L’égalité entre les hommes et les femmes pendant la pandémie
Tous les deux ans, l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et
les femmes, dont le siège est à Vilnius, publie l’indice d’égalité de genre. Il
s’agit d’une vaste étude qui analyse de nombreuses données relatives aux
inégalités de genre. Selon les résultats de 2021, la Roumanie se trouve à la 25ème
place dans le classement des Etats membres de l’UE, avec 54,5/100 points. Un
résultat inférieur de 13,5 points à la moyenne des pays au sein de l’UE. Oana
Băluță, journaliste et maître de conférences à l’Université de journalisme et
de sciences de la communication de Bucarest nous fait part de son
analyse :
Christine Leșcu, 16.03.2022, 13:36
Tous les deux ans, l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et
les femmes, dont le siège est à Vilnius, publie l’indice d’égalité de genre. Il
s’agit d’une vaste étude qui analyse de nombreuses données relatives aux
inégalités de genre. Selon les résultats de 2021, la Roumanie se trouve à la 25ème
place dans le classement des Etats membres de l’UE, avec 54,5/100 points. Un
résultat inférieur de 13,5 points à la moyenne des pays au sein de l’UE. Oana
Băluță, journaliste et maître de conférences à l’Université de journalisme et
de sciences de la communication de Bucarest nous fait part de son
analyse :
« Durant
des années la Roumanie est restée en fin de classement. En 2021, les inégalités
les plus marquées s’observent surtout sur deux indicateurs. Le premier concerne
le « pouvoir », un domaine dans lequel la Roumanie a cumulé 34,7
points, une augmentation significative par rapport à ses résultats de 2020. Le
second s’intitule « le temps ». L’Indice européen d’égalité de genre
mesure les inégalités entre les hommes et les femmes dans différents
domaines : le travail, les revenus, l’éducation, le temps, les
responsabilités, la santé, la violence ou encore les inégalités
intersectorielles. Au-delà de ces chiffres pour 2021, il est primordial de se
rappeler que ces résultats reflètent l’évolution très lente des progrès
enregistrés en Roumanie dans ce domaine, en comparaison avec les autres états
membres de l’UE. Cela ne fait que creuser le fossé qui la sépare de ces autres
pays. »
L’indice
« pouvoir » fait référence, dans ce cadre, au pouvoir de prendre des
décisions politiques et économiques. C’est dans ce domaine que le bât blesse
pour la Roumanie, où les décisions ayant le plus d’impact sur les femmes sont
prises par des hommes, comme nous l’explique Oana Băluță :
« L’indice de « pouvoir »
examine les écarts de représentativité au sein de groupes politiques ou
économiques. Si l’on se penche sur le domaine de la politique, on constate que
les femmes sont très peu représentées au sein du gouvernement, du parlement ou
encore dans les conseils municipaux et les mairies. Ce changement s’opère au
travers des partis politiques. Nous vivons dans une démocratie représentative,
et les partis sont les plateformes par lesquelles passent les candidats
souhaitant être élus aux plus hautes fonctions politiques. Ce sont les partis
qui instaurent une hiérarchie entre les hommes et les femmes inscrits sur leurs
listes. Et si l’on en croit ces listes, les candidats plébiscités par les
partis sont rarement des femmes. Elles ne représentent que 30 %. Les hommes
leur sont préférés pour la majorité des postes éligibles. Elles sont quant à
elles plus nombreuses sur les postes non-éligibles. Les partis politiques sont
donc, en ce sens, responsables de l’inégalité entre les genres dans le domaine
politique.»
L’une des mesures politiques ou de
politiques publiques permettant de rééquilibrer la balance consisterait à
répartir les responsabilités de manière équitable entre les hommes et les
femmes. Par exemple, selon l’indice d’égalité de genre, le nombre de femmes sur
le marché du travail roumain est moindre par rapport au nombre d’hommes. Oana
Băluță nous explique l’origine d’un tel écart :
« En
Roumanie, plus que dans les autres états membres de l’UE, les femmes passent
beaucoup de temps à prendre soin des autres ou à effectuer des tâches
domestiques. Mais ce manque d’investissement des hommes dans les ménages a des
conséquences très concrètes pour les femmes : un temps de travail
démultiplié, une réduction du temps libre. Proportionnellement à leur nombre, ces
dernières ont été moins représentées sur le marché du travail entre 2016 et
2020. Sur cette période, le nombre de femmes actives a enregistré une baisse
record par rapport aux hommes au cours des 25 dernières années. La raison
principale ? Les femmes elles-mêmes l’affirment : ce sont elles qui
s’occupent des parents, des personnes à mobilité réduite, ou encore des
enfants. Cela nous a été confirmé par une étude publiée en décembre dernier,
qui traite de la question des inégalités économiques entre les hommes et les
femmes en Roumanie. »
Contrairement
aux années précédentes, l’indice européen d’égalité de genre de 2021 n’a pas pris
en compte dans ses critères la violence domestique. Pourtant, un Eurobaromètre
récent a révélé que 77 % des femmes en UE estimaient que la pandémie de Covid-19
avait conduit à une augmentation des violences physiques et psychologiques
envers les femmes. Oana Băluță nous en dit davantage :
« Malheureusement, nous
avons eu confirmation grâce aux données recueillies par les ONG ou communiquées
par la police, que les violences envers les femmes avaient bien augmenté
pendant la période de pandémie. Et pas seulement. Les types de violence aussi, comme
les violences sexuelles. Dans le même temps, la gestion de cette thématique par
les institutions nationales roumaines montre encore une fois que la pandémie
n’a fait qu’accentuer des inégalités structurelles déjà existantes, y compris
dans les domaines de la prévention et de la lutte contre les violences faites
aux femmes. » (Trad :
Charlotte Fromenteaud)