L’émancipation des femmes du milieu rural
Christine Leșcu, 06.03.2013, 16:07
Pour 67% de ces femmes, leur emploi, pour ainsi dire, consiste à travailler pour le bien-être et le confort de leurs familles, sans autre récompense que la satisfaction personnelle. Pourtant, ce travail ne leur confère pas d’indépendance sociale ou financière. Et si ces femmes transformaient leur travail quotidien en activité à profitfinancier ou autre?
C’est ce que vise la Fédération des syndicats des agriculteurs, Agrostar, par le biais du projet E-Word. Destiné à l’émancipation des femmes rurales et financé par le programme européen sectoriel de développement des ressources humaines (POSDRU), il a concerné 2050 femmes de 6 régions de développement rural de Roumanie. Le projet mentionné s’est proposé de dispenser des cours de formation et de conseiller les femmes qui souhaiteraient trouver un emploi ou monter une affaire, en transformant leur activité courante en un travail rémunéré.
Détails avec Oana Calenciuc, coordinatrice technique du projet « E-Word. L’Emancipation des femmes, condition du développement rural » : «Nous avons mis sur pied quatre centres d’information et de conseil dans les comtésdeTimiş, Arges, Dolj et Galaţi, à l’intention des femmes vivant en milieu rural. Plus de 800 personnes ont contacté le personnel de ces centres et environ 48% d’entre elles ont pris part à un cours de formation professionnelle. Ces centres leur ont fourni toute sorte d’informations et de conseils, y compris en matière d’entrepreneuriat et de réconciliation entre vie familiale et vie professionnelle».
Suivant les différentes options des femmes, nous avons organisé cinq cours de formation professionnelle auxquels ont participé 1200 femmes. Elles y ont acquis des connaissances censées les préparer pour des métiers comme manucuriste, vendeuse, pâtissière ou ouvrière dans les fabriques de conserves de fruits et légumes. Oana Calenciuc : «Les cours les plus recherchés ont été ceux de vendeuse dans le commerce de détail, de manucuriste et de pâtissière. Par contre, les demandes de cours de baby-sitter ont été les moins nombreuses. Nous avons également aidé les participantes à trouver un job. Jusqu’à la fin du projet, 130 femmes en avaient trouvé un ou démarré une petite affaire. Je ne saurais oublier de mentionner le cours d’initiation à l’informatique destiné à une centaine de femmes des départements d’Olt et de Dâmboviţa, au bout duquel elles ont passé un examen de certification des compétences».
A la fin de ces cours et grâce à eux, justement, certaines femmes ont décidé de monter leur propre affaire ou bien d’accéder à des fonds européens pour financer l’affaire qu’elle avaient déjà. Elena Odagiu, du comté d’Olt, mère de deux garçons, a transformé sa passion des fleurs en une affaire : « Les fleurs ont été une de mes plus vieilles passions. J’ai ensuite accédé à un projet financé par des fonds européens. C’est un projet ciblé sur les fleurs et légumes dans des endroits protégés. C’est ma propre affaire, je suis la maîtresse de ma vie et de mon temps. C’est moi qui décide de mes actions, quand je pars en vacances et quand je travaille. C’est là un des avantages, dont le plus important est celui de pouvoir passer du temps avec ma famille, mes enfants, mon mari. Le fait d’avoir ma propre affaire et que c’est moi la propriétaire font que je me sente à l’aise ».
Pour Ecaterina Olteanu du département de Prahova, les fonds européens lui ont aussi donné la possibilité de transformer une activité domestique en une lucrative : « Mon mari a obtenu des fonds européens pour l’agriculture, ce qui nous a permis de développer notre ferme. J’ai par la suite suivi les cours de transformation des fruits et légumes et nous avons commencé à conserver les légumes et à produire des conserves de légumes à tartiner, selon des recettes traditionnelles ainsi que des légumes saumurés ».
Démarrer sa propre affaire a aussi permis à Ecaterina de mieux se connaître et de mettre à profit son temps et sa personnalité: «Je peux dire que j’ai eu beaucoup de courage. Au moment où j’ai commencé à apprendre plus que je ne savais, j’ai décidé de me mettre en route. J’ai le grand privilège de pouvoir passer du temps avec ma famille, de rester chez moi et de savoir ce que j’ai à faire. Et ce que je fais, c’est bien pour moi et ma famille».
Mariana Feraru de Vâlcea, dans le sud du pays, a 9 enfants, l’aîné ayant 23 ans et le cadet 5 ans et demi. Au mois de mars elle accouchera à nouveau. Ce sont les enfants qui l’ont stimulée dans ses démarches. Mariana Feraru : «J’ai suivi les cours de Agrostar. Je veux mettre en place une société, j’ai déposé mon dossier et j’attends l’approbation. C’est une société de commerce de détail et de transport. Il faut ouvrir la voie à un meilleur avenir à nos enfants. Pour moi, l’agriculture a toujours été sur le premier plan. J’aimerais que tous les parents dirigent leurs enfants vers l’agriculture car c’est elle qui nous donne à manger».
Pour toutes ces femmes, l’important c’est d’avoir trouvé une activité lucrative qui leur permet de passer du temps avec leur famille. (trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop)