Les programmes d’éducation pour la collecte des déchets plastiques
Plusieurs études récentes ont démontré que la production de plastique au niveau mondial allait augmenter de 40 % au cours des dix prochaines années. Le plastique générant de nombreux déchets extrêmement polluants, il est impératif d’agir ASAP, c’est-à-dire au plus vite. ASAP est une abréviation anglaise signifiant as soon as possible, le plus vite possible. Mais c’est aussi le nom d’un projet roumain visant à améliorer la collecte des déchets.
Christine Leșcu, 03.11.2021, 09:52
Plusieurs études récentes ont démontré que la production de plastique au niveau mondial allait augmenter de 40 % au cours des dix prochaines années. Le plastique générant de nombreux déchets extrêmement polluants, il est impératif d’agir ASAP, c’est-à-dire au plus vite. ASAP est une abréviation anglaise signifiant as soon as possible, le plus vite possible. Mais c’est aussi le nom d’un projet roumain visant à améliorer la collecte des déchets.
Depuis cette année, Armata Selectării Atente a Plasticului (l’Armée de Sélection Attentive du Plastique, en français) vient en aide aux mairies de Roumanie afin de mieux sensibiliser les élèves à la question de la collecte des déchets. Elle les aide aussi à mettre en place les infrastructures adéquates pour y parvenir, instaurant un suivi régulier du projet. Andrei Borțun, à l’initiative du projet, estime qu’en général, la lutte contre la pollution et le développement durable ont un impact sur nos vies, et plus particulièrement sur notre avenir. ASAP s’adresse aux nouvelles générations qui sont davantage sensibles à ce type d’action : « Nous avons constaté qu’il existait de nombreuses campagnes de sensibilisation et de communication encourageant les citoyens, et parfois les jeunes, à faire le tri sélectif. Le problème, c’est que la Roumanie ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour encourager ceux qui le souhaitent à adopter cette attitude responsable. C’est pour cette raison que les résultats ne sont pas au rendez-vous. De fait, notre public cible étant composé de jeunes et d’adolescents, nous nous sommes penchés sur une carte de Roumanie et avons constaté qu’il existait un réseau extraordinaire d’écoles et de lycées. On dénombre environ 19 000 établissements d’enseignement, soit la plus grande infrastructure envisageable en termes de collecte des déchets dans le pays. Evidemment, nous sommes conscients que ces établissements dépendent des autorités ou mairies locales, qu’il s’agisse de villes ou de villages. Nous avons aussi découvert que la loi oblige les autorités locales à assurer la collecte des déchets et la mise en place des infrastructures adéquates dans toutes les institutions de la ville, dont les écoles font partie. Par conséquent, sur le plan législatif, la consigne était et continue d’être très claire. ASAP ne cherche qu’à fournir les informations nécessaires (législatives, financières ou relatives à la collecte des déchets) aux autorités locales, afin qu’elles équipent leurs écoles en bonne et due forme. »
Tout a commencé au printemps dernier avec un projet pilote en partenariat avec 69 établissements du 6e arrondissement de la capitale. En trois mois, ASAP est parvenu à assurer la collecte de près de 450 kg de plastique, 6 tonnes de papier et 130 tonnes de déchets divers. Par la suite, ASAP a conclu un partenariat avec les arrondissements 1, 2 et 3 de Bucarest ainsi qu’avec les villes de Braşov, Constanța, Iași, Arad, Sibiu, Târgu Mureș, Alba Iulia, Ploiești et Zalău. Le projet s’attaquera ensuite aux villages ayant pris beaucoup de retard sur ces mesures de collecte des déchets. La Roumanie a d’ailleurs déjà fait l’objet de sanctions de la part de la Commission européenne sur ce sujet. Une amende salée qu’elle devra payer dans les mois à venir. Fort de ces informations, Andrei Borțun nous explique que le projet est amené à se développer, avec des objectifs plus larges : « Nous travaillons avec des jeunes et des adolescents. Les études indiquent clairement qu’ils sont fortement disposés à s’impliquer, surtout si on leur fournit les outils nécessaires. On