Les Roumains et le gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire, l’un des
pires effets du consumérisme actuel, touche, évidemment, la Roumanie aussi. Le
phénomène est devenu suffisamment problématique pour qu’une loi le combattant
soit adoptée en 2016, loi qui, malheureusement, attend toujours la finalisation
de ses règles d’application. On estime que les Roumains jettent l’équivalent de
120 000 camions de nourriture par an. Les dépenses alimentaires couvrent
environ 40% des budgets des ménages, mais, malheureusement, entre un tiers et
la moitié des aliments finissent à la poubelle. Des informations plus précises
et plus récentes viennent d’être publiées à la suite d’une étude sociologique,
menée l’été et l’automne derniers par l’Université de sciences agricoles et de
médecine vétérinaire de Cluj-Napoca. La recherche, réalisée dans le cadre d’un
projet international financé par l’Agence universitaire de la Francophonie,
s’est concentrée sur trois pays – la Roumanie, la République de Moldova et la
Macédoine du Nord – avec des résultats similaires pour ces trois États. Par
exemple, la plupart des personnes interrogées déclarent qu’elles font
fréquemment une liste de courses, ce qui suggère le calcul et la prévoyance.
Aussi, environ 90 % d’entre elles disent cuisiner souvent à la maison, ce qui se
traduit, en théorie, par la réduction du risque de voir les aliments s’altérer.
Christine Leșcu, 14.07.2021, 11:25
Le gaspillage alimentaire, l’un des
pires effets du consumérisme actuel, touche, évidemment, la Roumanie aussi. Le
phénomène est devenu suffisamment problématique pour qu’une loi le combattant
soit adoptée en 2016, loi qui, malheureusement, attend toujours la finalisation
de ses règles d’application. On estime que les Roumains jettent l’équivalent de
120 000 camions de nourriture par an. Les dépenses alimentaires couvrent
environ 40% des budgets des ménages, mais, malheureusement, entre un tiers et
la moitié des aliments finissent à la poubelle. Des informations plus précises
et plus récentes viennent d’être publiées à la suite d’une étude sociologique,
menée l’été et l’automne derniers par l’Université de sciences agricoles et de
médecine vétérinaire de Cluj-Napoca. La recherche, réalisée dans le cadre d’un
projet international financé par l’Agence universitaire de la Francophonie,
s’est concentrée sur trois pays – la Roumanie, la République de Moldova et la
Macédoine du Nord – avec des résultats similaires pour ces trois États. Par
exemple, la plupart des personnes interrogées déclarent qu’elles font
fréquemment une liste de courses, ce qui suggère le calcul et la prévoyance.
Aussi, environ 90 % d’entre elles disent cuisiner souvent à la maison, ce qui se
traduit, en théorie, par la réduction du risque de voir les aliments s’altérer.
Cependant, l’étude menée par l’Université de Cluj confirme les estimations plus
anciennes concernant le gaspillage alimentaire en Roumanie, comme nous
l’apprend la professeure des universités Cristina Pocol, coordinatrice de
l’équipe de recherche : « Quel
que soit leur pays, les personnes ayant participé à l’enquête disent jeter de
la nourriture. C’est ce que déclarent 83% des Roumains, près de 79% des Moldaves
et un peu plus de 67% des participants de la Macédoine du Nord. Il existe de
nombreuses habitudes liées au gaspillage alimentaire. Nous avons essayé de voir
si les participants à l’enquête vérifiaient la date de péremption d’un aliment
et la plupart disent que c’est une étape presque inévitable dans la prise de
décision de consommation. Ensuite, la plupart d’entre eux font attention au stockage
de la nourriture. Enfin, ils sont quelque peu intéressés à éviter le gaspillage
alimentaire. C’était très intéressant de voir que lorsqu’on leur a demandé combien
ils étaient intéressés à éviter le gaspillage alimentaire, la plupart se sont
dit très intéressés, affirmant que c’était un sujet qui leur tenait à cœur.
