Les métiers préférés des lycéens roumains
Les jeunes roumains savent se connecter aux nouvelles réalités, conscients du fait que la révolution numérique changera l’apparence du monde et que dans les prochaines décennies, suite aux évolutions technologiques et économiques, de nouveaux métiers apparaîtront, pour lesquels ils devraient se préparer. Selon un sondage réalisé par l’Initiative pour la compétitivité – INACO – dans le cadre du projet : « Guide des métiers de l’avenir », la plupart des élèves envisagent de travailler dans le domaine informatique. Andreea Paul, présidente de l’Association INACO: « Deux élèves sur trois estiment que les métiers de l’avenir apparaîtront dans des domaines tels la robotique, l’intelligence artificielle, les ordinateurs et l’impression 3D. C’est d’ailleurs ce à quoi les jeunes roumains rêvent. Certes, le Guide des métiers de l’avenir les a stimulés, leur a ouvert de nouvelles opportunités, les a aidés à comprendre l’impact des nouvelles technologies sur le marché du travail et le fait qu’elles touchent tous les domaines – de l’art à la médecine. Les jeunes ont compris que leur vie ne sera pas facile, que nous travaillerons tous de manière plus intelligente et plus créative, que sur le marché du travail de l’avenir, ils ont besoin d’un autre savoir-faire. A part les domaines informatique et de la médecine, qui semblent très attrayants pour les élèves, on est surpris de constater un grand intérêt pour les métiers de l’armée et de la police. Le nombre de jeunes qui souhaitent s’orienter vers ces deux domaines est double par rapport à ceux attirés, par exemple, par l’éducation. Des métiers exotiques ont fait leur apparition parmi les options des jeunes, dont pilote de drones ou mineur spatial – bien que ces options semblent inspirées par le Guide des métiers de l’avenir. A en juger d’après les réponses au sondage, il semble évident que l’éducation actuelle n’a rien à voir avec le marché du travail de l’avenir. »
România Internațional, 28.08.2019, 13:20
Les spécialistes de l’Association INACO estiment que, du point de vue de l’éducation, la Roumanie n’est pas préparée pour cet avenir. Par son projet « Guide des métiers de l’avenir », lancé l’automne dernier, la communauté des professionnels d’INACO souhaite montrer aux jeunes de quelle façon le monde changera dans les années qui viennent et quels sont les nouveaux métiers qui apparaîtront. Elle leur propose également des prévisions sur l’économie et le marché de l’emploi. Andreea Paul: « Nous sommes en discussions très avancées avec l’Inspection scolaire de la capitale en vue de la création des premiers laboratoires intelligents à Bucarest. Nous souhaitons mettre sur pied de tels laboratoires dans 18 écoles – dont certaines aussi à Constanța et Călărași. Un laboratoire intelligent doit être doté de 6 imprimantes 3D, d’un scanner 3D, de deux robots éducatifs multifonctionnels, d’équipements de réalité virtuelle, mais aussi des logiciels et des consommables nécessaires. La maintenance sera assurée pendant la première année de fonctionnement du laboratoire. La formation des enseignants est elle aussi très importante et nous estimons que chaque école prise en compte pour ce programme aura besoin de trois professeurs spécialisés. Le deuxième pas serait la création d’un groupe de travail pour l’éducation de l’avenir – et nous nous adressons, cette fois-ci, au ministère de l’Education nationale, lui demandant de créer un tel groupe de toute urgence. Nous pourrons ainsi parler, l’année suivante, d’un programme national d’équipement des écoles avec ces nouvelles technologies. Les laboratoires intelligents sont actuellement tout aussi importants que les laboratoires de physique, de chimie, d’informatique, de géographie, de biologie, qui sont habituels dans les écoles roumaines. »
L’expert en éducation Marian Staş estime que le système éducatif roumain doit être réformé, pour créer une école plus attrayante, où les élèves soient motivés à apprendre et passionnés par ce qu’ils font. « L’école fonctionne le frein à main tiré, pour ainsi dire, étant fortement inadaptée aux besoins réels de la société en général et de chaque jeune en particulier. Je pense surtout à l’enseignement supérieur et aux lycées. Peut-être l’enseignement supérieur est-il un peu plus focalisé sur ces besoins – bien que là aussi j’aie certaines réserves, mais l’éducation dispensée au lycée n’a rien à voir avec les besoins réels de développement des jeunes. C’est un enseignement figé dans son vieux moule communiste, entièrement coupé des besoins réels, authentiques, de la société et des jeunes. L’enseignement est organisé de façon à ce que les professeurs aient leurs cours et leurs salaires et non pas de façon à répondre aux besoins des enfants. D’où cette folie des 15-16-18 disciplines par semestre, des leçons privées données par les professeurs aux élèves des classes où ils enseignent, de l’évaluation nationale à la fin du secondaire, qui est une forme sans contenu, car les sujets, d’une extrême simplicité, ne permettent pas une vraie hiérarchie etc. »
En Roumanie, 3% seulement des élèves participent aux olympiades scolaires, 42% des élèves ne comprennent pas ce qu’ils lisent et le taux d’abandon est parmi les plus élevés de l’UE. Pour l’instant, la nouvelle ministre de l’Education, désignée pour la 4e fois à ces fonctions, souhaite continuer la réforme entamée par une nouvelle Loi de l’éducation. (Trad. : Dominique)