Les Roumains face aux réfugiés
L’afflux de migrants – voilà un des plus grands défis auxquels l’UE a été confrontée depuis sa création. Un problème face auquel tout le monde formule des avis fondés sur des informations plus ou moins correctes. Les Roumains ne semblent pas s’opposer à l’arrivée des réfugiés en Roumanie, mais ils n’envisagent pas de les intégrer dans la société ou de vivre à leurs côtés. C’est la conclusion d’un sondage récemment réalisé par l’Association Pro Democraţia sur l’attitude des Roumains face à la crise des réfugiés.
Christine Leșcu, 27.04.2016, 14:19
L’afflux de migrants – voilà un des plus grands défis auxquels l’UE a été confrontée depuis sa création. Un problème face auquel tout le monde formule des avis fondés sur des informations plus ou moins correctes. Les Roumains ne semblent pas s’opposer à l’arrivée des réfugiés en Roumanie, mais ils n’envisagent pas de les intégrer dans la société ou de vivre à leurs côtés. C’est la conclusion d’un sondage récemment réalisé par l’Association Pro Democraţia sur l’attitude des Roumains face à la crise des réfugiés.
Iuliana Iliescu, manager de projets au sein de l’Association, explique : « Les gens sont généralement informés sur la crise des réfugiés. Près de 55% affirment l’être par le biais des médias sociaux et près de 30% par la radio et la télévision. La plupart se déclarent inquiétés par cette situation à cause des informations négatives qui leur parviennent par l’intermédiaire de ces réseaux. Quant au nombre de réfugiés se trouvant actuellement en Roumanie, venus après 2015, la plupart des personnes interrogées estime qu’il s’agirait de 300 migrants. Or, pour l’instant, 15 réfugiés seulement sont arrivés en Roumanie. Les Roumains sont-ils d’accord avec la présence des réfugiés ? 54% des personnes interrogées ont dit « oui », 46% ont dit « non », il y a donc un certain équilibre entre les deux réponses. Si l’on compare pourtant l’acceptation dans la famille ou sur le lieu de travail d’un citoyen européen qui viendrait en Roumanie par rapport à un réfugié, les différences s’avèrent très grandes. 26,5% des Roumains préfèreraient que le réfugié soit un simple visiteur. Compte tenu de la situation en Syrie – et non seulement – un nombre inquiétant de personnes – soit 18% – déclarent qu’ils l’expulseraient – contre 2,5%, qui feraient la même chose s’il s’agissait d’un citoyen européen d’une autre nationalité. »
Lorsqu’il s’agit pourtant des enfants des réfugiés, les Roumains deviennent plus indulgents, la plupart d’entre eux déclarant accepter que leurs fils et filles aient pour collègues des enfants de réfugiés. Autre réponse inquiétante : 40% des personnes interrogées estiment que les réfugiés devraient être placés dans des camps spéciaux et non pas dans des localités où ils seraient plus susceptibles d’être intégrés – souligne Iuliana Iliescu.
Selon un autre sondage, réalisé par INSCOP Research, plus de 80% des Roumains ne voudraient pas que les migrants s’établissent en Roumanie.
Récemment, le Bureau d’information du Parlement européen en Roumanie et l’Association Pro Democraţia ont organisé un débat consacré à la crise des réfugiés. L’expert Claudiu Crăciun, de l’Association Pro Democraţia, s’est rapporté au fait que, pour les Roumains, dans le passé, la présence des réfugiés grecs, turcs et du Proche Orient a été une expérience positive. Selon Claudiu Crăciun, le rejet ne se manifeste pas au niveau interpersonnel, la vision apocalyptique de l’arrivée des réfugiés leur ayant été insufflée par les hommes politiques, les institutions ou les médias.
Lors du même débat, Eleodor Pîrvu, adjoint au directeur de l’Inspection générale de l’Immigration auprès du ministère de l’Intérieur, a souligné, de son côté, que l’immigration existe en Roumanie depuis très longtemps et il s’est rapporté à la législation roumaine dans ce domaine.
Eleodor Pîrvu: « La réglementation de l’asile, de la migration et de l’intégration n’a pas été réalisée tout de suite après la révolution anticommuniste ; pourtant, des pas importants ont été faits tout de suite après ’89, notamment par l’adhésion du pays, en 1991, à la Convention relative au statut des réfugiés. Toute une série de documents a été adoptée par la suite, aboutissant à la législation actuelle dans ce domaine, en parfait accord avec l’acquis communautaire et respectant les directives européennes concernant la qualification, les procédures, les conditions d’accueil. Nous disposons également de deux règlements – le règlement Dublin et le règlement Eurodac. »
Ces dernières années, 1200 – 1300 demandes d’asile ont été enregistrées en moyenne en Roumanie, déposées par des citoyens de tiers Etats. Une institution a été créée à Bucarest qui coordonne 6 centres d’accueil pour les demandeurs d’asile, dont la capacité totale d’hébergement est de 950 places, susceptible d’être accrue, si nécessaire. Toutes les demandes d’asile déposées en Roumanie sont traitées dans un délai de 30 jours. C’est la procédure la plus brève au niveau européen.
Eleodor Pîrvu : « Toutes les personnes qui déposent une demande d’asile sont vérifiées, enregistrées dans nos bases de données, les informations étant traitées selon les normes par un personnel compétent. Les personnes dont la demande a été rejetée peuvent contester cette décision. Les personnes admises, celles qui se voient octroyer le statut de réfugié ou qui reçoivent une forme de protection peuvent participer au processus d’intégration qui, en ce moment, n’est pas obligatoire. La loi sur l’asile a récemment été amendée ; certaines conditions ont été introduites pour que la personne en question puisse recevoir les aides non remboursables que l’Etat roumain offre aux réfugiés pendant 12 mois. Durant ce laps de temps, la personne est impliquée dans des activités d’intégration à différents niveaux. »
Selon le mécanisme de répartition des réfugiés dans les Etats membres de l’UE, en 2016-2017 la Roumanie doit recevoir 6.205 réfugiés. ( Trad. : Dominique)