Mais cela contredit leur comportement. Ils s’intéressent au gaspillage
alimentaire, mais ils jettent de la nourriture. Ces deux comportements ne vont
pas ensemble. Les gens ne savent pas comment réduire le gaspillage, ils n’ont
pas les bonnes méthodes, c’est-à-dire qu’ils manquent d’éducation à cet égard. Nous
remarquons cette contradiction et l’explication que j’ai trouvée est qu’ils
essaient d’avoir cela en tête, mais ils ne le pratiquent pas, pour diverses
raisons. Ils ont peut-être essayé et échoué, et nous devons voir pourquoi ils
échouent. »
De
l’avis des participants à l’étude, ceux qui gaspillent le plus de nourriture
sont les consommateurs individuels et les restaurants. Les magasins, en
particulier les supermarchés, ne viennent
qu’après. Cristina Pocol : « Nous avions une question sur les
habitudes d’achat. Nous remarquons là encore un comportement qui ne nous
surprend pratiquement pas. La plupart des gens font leurs courses au
supermarché ou à l’hypermarché. Trop peu choisissent pour l’instant la petite
distribution, les circuits courts d’approvisionnement. Les marchés ne viennent qu’après les grandes surfaces
dans les habitudes d’achat. Très peu de gens utilisent les circuits courts ou
apprécient la relation directe du producteur avec le consommateur, qui est très
importante de plusieurs points de vue. Bref,
cela permet de consommer des produits frais et locaux, des produits roumains. Il
y a encore beaucoup de travail à faire de ce point de vue, nous devons mener
des campagnes de sensibilisationdes consommateurs à l’importance de
consommer local. »
La
crise de la Covid-19 n’a modifié les habitudes
d’achat ni en Roumanie ni en République de Moldova. Environ deux tiers des personnes
interrogées déclarent
consommer la même quantité de nourriture, achetée avec la même somme d’argent. Il y a cependant un
changement apporté par la pandémie, mais pas celui qu’on attendait. Cristina
Pocol : « La crise de la Covid-19 a poussé plus de 10 % des
répondants à jeter encore plus de nourriture. Je m’attendais à un résultat tout
différent. Je me disais que puisque nous étions enfermés chez nous, nous étions
plus attentifs à ce que nous mangions, à comment nous mangions et à comment
nous planifiions nos courses. C’est pourquoi nous sommes partis de l’hypothèse
que cela aurait eu
pour effet de réduire le gaspillage alimentaire. Les résultats de l’étude
montrent le contraire. J’ai essayé de trouver des explications. Probablement les
gens ont stocké trop de nourriture, ce serait là l’explication principale. Nous
savons tous ce qui s’est passé au début de la crise sanitaire, lorsque les gens ont acheté sans raison
de la nourriture en grosse quantité, de peur d’en manquer. Cette nourriture ne
pouvait pas être consommée immédiatement ou dans un délai relativement court. Une partie en a donc été jetée. Cela nous montre que
faire des provisions conduit finalement au gaspillage. »
En
attendant, certains magasins et associations citoyennes organisent des
campagnes de sensibilisation à
l’importance d’une consommation plus modérée et aux conséquences néfastes du
gaspillage alimentaire tant sur l’économie, que sur l’environnement. Une
campagne de ce type a également été menée par l’association non-gouvernementale
InfoCons, une campagne centrée sur les coûts économiques du gaspillage
alimentaire.
Sorin Mierlea, président d’InfoCons, considère que le message
concernant la réduction du gaspillage alimentaire atteint plus facilement le
public en mettant l’accent sur les pertes économiques. Sorin Mierlea : « Tout d’abord, quand on parle de
gaspillage alimentaire, on ne parle pas seulement du gaspillage en soi, mais on
parle aussi du coût payé pour acheter des produits alimentaires qui finissent à
la poubelle. Ce coût signifie des heures de travail, et ces heures de travail
signifient en fin de compte notre vie à chacun d’entre nous. D’un autre côté,
je pense qu’en
tant que consommateurs, nous devons disposer de toutes les données et les informations nécessaires. C’est
pourquoi InfoCons, en collaboration avec des organismes d’autres pays, s’est
proposé de faire connaître l’impact du gaspillage à la population et aux autorités
publiques. »
Menée
dans les écoles, lors des cours d’éducation citoyenne et à l’aide de ressources
numériques, la campagne InfoCons espère ainsi que les futurs consommateurs
seront mieux informés sur le gaspillage alimentaire. (Trad. Elena Diaconu)