Les effets de la pandémie sur les élèves
Si la pandémie a
eu des conséquences psychologiques dévastatrices sur les adultes, elle a eu un
impact encore plus néfaste sur les enfants, qui comme on le sait, sont encore
plus sensibles. Voilà deux ans maintenant que les experts en éducation, les
psychologues et les parents tirent la sonnette d’alarme sur les changements que
vont rencontrer les élèves et ce, principalement, à cause de l’isolement. Les
études qui le confirment se sont progressivement multipliées. La plus récente
est un sondage effectué par l’organisation Salvați Copiii (Sauvez les enfants).
Le sociologue Ciprian Grădinaru nous explique les résultats de cette dernière :
Christine Leșcu, 20.04.2022, 11:34
Si la pandémie a
eu des conséquences psychologiques dévastatrices sur les adultes, elle a eu un
impact encore plus néfaste sur les enfants, qui comme on le sait, sont encore
plus sensibles. Voilà deux ans maintenant que les experts en éducation, les
psychologues et les parents tirent la sonnette d’alarme sur les changements que
vont rencontrer les élèves et ce, principalement, à cause de l’isolement. Les
études qui le confirment se sont progressivement multipliées. La plus récente
est un sondage effectué par l’organisation Salvați Copiii (Sauvez les enfants).
Le sociologue Ciprian Grădinaru nous explique les résultats de cette dernière :
« Toute
situation doit être replacée dans un contexte plus large. Ces deux années de
pandémie ont bouleversé le rythme des enfants, mais aussi celui des adultes.
Nous constatons que près de la moitié d’entre eux se sentent seuls, tristes,
isolés et stressés. C’est le cas parce que durant la pandémie ils ont été
isolés de leur groupe d’amis. Ils ont été obligés de se soumettre à un système
scolaire complètement nouveau. Ils ont reçu moins d’information et moins de
connaissances, et leur accès à l’éducation a été réduit. N’oublions pas qu’une
bonne partie de ces enfants n’a pas eu ou a eu un accès limité à l’éducation au
cours de cette période. Cela explique pourquoi la moitié d’entre eux estiment
ne pas se sentir prêts pour les examens. Les élèves de 4ème et de Terminale
admettent être stressés et ne pas avoir confiance en eux en ce qui concerne les
examens qui approchent. D’ailleurs, les résultats confirment ce qu’avaient
prédit les experts en éducation. »
Les élèves
semblent s’autoévaluer avec objectivité. Seul un tiers des élèves de quatrième
estiment être bien préparés aux examens. 31 % des élèves du secondaire
déclarent avoir du retard dans leur scolarité, tandis qu’un élève sur deux
estime que la quantité de devoirs est plus importante que les années
précédentes. C’est pour cette raison que beaucoup reconnaissent avoir besoin
d’aide, par rapport aux années précédentes. 51 % des enfants interrogés
reconnaissent avoir eu davantage besoin du soutien de leurs professeurs au
cours de cette année scolaire. 13 % ont eu besoin de cours particuliers et 9 %
ont demandé de l’aide à leur entourage. Une bonne partie des élèves de 4ème
affirment avoir eu besoin de cours particuliers, plus que leurs camarades des
autres niveaux. Beaucoup, à juste titre, expriment de la frustration,
conscients d’avoir du retard dans certaines matières. Ce n’est toutefois pas la
seule émotion négative ressentie par ces jeunes. Selon le sondage effectué par
l’organisation Salvați Copiii (Sauvez les enfants), les lycéens racontent se
sentir furieux, tristes ou fatigués. Ce sont malgré tout les élèves de
quatrième qui semblent être le plus affecté, beaucoup exprimant un état élevé
de stress, de peur ou de fatigue. Le sociologue Ciprian Grădinaru estime
cependant que cet état d’esprit peut être étendu à la famille élargie :
« Les
parents sont aussi concernés. Leur rythme quotidien a aussi été bouleversé.
C’était une période stressante pour eux aussi, avec beaucoup de tensions. Leur
travail aussi a changé, tout comme leurs interactions et leurs sorties qui ont
été réduites. C’est le cocktail parfait pour générer des tensions au sein d’une
famille, des problèmes divers qui, inévitablement, affecteront aussi les plus
jeunes. »
Quels sont les causes de ces
problèmes ? Ciprian Grădinaru nous répond :
« Le
manque d’interaction et l’isolement sont les principales causes de stress chez
les enfants. Il faut bien se rendre compte que la scolarité, le quotidien et
bien d’autres aspects de la vie de ces derniers ont été complètement
bouleversés au cours de ces deux années. Rappelez-vous que les vacances, telles
que nous les connaissions, ont disparu. Les interactions quotidiennes entre
amis ont elles aussi disparu, au profit des échanges en ligne. Les enfants
passaient déjà beaucoup de temps sur les écrans avant la pandémie, et les
chiffres des études menées à l’époque étaient inquiétants. Aujourd’hui c’est
encore pire, avec les avantages et les désavantages que cela présente. Ce sont
tous ces éléments (manque de contact, isolement, enfermement, absence de
vacances, manque d’activité) qui génère des tensions, de la tristesse etc. On
constate aussi que certains enfants sont plus affectés que d’autres. Les
adolescents par exemple sont plus nombreux à exprimer de la tristesse que les
enfants plus jeunes, les filles en particulier. Et ainsi de suite. »
Cette étude a été menée au mois de mars
sur un échantillon représentatif de 1 900 enfants âgés de 9 à 18 ans, répartis
équitablement entre les différents niveaux d’enseignement du secondaire.
(Trad : Charlotte Fromenteaud)