L’épuisement physique et psychique au travail…
Si voici un an, au début de la pandémie de
Covid-19, le télétravail semblait être la solution idéale pour pouvoir
continuer de travailler sans être contaminé avec le nouveau coronavirus, cette
perception a évolué depuis. L’épuisement professionnel ou le burn-out affecte
de plus en plus de salariés et, depuis peu, on remarque un lien étroit entre ce
syndrome et le télétravail. Des études à ce sujet sont effectuées au niveau
international et national.
Christine Leșcu, 04.08.2021, 13:15
Si voici un an, au début de la pandémie de
Covid-19, le télétravail semblait être la solution idéale pour pouvoir
continuer de travailler sans être contaminé avec le nouveau coronavirus, cette
perception a évolué depuis. L’épuisement professionnel ou le burn-out affecte
de plus en plus de salariés et, depuis peu, on remarque un lien étroit entre ce
syndrome et le télétravail. Des études à ce sujet sont effectuées au niveau
international et national.
Le psychopédagogue Dragoș Iliescu nous en dit
davantage sur les recherches menées en Roumanie à ce sujet : « Nous
avons des données statistiques qui remontent principalement des groupes de
travail constitués au niveau de l’Université de Bucarest et de l’Université de
l’Ouest de Timișoara. Ils sont centrés autour de la santé au travail et,
notamment, autour du problème du stress en milieu professionnel. On remarque
une croissance exponentielle de cet indicateur, à laquelle on s’attendait d’ailleurs. Il est important de dire que
l’épuisement n’arrive pas quand on travaille trop, comme on le pensait jusqu’à
présent. En pleine pandémie, il semblerait que l’on ne travaille pas beaucoup, car
nous sommes surtout chez nous, comme les enfants. Pourtant, on sait que
l’épuisement n’est pas seulement lié à la charge de travail, mais à d’autres
éléments, plus contextuels. Ce n’est pas le stress en soi qui mène au burn-out,
mais un stress prolongé ou chronique. Et au moment présent, on peut parler de
stress chronique : il faut gérer constamment des choses qui demandent un
effort supplémentaire et faire face à des exigences émotionnelles,
relationnelles, cognitives et ainsi de suite. A long terme, cela nous
affecte. »
Des études spécialisées récentes indiquent
que les gens ont l’impression de travailler davantage depuis le début de la
pandémie, même quand ils sont en télétravail. On parle même d’une augmentation
de la charge de travail de l’ordre de 40 %. C’est difficile de dire s’il s’agit
d’une réalité objective ou d’une perception subjective.
Mais après tout, ce sont les perceptions qui
comptent, estime Dragoș Iliescu : « C’est vrai que la frontière entre
vie professionnelle et vie privée s’est presque entièrement effacée. On a le
sentiment de travailler du matin au soir sans limites. On s’arrête pour manger
ou pour préparer à manger aux enfants, et ensuite on retourne travailler.
Beaucoup de gens vivent cela, ils ont l’impression de travailler davantage et
de ne plus avoir d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cela est
associé à l’insécurité apportée par la pandémie, on ne sait tout simplement pas
ce qui adviendra. Tout devient source de stress et, à défaut d’un répit qui
nous permettrait de récupérer, ces éléments sont extrêmement nocifs. »
Petru Păcuraru, expert et formateur en
ressources humaines, a lui aussi observé que la frontière entre vie
professionnelle et vie privée devenait de plus en plus floue. Directeur d’une
entreprise de formation professionnelle, il retransmet le sentiment de ses
clients, beaucoup d’entre eux salariés en télétravail : « Ce sont des
descriptions très simples : « Je n’ai pas vu passer la
journée ; il faisait jour et ensuite il faisait nuit ; ça fait
quatre heures que je suis assis sur ma chaise ; je n’ai pas eu de pause
déjeuner ; je sens une pression constante dont je n’arrive pas à me
défaire, même pendant les week-ends ; j’ai des migraines, j’ai des insomnies,
j’ai pris du poids. » L’épuisement est accompagné de tout un tas de choses
désagréables, mais il vous prive aussi d’une meilleure communication et du
temps passé avec les proches. Tout ceci est surprenant et contre-intuitif. On
s’imaginait que le télétravail allait nous aider, alors que c’est le contraire
qui se produit, il vous prive de tant de choses si vous ne faites pas attention
à séparer les sphères professionnelle et privée. »
Les enfants souffrent eux aussi d’épuisement
à cause des cours en ligne et d’un temps d’écran excessif. En plus, le manque
de socialisation avec leurs amis est une source de stress importante. Les
enfants vont présenter tous les symptômes habituels du burn-out, tout comme les
adultes, et c’est aux parents de chercher de l’aide spécialisée et d’être
proches d’eux, de leur parler, de faire preuve de compréhension. Adultes comme
enfants doivent apprendre à gérer ce syndrome, car le burn-out ne disparaîtra
pas de sitôt, tout comme le télétravail ne disparaîtra pas à la fin de la
pandémie.
Petru Păcuraru : « Si on regarde
les chiffres au niveau national, on constate que 20 % des salariés roumains sont
en télétravail. Mais dans les grandes villes, où il n’y a pas vraiment
d’industrie et où les gens travaillent surtout dans des bureaux, le télétravail
concerne près de 50 % des employés. Nous, nous travaillons beaucoup avec le
domaine bancaire où jusqu’à 80 % des salariés sont en télétravail. Dans les TIC,
ce pourcentage atteint les 90 %. Je crois que le télétravail touche tout
domaine qui ne demande pas une présence physique sur le lieu de travail, comme ce
serait le cas dans la production, par exemple. C’est sûr que dans les
trois-cinq années à venir, on sera sur un modèle hybride entre télétravail et
travail au bureau. J’anticipe alors que nous arriverons, dans un futur proche,
à gérer ce burn-out lié au travail à distance », a conclu Petru
Păcuraru, expert en ressources humaines. (Trad. Elena Diaconu)