de l’image des femmes et des hommes dans les médias.
Christine Leșcu, 25.09.2013, 12:34
Le projet «ALTFEM» – une campagne pour changer l’image de la femme dans la société – a été lancé il y a deux ans par des ONGs et bénéficie de financement européen par le biais du Programme Opérationnel Sectoriel pour le développement des ressources humaines (POSDRH). Il comporte aussi une étude, plus précisément l’analyse de l’image des femmes et des hommes dans les médias.
L’enquête, qui s’est étalée sur plusieurs mois, a pris en compte les émissions télévisées, les articles de presse et la publicité. Les conclusions des premières recherches à ce sujet, réalisées en 2011, n’étaient pas du tout favorables aux femmes. En 2013, on a repris cette étude pour voir si des changements avaient eu lieu dans ce laps de temps en ce qui concerne, par exemple, l’apparition des femmes à la télé.
Voici la réponse de Ionuţ Codreanu, coordinateur de programmes à l’Agence de suivi de la presse ActiveWatch, une des organisations qui s’investissent dans le projet ALTFEM. « En 2011, nous avons constaté une très faible présence des femmes aux débats télévisés, respectivement 12% environ. En 2013 on peut remarquer une évolution significative de ce point de vue, les femmes qui participent à ces débats étant plus nombreuses. Il y a plusieurs explications à cela. Il faut noter tout d’abord que sur le plan politique, au niveau gouvernemental, les femmes sont sous-représentées. Difficile donc d’inviter beaucoup de femmes politiques du moment qu’elles sont plutôt rares. En 2011, le rapport hommes-femmes politiques était de 15 à 1. Depuis lors, la présence de la gent féminine sur la scène politique a légèrement augmenté. Dans un autre domaine, celui des médias, le rapport était équilibré en 2011. Entre temps, certains déséquilibres se sont fait jour, en ce sens que, même si les facultés de journalisme sont fortement féminisées, la réalité est toute autre sur le petit écran. »
Quel discours ou bien quel agenda présentent-ils aujourd’hui ou présentaient-ils, il y a deux ans, les invités des débats télévisés? Ionuţ Codreanu: « En 2011, comme à présent, c’est la dimension personnelle qui prévaut. En clair, les femmes étaient présentes seulement pour exposer des aspects de leur vie personnelle. Encore que plus faible aujourd’hui, cette tendance existe toujours. »
La recherche mentionnée a également visé la présence des stéréotypes de genre, des allusions sexuelles, des références à l’aspect physique dans les émissions diffusées à la télé. Ionuţ Codreanu. « Le nombre des énoncés potentiellement stéréotypés ont considérablement diminué. Il en va de même pour les renvois à l’approche traditionnelle de la relation homme-femme ou pour l’incidence des allusions sexistes. En 2011, ces allusions on les rencontrait jusque dans les débats sur les chaînes d’informations. Pourtant, ce qui préoccupe c’est le nombre croissant d’allusions à l’aspect physique. Cette année, on a pu observer, surtout dans les émissions de divertissement, un accent démesurément grand mis sur les qualités physiques des personnages de la vie mondaine. L’immixtion dans la vie privée va un peu trop loin, mais dans une égale mesure il y est tout aussi vrai que les personnes en question s’exposent elles-mêmes. Autrement dit, les invités de ces émissions s’y plaisent eux aussi. »
Voici les conclusions que l’équipe ALTFEM a tirées de sa recherche sur la représentation des femmes dans la presse écrite: Sur l’ensemble des publications analysées, la présence des hommes était de 72%, contre seulement 28% pour les femmes. Dans les publications généralistes près de 33% de ces femmes étaient invitées en tant qu’experts. Par contre, le poids des experts femmes cités par les journalistes de la presse tabloïde a été beaucoup plus significatif, à savoir 65%. Le résultat final relève un pourcentage égal, de 50 %, de femmes et hommes présents dans la presse écrite en qualité d’experts.
Tel n’est pas le cas pour la publicité, où les femmes sont plus présentes que les hommes. C’est que les pubs abondent en scénarios liés au foyer, au milieu familial, où, en règle générale, c’est la femme qui assume les tâches domestiques.
Il semble que l’image des femmes dans les médias n’est pas trop loin de la réalité. C’est du moins ce que laisse entendre le premier index sur l’égalité des genres au niveau de l’UE. Cette étude, réalisée par l’Institut Européen pour l’égalité des genres, a pris en compte plusieurs domaines: le marché de l’emploi, l’éducation, les loisirs, l’accès au pouvoir et aux services de santé.
Détails avec Irina Sorescu du Centre Partenariat pour l’Egalité. « La Roumanie est en queue du peloton à tous les chapitres analysés sur l’ensemble de l’UE, avec un score de 35 points sur 100. Sur cette échelle qui va de 1 à 100, 1 signifie l’absence totale d’égalité, et 100 c’est la parfaite égalité entre femmes et hommes. La situation la plus inquiétante est enregistrée aux chapitres loisirs et accès au pouvoir politique. En échange, la Roumanie a engrangé son meilleur score dans la zone des services de santé et de l’emploi. En effet, le nombre des femmes actives occupées va croissant.”
La prochaine étude ALTFEM portant sur l’égalité des genres et la place de la femme dans les médias roumains est attendue dans deux ans. ( trad.: Mariana Tudose)