sait aussi aujourd’hui que ces jeunes qui s’investissent vont à leur tour sensibiliser leurs parents, leur famille et leur communauté. C’est justement pour cette raison que nous ciblons ce public-là. Le dialogue que nous entretenons avec eux ne fait que confirmer ce qu’ont observé les études menées sur le sujet. Nous constatons non seulement un intérêt de leur part pour cette thématique, mais nous observons aussi leur détermination, leur envie de révolution, et leur frustration que les choses ne se déroulent pas mieux autour d’eux, et pas seulement en ce qui concerne le tri sélectif. Ce que nous envisageons et espérons, c’est que ces jeunes qui s’investissent pleinement deviennent ensuite de meilleurs citoyens. Car pour nous, il est difficile de croire que mettre le verre, le plastique et le papier dans trois conteneurs différents ne va pas influencer par la suite leur point de vue sur la déforestation illégale ou leur choix de vote aux prochaines élections, et ainsi de suite. C’est pourquoi un projet sur le très long terme vaut bien mieux que des actions menées ponctuellement. Cela permet à certains jeunes de s’impliquer dans des projets générateurs de changements. »
L’un des objectifs du projet consiste à analyser les déchets déjà collectés afin de vérifier qu’ils ne sont pas mélangés et que la répartition entre déchets secs et humides est bien respectée. Pour ce faire, ASAP a conclu un partenariat avec l’entreprise Green Point Management qui cherche de son côté à impliquer davantage les producteurs. Le directeur Andrei Dinescu nous raconte son implication dans le projet : « Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il est important de connaître la composition des déchets. Qu’est-ce que cela signifie ? Il s’agit d’un processus s’appuyant sur les normes en vigueur. Il implique la collecte des déchets dans les écoles et leur transport jusqu’à une plateforme spécialement aménagée où nos experts les répartissent en différentes catégories. C’est important car nous avons ainsi pu nous rendre compte que certains déchets sont en fait recyclables, alors qu’ils ne sont généralement pas considérés comme tels par la municipalité qui ne les inclut pas dans le tri sélectif. Nous sommes tombés des nues en constatant que jusqu’à 40 % de ces déchets pourraient en fait être recyclés s’ils étaient inclus dans la démarche de tri sélectif. En temps normal, ils devraient être récupérés et transformés, au lieu d’atterrir à la décharge. »
Un tel pourcentage (40 %) de mélange entre les déchets recyclables et non recyclables n’est ni un hasard ni un accident. Il ne peut pas non plus être imputable au manque d’infrastructure dans les immeubles, quartiers ou institutions, mais bien à un manque d’éducation en la matière, explique le directeur Andrei Dinescu : « L’éducation est un processus qui doit s’inscrire dans la durée. Mais au moment où vous expliquez aux gens pourquoi il est important de trier les déchets, vous devez pouvoir leur offrir les infrastructures adéquates pour accompagner cette démarche. Dans chacun de nos projets antérieurs, nous avons fait le même constat : il faut joindre le geste à la parole. Pour moi, la Roumanie est arrivée à un tournant et doit faire le nécessaire pour aller dans cette direction. Notre pays est membre de l’UE et nous avons des responsabilités les uns envers les autres, mais aussi envers nous-mêmes. L’éducation, la sensibilisation et l’installation d’infrastructures appropriées sont obligatoires. Les municipalités ont les financements nécessaires à cet effet. Et les agents en charge savent ce qui doit être fait. Il suffit d’en discuter et de se mettre au travail. Les gens sont d’ailleurs prêts à franchir le pas. Ils sont de plus en plus nombreux à demander des comptes à ce sujet, à nous ou aux mairies. Je suis persuadé qu’un projet d’éducation et de sensibilisation à l’échelle nationale serait le plus utile. »
Afin de mener à bien ce projet de sensibilisation, ASAP a non seulement signé un partenariat avec les mairies du pays, mais aussi avec le ministère de l’Environnement, ainsi que le Conseil national des élèves. (Trad : Charlotte Fromenteaud)