L’enseignement professionnel dual en Roumanie
Il y a une vingtaine d’années, l’enseignement professionnel en Roumanie continuait de former des ouvriers qualifiés pour tous les secteurs de l’économie de l’époque. Supprimé en 2009, il allait être réintroduit, plus tard, à la demande des employeurs à court de personnel spécialisé. Selon les statistiques, un jeune sur quatre est au chômage, tandis que 16% des 18 à 24 ans ne suivent pas de cours universitaires ou de formation professionnelle. En Roumanie, seulement 20% des élèves en fin de collège optent pour cette dernière, alors que 50 mille d’entre eux échouent à l’examen d’entrée au lycée ou bien, s’ils le réussissent, ils n’arrivent pas à avoir leur bac.
România Internațional, 19.07.2017, 12:21
Il y a une vingtaine d’années, l’enseignement professionnel en Roumanie continuait de former des ouvriers qualifiés pour tous les secteurs de l’économie de l’époque. Supprimé en 2009, il allait être réintroduit, plus tard, à la demande des employeurs à court de personnel spécialisé. Selon les statistiques, un jeune sur quatre est au chômage, tandis que 16% des 18 à 24 ans ne suivent pas de cours universitaires ou de formation professionnelle. En Roumanie, seulement 20% des élèves en fin de collège optent pour cette dernière, alors que 50 mille d’entre eux échouent à l’examen d’entrée au lycée ou bien, s’ils le réussissent, ils n’arrivent pas à avoir leur bac.
Ceci étant, les grandes compagnies ont essayé d’imposer la formation par alternance. Voici les explications de Zoica Vlăduţ, directrice adjointe du Centre national pour le développement de l’enseignement professionnel et technique : « Un décret d’urgence sur introduction de cette forme d’enseignement a été approuvé en novembre 2016 ; il suppose une implication accrue des opérateurs économiques, car elle est organisée à leur initiative. Leur intérêt découle de leur double qualité, celle d’employeurs potentiels et de partenaires de stages. En effet, ce système repose sur deux contrats: le premier scelle le partenariat entre l’établissement scolaire, l’agent économique et l’administration territoriale, l’autre est un contrat individuel de formation pratique, signé entre l’école, l’entreprise et l’élève. Par ailleurs, les élèves bénéficient de bourses accordées tant par l’Etat, que par les opérateurs économiques. »
Ce système de scolarité est déjà mis en place dans bien des écoles à travers le pays. Rien qu’en 2016, plus de 5.000 compagnies se sont impliquées dans la démarche visant à créer des emplois pour les jeunes issus du système éducatif dual. Cristian Macedonschi, conseillère locale et présidente de l’Association pour la promotion et le développement touristique du département de Braşov, nous a parlé du succès de ce type d’enseignement. « Il y a deux ans, l’Association pour la promotion et le développement touristique du département de Braşov et les hôtels Kolping et Cronwell ont lancé un projet-pilote. A compter de cette année, nous avons trois classes, censées former au total 90 futurs cuisiniers, serveurs et femmes de chambre, mais la demande sur le marché de l’emploi est beaucoup plus grande. A l’issue de la réunion du 10 janvier dernier, les représentants des entreprises du secteur industriel ont conclu que le besoin de personnel était double par rapport aux effectifs d’apprentis. Un autre problème, c’est celui de la formation des formateurs. En ce sens, nous comptons sur des projets Erasmus, facilitant de telles formations à l’étranger, dans des pays tels l’Autriche, l’Allemagne ou la Suisse, réputés pour leur longue tradition en matière de système éducatif dual. Une fois réglé cet aspect aussi, on pourra donc accroître le nombre de classes ».
Le programme scolaire de l’enseignement par alternance prévoit trois années d’études et d’apprentissage par la pratique. En première année, les cours théoriques représentent 40% de la formation, le reste du temps étant affecté aux activités pratiques. Le poids des deux pans de la formation change, en ce sens qu’en terminale les activités pratiques sont prédominantes, soit 75%. Cristian Macedonschi: « Les élèves travaillent comme apprentis dans les entreprises partenaires du lycée d’Etat. Trois années durant, ils y apprennent les métiers de cuisinier, de serveur et de ménagère. Comme ils sont dispensés par un établissement d’enseignement public, ces cours sont gratuits. Les jeunes reçoivent même des bourses de 400 lei, soit près de 100 euros. Cet argent est payé moitié par l’Etat, moitié par l’employeur. A la fin de la scolarité, les jeunes décrochent un diplôme et peuvent continuer à travailler dans les entreprises où ils ont acquis leur compétences pratiques. En Roumanie, le premier lycée professionnel de ce type a ouvert ses portes en 2012, à Brasov. Depuis lors, il a fourni aux entreprises aéronautiques et aux constructeurs automobiles de la main d’œuvre qualifiée. 97 % des frais émoulus de ce lycée ont été embauchés par les entreprises qui les ont formés. »
Malheureusement, de moins en moins de jeunes croient encore au vieux dicton selon lequel « un bon métier vaut mieux qu’une poignée d’or ». En effet, malgré la demande croissante de travailleurs qualifiés, l’enseignement professionnel ne les attire point. La principale raison de cet état de choses réside dans la mentalité, affirment les spécialistes. Gênés à l’idée de suivre une telle école et d’apprendre un métier, ils préfèrent le statut de diplômés de l’université au chômage. Zoica Vlăduţ: « Ces dernières années, les jeunes prêts à emprunter la voie de l’enseignement professionnel ont été de moins en moins nombreux. C’est justement pour les y encourager que le ministère de l’Education a déclaré 2017 l’Année de la promotion de l’enseignement professionnel et technique. A cet effet, toute une série d’activités ont été prévues, à commencer par celles d’informer les jeunes et leurs parents sur l’offre de formation par le biais de l’enseignement professionnel et technique et en système dual. Les opérateurs économiques et le milieu des affaires doivent eux aussi s’y investir davantage et les convaincre du fait que la qualification professionnelle n’est pas une chance de seconde main, pour ainsi dire, et encore moins une option pour les seuls collégiens aux faibles résultats scolaires, mais une voie avec de belles perspectives d’évolution, donnant accès même à des études supérieures ».
A présent, on travaille sur les méthodologies permettant d’organiser, à partir de l’année scolaire 2017, le système éducatif dual, en tant que forme d’enseignement professionnel et technique.(Trad. Mariana Tudose)