Les taux de natalité et de mortalité en temps de pendémie
Le nouveau recensement de la population roumaine, initialement prévu pour 2021, a été reporté à cause de la pandémie et aura finalement lieu cette année 2022. Les résultats seront comparés avec les données du dernier recensement de 2011. En attendant, les statistiques actuelles relatives aux taux de natalité et de mortalité sont inquiétantes. En Roumanie, le nombre de naissances, relativement faible, est resté constant pendant la pandémie, alors que le nombre de décès a explosé. En effet, il a dépassé les 334 000 en 2021, soit 27 % de plus qu’avant la pandémie. Au total, la surmortalité enregistrée pendant la pandémie a dépassé les 100 000 décès.
Christine Leșcu, 03.08.2022, 13:00
Le nouveau recensement de la population roumaine, initialement prévu pour 2021, a été reporté à cause de la pandémie et aura finalement lieu cette année 2022. Les résultats seront comparés avec les données du dernier recensement de 2011. En attendant, les statistiques actuelles relatives aux taux de natalité et de mortalité sont inquiétantes. En Roumanie, le nombre de naissances, relativement faible, est resté constant pendant la pandémie, alors que le nombre de décès a explosé. En effet, il a dépassé les 334 000 en 2021, soit 27 % de plus qu’avant la pandémie. Au total, la surmortalité enregistrée pendant la pandémie a dépassé les 100 000 décès.
D’autre part, la Roumanie a enregistré 40 000 nouvelles naissances de moins en 2020 par rapport à 2019. Vasile Ghețău, sociologue et expert en démographie, explique qu’il s’agit du record de naissances le plus bas enregistré au cours de 100 dernières années. L’accroissement naturel – soit la différence entre les taux de natalité et de mortalité – reste donc négatif, ce qui engendre une décroissance démographique, explique-t-il « En 2019, avant la pandémie, nous avons enregistré une baisse de 71 000 habitants en Roumanie, contre 120 000 en 2020. Toutefois, les données pour les 11 premiers mois indiquent une forte hausse de la mortalité, avec une baisse de la croissance démographique de près 150 000 habitants. Si l’on y ajoute les données pour le mois de décembre 2021, il y a de quoi s’inquiéter, avec une baisse de 160 à 170 000 habitants en seulement un an. Ce sont des chiffres vertigineux pour une population de seulement 19 millions d’habitants. »
Vasile Ghețău nous offre quelques détails sur l’origine d’un tel taux de mortalité : « L’augmentation du nombre de décès en 2020, et plus particulièrement en 2021, n’est que partiellement liée au Covid, et concerne surtout les maladies des appareils respiratoire et circulatoire. Même si cette hausse reste aussi liée à la pandémie. Les études sur le sujet sont encore en cours. On sait par exemple que dans le cas des maladies de l’appareil circulatoire, les quarantaines instaurées pendant la pandémie ont engendré une hausse du nombre de décès chez les personnes âgées. Si l’on se penche sur les données relatives aux maladies respiratoires, on observe que la pneumonie est l’une des causes principales de la hausse du taux de mortalité. Il existe probablement une corrélation entre le contexte général de pandémie et ce virus. Mais les données finales nous permettront de clarifier les causes de décès. Nous pourrons ainsi déterminer le rôle joué par le Covid dans la hausse du taux de mortalité. »
Vasile Ghețău nous explique qu’il est aujourd’hui possible de mesurer les effets immédiats du taux de mortalité de ces dernières années : « Le taux de mortalité enregistré sur les mois d’octobre et de novembre a eu des conséquences directes sur l’espérance de vie à la naissance, ce qui est tout à fait logique. En Roumanie, sur une année, elle est d’environ 76 ans pour l’ensemble de la population, hommes et femmes confondus. Or, on observe une baisse de 3 ans de l’espérance de vie selon les données récoltées au cours de 11 premiers mois de l’année dernière. Si l’on y ajoutait les données du mois de décembre, l’espérance de vie à la naissance devrait baisser encore davantage, pour arriver à 72 ans. Une telle diminution, de 4 ans, c’est énorme. Il y a fort à parier que le même phénomène s’observe dans les autres pays. Mais probablement de manière moins conséquente que pour la Roumanie en 2020, ou pour ce qui semble se dessiner pour 2021. »
Ces chiffres ne font que révéler davantage un phénomène qui dure déjà depuis longtemps : les nouvelles générations nées en Roumanie n’assurent plus le renouvellement de la population, raconte le sociologue Vasile Ghețău : « Pour assurer ce renouvellement et garantir la croissance démographique, une femme doit en moyenne donner naissance à deux enfants au cours de sa vie. Si ce nombre va au-delà de deux en moyenne, la population va croitre, ce qui va générer le phénomène inverse, avec un taux de renouvellement élevé. La dernière génération à avoir assuré ce renouvellement est celle née en 1961. Après ça, le taux de natalité par femme dans le pays a toujours été inférieur à deux enfants. Il est logique, avec cette dynamique, que la croissance démographique continue de baisser, et que le renouvellement de la population ne soit pas assuré. »
Le recensement permettra de fournir davantage de données afin de mieux appréhender l’évolution et l’involution démographique de la population roumaine. Il va se dérouler en deux temps, avec une première étape d’auto-recensement à partir du 14 mars 2022, et un recensement sur le terrain avec des entretiens en face à face qui débuteront le 16 mai 2022.