Les business verts de Roumanie
Selon une étude récente, 86% des Roumains trouvent que le réchauffement climatique est un vrai problème. Le pourcentage est réconfortant si on le compare à une enquête réalisée en 2009, quand le changement climatique constituait un sujet de préoccupation pour seulement 16% des répondants roumains. Revenant à l’étude de 2019, 75% des personnes interrogées se déclarent intéressées par les campagnes de nettoyage ou de collecte de déchets et 86% d’entre elles se sentent concernées par le taux de boisement. En revanche, la volonté de contribuer activement à ce type d’activités s’avère plus réduite : 38% des Roumains participeraient à des collectes de déchets et 33% prendraient part à des campagnes de reboisement. Et pourtant, il existe de plus en plus d’initiatives individuelles ou issues de petits groupes qui visent à réduire la pollution ou à développer une activité économique respectueuse de l’environnement.
Christine Leșcu, 29.01.2020, 13:38
Selon une étude récente, 86% des Roumains trouvent que le réchauffement climatique est un vrai problème. Le pourcentage est réconfortant si on le compare à une enquête réalisée en 2009, quand le changement climatique constituait un sujet de préoccupation pour seulement 16% des répondants roumains. Revenant à l’étude de 2019, 75% des personnes interrogées se déclarent intéressées par les campagnes de nettoyage ou de collecte de déchets et 86% d’entre elles se sentent concernées par le taux de boisement. En revanche, la volonté de contribuer activement à ce type d’activités s’avère plus réduite : 38% des Roumains participeraient à des collectes de déchets et 33% prendraient part à des campagnes de reboisement. Et pourtant, il existe de plus en plus d’initiatives individuelles ou issues de petits groupes qui visent à réduire la pollution ou à développer une activité économique respectueuse de l’environnement.
Dinu Drog, avocat à Bucarest, est un exemple. Il a initié un groupe d’engagement civique pour résoudre quelques-uns des problèmes de son quartier et, récemment, est devenu entrepreneur dans l’énergie renouvelable. Vers la fin de l’année dernière, il a lancé une coopérative d’énergie sur l’initiative d’un de ses voisins, en cooptant un partenaire des Pays-Bas. Si la coopérative avait 15 membres au départ, elle en compte 140 en ce moment, deux mois seulement après son lancement.
Dinu Drog : « Une coopérative d’énergie est, en fait, une communauté énergétique, un modèle de business qui fournit de l’énergie renouvelable aux membres coopérants. Dans le même temps, la coopérative est aussi productrice d’énergie. C’est la définition donnée au niveau de l’Union européenne. Il y a tout un mouvement de démocratisation du marché de l’énergie en Europe. Les citoyens deviennent acteurs, ils ont la possibilité d’entrer sur le marché en produisant eux-mêmes de l’énergie, en mettant, par exemple, des panneaux photovoltaïques sur les toits. Une telle coopérative est finalement un cadre qui permet aux gens désireux de produire de l’énergie verte de s’associer. Nous sommes à un stade avancé des négociations pour acheter un champ de panneaux solaires avec l’apport des coopérants. Pour le moment, la coopérative fonctionne comme un fonds d’investissements. En échange de leur implication financière, les membres reçoivent du rendement, c’est-à-dire un intérêt. »
Les membres de la coopérative sont aussi ses actionnaires, ils seront à la fois fournisseurs et bénéficiaires d’énergie verte dès lors qu’ils obtiendront les autorisations nécessaires. La coopérative d’énergie lancée par Dinu Drog est, pour le moment, la seule de ce type de Roumanie et d’Europe de l’Est. C’est un exemple d’engagement citoyen de personnes qui font attention à l’environnement et à l’air qu’elles respirent.
Dinu Drog : « Nous pouvons tous trouver des solutions individuelles : faire du tri sélectif, recycler, faire attention à notre consommation d’énergie. Mais nous avons aussi besoin d’instruments collectifs, de communautés qui donnent du poids à ces démarches. C’est là qu’intervient une coopérative d’énergie : elle met ensemble des personnes intéressées par le développement durable et l’écologie. »
Un autre exemple d’entrepreneuriat respectueux de l’environnement est la maison d’édition Seneca, qui se dit la première maison d’édition verte de Roumanie. L’affaire comprend aussi une librairie et un café, où les livres d’écologie sont mis en avant et où l’on paie le temps que l’on y passe et pas sa consommation. Ici, des produits naturels sont mis à la disposition des clients et chacun se charge de préparer son propre thé, café ou goûter.
La directrice Ştefania Oprina nous parle de ce que c’est qu’une maison d’édition verte : « Cela veut dire penser à l’environnement quand on produit quelque chose – dans notre cas, des livres. Cela veut dire choisir du papier recyclé pour l’impression et savoir que le papier a un certain format, ce qui implique qu’il y a toujours des restes qui d’habitude sont jetés, mais qui peuvent être utilisés pour imprimer autre chose, du matériel promotionnels, par exemple. Il faut aussi prendre en compte le type d’encre utilisée et le lieu où l’on imprime. Mais toute cette attention, tout ce soin sont récompensés par le résultat, des livres très beaux que le public accueille avec joie, en sachant que moins d’arbres ont été coupés pour les fabriquer. »
L’intérêt récent des Roumains pour un mode de vie durable est aussi démontré par les ventes d’un titre publié récemment par les Editions Seneca. « Famille Zéro Déchet » des auteurs français Jérémie Pichon et Bénédicte Moret a été le livre d’écologie le mieux vendu au Salon du livre Gaudeamus, qui a eu lieu fin 2019 à Bucarest.
Ștefania Oprina : « Les gens cherchent déjà des solutions pratiques qu’ils mettent en application. Ils ont sur eux des sacs en tissu pour éviter d’utiliser les sacs en plastique. Ils refusent les couverts jetables et les pailles en plastique, qu’ils remplacent par des pailles en métal. Ils cherchent des recettes, comme celles du livre : des recettes de pâte dentifrice ou de lessive peu polluantes. Cela permet d’économiser de l’argent et du temps, car on forme d’autres habitudes, les tâches quotidiennes n’impliquent plus de passer du temps dans les supermarchés, par exemple. En plus, les recettes nous apprennent à produire des quantités suffisantes pour ne pas transformer nos maisons en laboratoires. »
Les comportements des Roumains évoluent. Que l’on parle d’investir dans les énergies renouvelables, de renoncer au plastique ou de s’impliquer dans les initiatives citoyennes, la préoccupation pour l’environnement est de plus en plus visible à l’échelle de la société roumaine. (Trad. Elena Diaconu)